Provincia violenta
Autres titres:
Real: Mario Bianchi
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: polizeso
Durée: 76mn
Acteurs: Lino Caruana, Antonella Dogan, Alicia Leoni, Spartaco Battisti, Al Cliver, Richard Harrison, Simonetta Marini, Daniela Codini, John Benedy, Saverio Mosca, Nicola Monteaperto, Raffaele Ponziano, Angelo Meconizzi, Sergio Testori, Debora Gentile, Guia Lauri Filzi...
Résumé: Le carabinier Sereni se voit contraint de démissionner de son poste suite à ce que son supérieur considère comme une faute professionnelle: il a tué un malfaiteur en fuite. Sereni, très affecté par cette décision, va tout de même accepter par amitié pour une amie prostituée d'enquêter sur un réseau mafieux de trafiquants de drogue et mis également de photos compromettantes dont une redoutable femme, Flavia, serait responsable...
Afin de peut être comprendre la raison pour laquelle Provincia violenta fait partie des pires polizeschi que l'Italie nous ait offert il est utile de revenir sur la genèse du film. L'idée de départ revient à l'acteur Lino Caruana, un ami proche de Mario Bianchi, qui un jour décida de produire et réaliser un polar après voir réussi à obtenir une somme d'argent dérisoire. Caruana parvint à tourner quelques scènes mais face à l'échec de l'entreprise il fit appel à Bianchi afin qu'il vienne à son aide. Bianchi accepta par amitié et termina le film comme il put tout en essayant de sauver ce qui avait été déjà tourné. Ainsi naquit Provincia violenta qui malgré son titre n'a aucun lien ou même quelconques similitudes avec les Roma, Torino et autres Napoli violenta. Loin de là!
Provincia violenta nous narre la vendetta d'un ex-petit policier qui suite à une faute professionnelle (il tua des malfaiteurs en fuite!!) se voit contraint de démissionner. Pour aider une amie prostituée, il décide de reprendre du service plus ou moins officieusement afin d'enquêter sur une affaire de photos compromettantes et démanteler un gang mafieux de trafiquants de drogue. Il est d'autant plus convaincu par sa démarche qu'il trouve abject que la police laisse courir des voyous sous de futiles prétextes. Maurizio Merli, Tomas Milian, Luc Merenda, Franco Gasparri, Fabio Testi... autant d'acteurs de renom qui ont incarné à l'écran des flics déterminés qui ont mené leur combat personnel contre la délinquance et la violence urbaine, tous à leur manière, chacun ayant sa propre personnalité. Puis arriva Lino Caruana, un comédien napolitain qui débuta dans le western spaghetti. Etait né l'ex-inspecteur Sereni, très certainement le pire policier que le genre ait un jour connu.
Monocorde, aussi inexpressif qu'une statue de cire et mollasson qu'un spaghetti trop cuit, un comble pour quelqu'un qui fut champion d'arts martiaux, Sereni tient plus de carabinier pantouflard qu'un imagine fumer sa cigarette, indolent, tout en lisant la gazette du jour, rivé sur la page sport, son petit café fumant à ses cotés! En quelques secondes seulement il ruine un scénario déjà bien peu efficace qui fera hurler de rire 90 minutes durant. L'ouverture était pourtant alléchante mais ne fait malheureusement effet que deux minutes, un concentré de poursuites, de morts violentes et d'enlèvements dans le plus pur style du polizesco. Puis arrive Sereni, un croisé entre Jean Rochefort et Charles Bronson, l'illusion prend fin et laisse place à un fou rire incontrôlable. Obligé de démissionner, Sereni, allongé sur son lit, la moustache en berne, l'oeil humide, revoit tous les actes de bravoure qu'il a commis durant sa jolie carrière. Faux combats aussi mal réglés que dans un navet asiatique sans envergure dans la grande tradition des "Ninja", poursuites en voiture en accéléré dignes d'un épisode de Benny Hill, mimiques absurdes et dialogues lénifiants de bêtise, Bianchi ne nous épargne rien. En l'espace de quelques minutes seulement on s'enlise dans la série Z puissance 10 ce qu'au final est Provincia violenta. L'enquête escargot menée par Sereni ne changera pas la donne. Le film tourne au ralenti, Bianchi accumule les clichés et les stéréotypes les plus énormes, donne dans le comique involontaire.
Tous les ingrédients du polar à l'italienne sont présents, photos compromettantes, trafic de drogue, prostitution, policiers corrompus, femmes de politiciens véreux... mais si mal agencés que le film finit par perdre le peu de crédibilité qu'il avait au départ si jamais il en eut une once. Comment ne pas être en effet hilare face à certaines scènes d'anthologie comme celle où assis comme pour un leçon de catéchisme le Boss donne les ordres à ses hommes, une scène de nuit tournée en... plein jour (!), l'agression inénarrable dans le cimetière, la chanson d'amour la plus ridicule jamais chantée ou plutôt murmurée dans une discothèque à moitié vide totalement amorphe ou certaines phrases d'une bêtise abyssale telle cette petite perle trash, cette terrible révélation qu'une voix off doucereuse nous fait: "ils organisent des orgies à base de sadisme" imagée par un malheureux figurant barbu étranglant mollement sur son lit une donzelle à l'air béat!
Si les explications fournies ne sont pas toujours très claires on abandonne de toutes façons très vite tant on se sent peu concerné par cette histoire hilarante, caricaturale, mal jouée, mal interprétée, mal dirigé, qui prend des allures de pastiche involontaire fauché. Les jours de bonne humeur on trouvera le courage d'aller jusqu'au bout du récit, les jours beaucoup plus maussades, on sombrera dans une douce torpeur quand on n'utilisera pas la touche avance rapide de sa télécommande. Aucun des personnages ne retient l'attention surtout pas Sereni si ce n'est pour ses pantalons de costume pattes d'eph' et ses bottines à semelles compensées (!!!!) très années 70. Même la présence de Al Cliver en policier barbu corrompu
et celle de Richard Harrison, égal à lui même, en boss mafieux, laisseront cette fois indifférent. L'apparition non créditée de la future diva du Hardcore italien, Guia Lauri Filzi, d'énormes auréoles sous les aisselles, est une petite curiosité pour l'amateur endurci. Une chose est certaine: Provincia violenta détient un record, celui d'avoir rassembler le plus grand nombre de mines patibulaires dans l'histoire du polar italien! La musique assez discrète de Stelvio Cipriani est quant à elle allégrement pompée sur Cani arrabbiati de Mario Bava.
Plus qu'un polizesco, Provincia violenta est avant tout un diamant de série Z absolu qu'il faut considérer comme tel pour un tant soit peu pouvoir l'apprécier. Les plus tolérants pourront de leur coté y voir une comédie parodique policière dénuée de tout sérieux. En fait Provincia violenta pourrait être au polizesco ce que Le manoir de la terreur est au film d'horreur.