La locanda della maladolescenza
Autres titres: The inn of evil adolescence / Posada de la maledicienca / Das Gasthaus zur Wollust
Réal: Bruno Gaburro
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Drame / Erotique
Durée: 87mn
Acteurs: Paola Montenero, Guia Lauri Filzi, Carlo De Mejo, Marcella Petrelli, Andrea Aureli, Spartaco Battisti, Maria Cafiero, Alessandra Marino, Erminio Fasani Bianchi, Giuseppe Curia...
Résumé: Laura est une adolescente qui à la mort de ses parents se retrouve orpheline. Elle est recueillie par une étrange aubergiste, Marta. Ce qu'ignore Laura c'est que cette auberge est en fait une maison de passe. La jeune fille va être soumise aux pires humiliations sexuelles et aux désirs abjects des clients. Un jour, un homme arrive à l'auberge. En fait il s'agit de son frère. Il se fait passer pour un client et va tenter de la délivrer des griffes de l'aubergiste...
Obscur film d'exploitation signé par un tout aussi obscur Marco Sole, pseudonyme derrière lequel se cache en fait le réalisateur Bruno Gaburro alors en fin de carrière, La locanda della maladolescenza dont le titre original devait être Statale 45 n'est qu'un petit hardcore tourné avec très peu de moyens dans lequel surnagent quelques séquences qui font effet l'espace de quelques minutes. Voilà qui est bien peu pour ce mélodrame pornographique qui mélange de façon guillerette des thèmes aussi disparates que mal exploités.
On suit les aventures de la malheureuse Laura, une adolescente apparemment employée dans une auberge tenue par une jeune et belle maquerelle mariée à un vieux grabataire cloué dans une chaise roulante. Devenue son esclave sexuelle, elle offre Laura à ses clients afin qu'il réalise leurs fantasmes les plus pervers. C'est alors que son frère parti à sa recherche la retrouve et finira par la libérer après s'être fait passer pour un client.
Inutile de chercher une quelconque vraisemblance dans ce scénario minimaliste qui se contente d'exploiter uniquement l'aspect sexuel de l'histoire. Qui, comment, pourquoi, on se posera encore longtemps la question même si le spectateur aura assez vite abandonné l'idée du détail pris d'une lassitude bien compréhensive. Souffrant d'une mise en scène peu
originale et surtout trop indigente, tourné dans des décors étriqués certes visuellement attrayants mais qui trahissent le manque de moyens, La locanda della malodolescenza, tourné aux abords du lac de Bracciano, ne se rattrape guère sur ses longues séquences hardcore qui ne s'élèvent jamais plus haut qu'un simple X traditionnel. Si on excepte la présence de la pionnière du X transalpin Guia Lauri Filzi, putain bourgeoise masquée d'un loup, les malheureuses figurantes dont la blonde Maria Cafiero semblent issues d'un club de strip-tease de quartier. Reste la beauté nubile de l'actrice principale, l'inexpressive Marcella Petrelli, censée interprétée notre adolescente, pour offrir quelques moments de rêve à ses admirateurs. Ex-choriste du duo Gepy et Gepy, future starlette de l'érotisme osé à
l'italienne, elle sera notamment la zoophile Cléopatre dans Les nuits chaudes de Cléopatre et la très désinhibée Nathalie dans Perverse et sensuelle Nathalie, Marcella habituée à ce type de rôle fait illusion et sa facilité à se dénuder et s'exposer nue est ici un bel atout. Gaburro nous détaille son anatomie la plus intime lors de séquences en solo, duo ou même trio souvent très audacieuses qui aujourd'hui font encore polémique. Marcella aurait eu recours à une doublure pour ces scènes mais le doute subsiste au vu du résultat. Si les plans de pénétration lors de ses ébats avec Guia Lauri et Giuseppe Curia ont certainement nécessité l'utilisation d'une doublure, il est clair qu'il s'agit bel et bien de la jeune comédienne lors de toutes les autres séquences érotiques aux limites du hardcore.
Si l'idée de départ était fort intéressante, une adolescente orpheline transformée en esclave sexuelle retenue prisonnière par une maquerelle perverse qui l'offre à des bourgeois lubriques sadomasochistes, Gaburro mélange malheureusement les thèmes de façon trop anarchique pensant sans doute donner à son film une aura sulfureuse. C'est malheureusement l'hilarité qui l'emporte tant cela est parfois grotesque et mal agencé. Lorsque notre pauvre héroïne est soumise aux caprices d'un quinquagénaire déguisé en nazi qui la cravache et la chevauche en s'époumonant afin d'imiter le Fürher on se croirait définitivement au coeur d'une oeuvre érotique d'une quelconque production Eurociné ou de certains nazisploitations de très bas niveau (Maisons privées pour SS). C'est d'autant plus dommage que cela donnait au film un coté particulièrement malsain fort bienvenu à l'image même du final qui nous propulse au coeur d'une sorte de célébration sadomasochiste carnavalesque trop chétive pour réellement fonctionner.
Si certaines idées même mal exploitées étaient cependant bonnes certains personnages auraient quant à eux mérité d'être mieux cernés. Le vieux mari grabataire, excellent Andrea Aureli, cloué sur une chaise roulante, amoureux fou de Laura et souffre-douleur de sa jeune épouse perverse et sans scrupules, a quelque chose d'inquiétant, une sorte d'aura angoissante qui aurait dû être beaucoup mieux utilisée d'autant plus qu'une partie des séquences où il apparait se confondent entre rêve et réalité. Là encore, par une maladresse sidérante Gaburro rate son effet qui fait retomber à plat ce qui pouvait conférer au film une certaine dimension onirique. Cette étrange relation qui le lie à cette femme qui pourrait être sa fille méritait elle aussi d'être un peu plus détaillée.
Reste la présence de Paola Montenero, troublante, qui reprend le look androgyne qu'elle arborait déjà dans Emanuelle et Johanna, dans la peau de cette maquerelle froide et cruelle, outrageusement maquillée. Sombre, ténébreuse, certes mais ce qui est particulièrement triste c'est de retrouver Paola de plus en plus amaigrie, son corps ayant perdu une grande part de sa beauté faute à ses addictions aux drogues dures. Ce sont ici ses premiers pas vers le hardcore juste avant Dolce gola, son chant du cygne, ultime étape de sa lente et très longue descente aux enfers. C'est peut être là que réside tout l'aspect tragique du film dont une des scènes les plus marquantes reste le rasage intégrale du pubis de Paola.
A ses cotés outre Guia Lauri Filzi et Marcella Petrelli, on reconnaîtra un Carlo De Mejo plus monolithique et absent que jamais qui atteint des sommets de ridicule lors du rebondissement final très mal amené.
Pour excuser cet échec on pointera du doigt le fait que le scénario original inspiré d'une histoire vraie fut manié et remanié à tel point que quasiment plus rien ne subsiste du récit de départ. En l'état La locanda della maladolescenza, agrémenté d'une partition musicale trop souvent hideuse, se laisse néanmoins visionner ne serait ce que pour la présence de Marcella, la noirceur du personnage de Paola Montenero, l'atmosphère étrange de certaines séquences et bien entendu les scènes érotiques et pornographiques qui fourmillent tout au long de ces 87 minutes. Voilà une petite curiosité érotico-morbide de fin de parcours aujourd'hui très difficile à visionner notamment dans sa version intégrale qui devrait amuser sinon plaire à tous les amoureux de cinéma d'exploitation en quête de raretés.