Maniaco Deprebis

Sesso allegro fait partie de la petite liste de films hardcore que tourna le vétéran du western spaghetti Mario Siciliano dés le début des années 80 avant de mettre un terme définitif à sa carrière en 1984 avec une série Z d'aventures de bien piètre mémoire, Rolf. On lui doit en effet quelques fleurons du genre dont un des points communs est cet humour souvent débridé qu'il tentait de leur insuffler rappelant par bien des égards le ton de la sexy comédie. Sesso allegro ne fait pas exception à la règle.

Il ne faut guère chercher de logique ou de cohérence au scénario parfaitement ridicule et improbable. Il n'est qu'un joli prétexte à multiplier de longues scènes de sexe tout aussi improbables mais plein d'entrain, donnant ainsi au titre tout son sens. Trois hommes se sont évadés de prison. La radio locale demande aux femmes de faire particulièrement attention car ils sont après un aussi long séjour à l'ombre affamés de sexe. Cachés dans un hangar à bateaux, ils forcent une vieille femme à dire à sa patronne, une bourgeoise, de venir leur apporter à manger. Très excitée, elle arrive au hangar et sans hésiter s'offre à l'un d'entre eux, vite rejointe par deux filles de passage. Parallèlement, on suit les déboires sexuels d'Elisa dont le mari adore jouer les cadavres pour mieux faire l'amour sur son lit funéraire. Elle lui paie donc trois prostituées recrutées avec soin pour qu'il réalise son fantasme. Finalement, tout ce beau monde se retrouvera au hangar pour une immense et joyeuse orgie. On apprend alors que les trois hommes ne sont en rien des fugitifs. Ils ont monté de toutes pièces cette farce avec l'aide d'un complice planqué dans un camion-radio afin de se faire le plus de femmes possible. Objectif atteint!

Outre son scénario farfelu, Sesso allegro devient vite amusant de par son montage parfois étrange et bien maladroit par instant. On remarquera vite quelques erreurs qui loin d'être gênantes renforcent l'aspect grotesque de l'ensemble. Parmi elles, le changement de Guia Lauri Filzi qui ne porte plus les mêmes vêtements lorsqu'elle ressort du hangar et ces scènes supposées être filmées sur un bateau à l'intérieur du garage mais semblent être tournées dehors en plein soleil pour mieux retourner ensuite à l'ombre du hangar. Allègre, le ton l'est notamment par les éléments empruntés à la sexy comédie: la farce en elle même

imaginée par les trois roublards, les trois femmes qui après s'être livrées aux plaisirs du sexe se couvrent la tête d'un foulard pour aller prier à l'église, les différents cat-fights qui ici se terminent en orgie saphique, certaines situations qui virent au comique mais également le fantasme particulièrement morbide du mari qui ne peut faire l'amour que dans la peau d'un cadavre allongé sur son lit de mort. Le temps d'un instant, on retrouve le coté macabre de Carnalità morbosa et cette tendance du cinéma italien y compris pornographique à inclure dans ses scénarii des composantes funestes, source de cet érotisme morbide typique du cinéma transalpin. Soyez sûr que notre cadavre ne restera pas de glace face à l'assaut des trois catins déguisées en veuves éplorées, son cierge tout aussi brûlant que ceux qui entourent sa couche.

L'ambiance est gaie, les acteurs s'amusent et on le ressent, les scènes de sexe sont toute agréables et elles aussi fort joyeuses, joliment filmées mais malheureusement fort mal doublées puisque toutes accompagnées de bruits et autres cris incongrus placés sur la bande son. On y retrouve pour notre plus grand plaisir toutes les stars du hardcore transalpin d'alors, la diva Guia Lauri Filzi en tête aux cotés de Paolo Gramignano, Giuseppe Curia et Brunello Chiodetti dans la peau des faux évadés, Marina Frajese Lotar toujours aussi offerte et généreuse, la lolita Sabrina Mastrolorenzi qui étrangement ici semble quelque peu maladroite, Sandy Samuel, Mara Bronzoni et Erminio Bianchi Fasani qui joue quant à lui le mari nécrophile.
Rythmé par une musique toute guillerette, Sesso allegro est un X très sympathique et fort agréable, amusant, qui honore parfaitement son titre: allègre!