KZ9 Lager di sterminio
Autres titres: KZ9 camp d'extermination / Women's camp 119 / SS extermination camp /
Réal: Bruno Mattei
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Naziploitation
Durée: 103mn
Acteurs: Ivano Staccioli, Lorraine De Selle, Sonia Viviani, Ria De Simone, Marina D'Aunia, Gabriele Carrara, Monica Nickel, Nello Rivié, Giovanni Attanasio, Gotha Kopert, Eva Hutzar, Titi Benvenuto, Guia Laura Filzi...
Résumé: Un groupe de déportées juives est emmené dans le camp polonais de Rausenhausen où elles vont connaitre tortures et humiliations de la part d'officiers SS sans pitié et de médecins qui font des expérimentations sur des cobayes humains afin de prouver les théories du Fürher. L'une des détenues, Maria, va être forcée d'assister un des médecins du camp, lui même prisonnier. Révoltés par l'horreur des expériences pratiquées sur les détenues et le sadisme des officiers SS et des kapos, le docteur et Maria vont tenter de fuir...
Première incursion de Bruno Mattei dans un des filons les plus décriés du cinéma d'exploitation, le nazisploitation ou eros svatiska, avant l'infâme mais si drôle Maisons privées pour SS Bruno Mattei KZ9 camp d'extermination fait sans nul doute partie des meilleurs films du genre, un des plus représentatif aux cotés de ceux de Sergio Garrone (Horreurs nazies, SS camp 5 enfer de femmes) et de Rino Di Dilvestro (Les déportées de la section spéciale SS) et l'un des plus misogyne également puisque rarement la femme avait été aussi humiliée, rabaissée et suppliciée dans un éros svatiska. Avec KZ9 Mattei nous offre un des plus efficaces nazisploitation, dans ce cas sadico-svatiska serait bien plus juste, qui se veut une sorte de témoignage anonyme des horreurs pratiquées dans les camps d'extermination sur les femmes et les expérimentions faites sur la mort basées sur les abominations du tristement célèbre Dr Mengele. Mattei s'est avant tout intéressé à l'authenticité des faits, à la véracité du scénario, en se basant sur des faits réels qu'il éplucha dans bon nombre de documents d'époque.
C'est la raison pour laquelle il inséra également en fin de bande les photos des principaux criminels de guerre. Une erreur reconnaitra t-il plus tard puisqu'elles furent retirées par la suite du métrage final puis réintégrées par la suite. La principale erreur du réalisateur est peut être ailleurs. C'est d'avoir tout simplement cru qu'avec si peu de moyens et en utilisant comme messager ce type de cinéma il pouvait avoir un discours porteur et surtout réaliste. KZ9 camp d'extermination n'est jamais qu'un pur film d'exploitation particulièrement nauséabond qui sous couvert d'une pseudo-vérité nous transporte sur fond d'images jaunies dans un hypothétique camp de la mort polonais. Dés l'ouverture du film Mattei annonce le ton. Il instaure dés les premières images une atmosphère de tristesse générale, maladive, désespérée, créant très vite un sentiment de
profond malaise renforcé par une photographie sale et une partition musicale aux tonalités aussi mélancoliques que dramatiques signée Alessandro Alessandroni. A l'instar de Di Silvestro, Mattei tente plus ou moins bien de mettre en images la vie au quotidien de ces prisonnières au regard vide qui très vite subiront humiliations, dressages et viols bestiaux dont certains commis par de dangereux malades mentaux. Elles ne sont plus qu'une meute d'animaux, une expression reprise par Lorraine De Selle elle même lors d'une des très rares interviews qu'elle accepta de donner, des jouets de chair entre les mains d'officiers
sadiques et pervers. KZ9 se transforme rapidement en une succession d'atrocités, de tortures en tout genre toutes plus raffinées les unes que les autres sous l'oeil de cruelles kapo lesbiennes. Mattei pousse le mauvais gout jusqu'à filmer l'intérieur des chambres à gaz dans lesquelles les suppliciées agonisent, prises dans un premier temps de soubresauts convulsifs avant de se couvrir de leurs excréments et vomissures. Cette séquence particulièrement dérangeante d'une étonnante audace, preuve une fois de plus que le cinéma d'exploitation italien tentait de repousser toujours plus loin les limites du supportable et de l'amoralité dans une ambiance cyniquement ludique, sera
reprise à sa manière par Sergio Garrone qui de son coté plongeait sa caméra à l'intérieur d'un four crématoire où brûlaient les détenues de Horreurs nazies et SS camp 5: enfer de femmes.
KZ9 camp d'extermination contient également son lot d'effets sanglants lors notamment des expérimentations auxquelles se livrent les SS sur leurs victimes. Au menu on ainsi droit à la vision d'un cadavre au vagin éclaté, un utérus béant, des seins arrachés, des membres gangrénés. A ces réjouissance gore Mattei y ajoute une once de nécrophilie. Suivant la théorie d'Hitler comme quoi la stimulation sexuelle pourrait réveiller un mort, deux prostituées (interprétées par la pornocrate Monica Nickel et la blonde Titti Benvenuto) sur l'ordre des docteurs SS sont obligées de faire l'amour à un cadavre. Si deux d'entre elles échoueront, la troisième, incarnée cette fois par une toute jeune et encore inconnue Guia Lauri Filzi, future diva du porno italien, réussira à le ramener à la vie. Mattei traite également des expériences faites sur les homosexuels (représentés une fois de plus par deux folasses) considérés comme de grands malades. Afin de les guérir et d'en faire de parfaits hétérosexuels on les accouple à deux prostituées chargées d'en faire de vrais hommes. Tout échec sera bien évidemment puni par la mort.
Une phrase prononcée par un des officiers SS pourrait résumer à elle seule le film: Ne faire preuve d'aucune humanité! Mattei l'a tout simplement mis en pratique et semble avoir réussi se permettant même un no happy end qui laissera un goût amer au fond de la gorge. Toutes les détenues seront fusillées ou pendues après qu'elles aient fièrement entonné en choeur un chant juif, le fameux Israël. Un final particulièrement dur et émouvant qui se clôturera par le massacre des officiers et des kapos, abattus de sang froid par le commandant Wieckler, devenu fou, tandis que résonne au loin le tonnerre des bombardements ennemis. Seule la kapo en chef réchappera à ce carnage qui aboutira sur
un ultime rebondissement plutôt inattendu un brin moraliste. Entièrement tourné dans les anciens abattoirs de Testaccio à Rome (seule l'évasion du docteur et de son assistante fut filmée dans le parc de Treja), KZ9 camp d'extermination est dominé par une distribution d'acteurs convaincants même si parfois ils donnent dans le surjeu. En tête d'affiche masculine, on retrouve avec un grand plaisir le patibulaire et toujours excellent Ivano Staccioli, parfait en officier SS sadique, Gabriele Carrara surnommé le Malcolm Mc Dowell italien pour ses mimiques calquées sur celle d'Alex dans Orange mécanique, Nello Riviè, l'effrayant Giovanni Attanasio, éternel second rôle du cinéma Bis, dans la peau d'un maniaque dément libidineux et déchainé. A leurs cotés toute une armada de starlettes formidablement maltraitées dont parmi les plus
reconnaissables Marina D'Aunia, déjà présente dans Maisons privées, l'énigmatique Gota Gobert, la plantureuse Ria De Simone, Eva Hutzar, toutes trois dans l'uniforme de kapos intransigeantes, près desquelles la douceur féminine de Lorraine De Selle qui endosse de force la blouse de l'assistante du docteur et la tendre Sonia Viviani alors au summum de sa beauté qui garde du film un très mauvais souvenir tranche nettement.
Tentative avortée de cinéma d'exploitation réaliste, KZ9 camp d'extermination s'il rate son objectif et reste à l'instar des autres films de ce type un spectacle particulièrement morbide aussi dérangeant que racoleur n'en est pas moins un des meilleurs éros svastika, un des plus brutal, que tout amateur saura apprécier à sa juste valeur. Le film de Mattei contrairement à ses Maisons privées pour SS que le cinéaste considère comme une farce érotique reste un incontournable pilier du nazisploitation, un monument de mauvais goût et de sadisme brut, par conséquent de plaisir coupable, pour inconditionnels d'érotisme glauque sur fond de camp de la mort.