Karin Well: la plus parfaite des doublures
Actrice fétiche de Sergio Bergonzelli et Mario Siciliano, son nom est surtout et avant tout associé à toute une série de films érotiques parfois fort audacieux dans lesquels elle n'hésita jamais à se déshabiller pour mieux exposer sous l'oeil malicieux de la caméra son corps de nymphette aux courbes parfaites. Si elle appartient à la longue liste des sexy starlettes du cinéma de genre transalpin des années 70, la blonde comédienne facilement reconnaissable à la mouche qui ornait joliment son coquin minois n'a pourtant pas réellement su trouver sa place ni même égaler certaines de ses jeunes consoeurs déjà brillamment installées. Si tous les amateurs de cinéma Bis reconnaitront son nom de scène à consonance très anglo-saxonne, on sait malheureusement bien peu de choses sur elle. C'est une fois de plus avec un plaisir non dissimulé que Le Maniaco va donc tenter de faire revivre l'impétueuse... Karin Well.
Karin Well de son véritable nom Wilma Truccolo est née le 24 mai 1951 à Pordenone d'une mère française et d'un père italien. La petite Karin grandit à Lorena où elle apprend la danse classique avant de s'inscrire à l'université. C'est à cette période qu'elle commence à fréquenter les agences de mannequins. Modèle à ses heures perdues, Karin, jeune fille plutôt timide lorsqu'il s'agissait de se déshabiller se souvient un des photographes pour qui il travailla, a 21 ans lorsqu'elle débute sa carrière de comédienne en dévoilant ses charmes nubiles aux cotés entre autres de Franca Gonella dans la décamérotique au rabais de Enrico Bomba L'Aretino nei suoi ragionamenti sulle cortigiane, le maritate e i cornuti contenti qu'il réalisa en 1972. Elle y interprète une des trois filles de la matrone Marisa Traversi. La même année elle est à l'affiche du western de Mario Bianchi Mi chiamavano Requiescat... ma avevano sbagliato / Requiem pour un tueur.
Il faudra attendre deux ans pour que le cinéaste Sergio Bergonzelli dont elle deviendra l'actrice fétiche lui confie pour la première fois de sa carrière le rôle principal d'un film. C'est ainsi qu'en 1975 elle devient Monica, la jeune protagoniste de La cognatina / Voluptés érotiques / Elles en veulent, une comédie polissonne écrite par Piero Regnoli à qui on doit les succès de Gloria Guida. La brune Wilma devenue la blonde Karin Well fait ainsi son entrée
dans la liste déjà imposante des lolita si chères à un certain cinéma coquin italien. Aussi malicieuse
que désinhibée, Karin y interprète une adolescente en proie aux premiers frissons de la sexualité donnant bien du fil à retordre à sa plantureuse tante avec qui elle
entretient une relation équivoque tout en fantasmant sur l'équipe de foot locale. Karin, aussi enflammée qu'inflammable, nous offre pour l'occasion une superbe scène de masturbation dans une grange alors qu'elle épie l'homme à tout faire. On la retrouve ensuite toujours aussi aguicheuse à l'affiche d'une autre sexy comédie, Quella provincia maliziosa, de Gianfranco Baldanello dans laquelle elle fait tourner la tête de Gianluigi Chirizzi qui la même année avait déjà succombé aux charmes de Gloria Guida dans La lycéenne découvre l'amour et Couples impudiques. Si Karin marche sur les traces de Gloria elle ne parviendra pourtant pas à s'imposer nouvelle star du genre. la concurrence est rude et les places sont chères. N'est pas lolita qui veut.
C'est donc dans une toute autre branche que Karin va acquérir une certaine notoriété en Italie. C'est en effet en 1975 qu'elle devient la doublure officielle de la diva Raffaella Cara, une des stars les plus adulée d'alors au pays de Dante, celle que certains aiment aujourd'hui surnommée parfois la Madonna italienne. Ainsi toutes les fois où Raffaella est censée se dévêtir et apparaitre plus ou moins nue, c'est en fait Karin qui lui prête son corps et ses jambes. Si Karin entretient sa ressemblance physique avec Raffaella, cela ne l'empêche pas de continuer à multiplier ses apparitions au grand écran et c'est dans l'érotisme qu'elle va se spécialiser. Elle est au générique de Delirio d'amore et Pasion de Tonino Ricci mais c'est pour Bergonzelli qu'elle va consacrer une bonne partie de sa carrière puisqu'elle tournera pas moins de six films pour le réalisateur.
Outre La cognatina, Karin est à l'affiche de Taxi love servizio signora aux cotés de Malisa Longo et Marisa Mell, et To Hamogelo tis Pythias, une coproduction grecque. Elle est l'héroïne d'un des fleurons de l'euro-trash d'alors Porco mondo aux cotés cette fois de Carlo De Mejo,Alida Valli et Barbara Rey puis elle enchaine avec La mondana nuda / Voulez vous mon corps, premier film à caractères pornographiques du cinéaste, dans lequel elle donne cette fois la réplique à Richard Harrison et Malisa Longo et l'énigmatique Porno erotico western, un western érotique avec Rosemarie Lindt et Gordon Mitchell dont il existerait une version X, en fait des inserts tournés après la réalisation du film qui remonterait à quelques années auparavant. De nouvelles séquences y auraient été également rajoutées tournées avec de nouveaux acteurs dont Karin.
Beaucoup de scènes aux limites du hardcore qu'auraient tourné Karin tout au long de sa carrière ont été parfois sujettes à controverse. Si l'actrice est souvent apparue nue, elle n'a cependant jamais tourné de scènes pornographiques. Toutes les scènes incriminées avaient recours à une doublure ou n'étaient que de simples inserts. Karin s'est juste contentée comme bon nombre de ses consoeurs d'apparaitre nue tout en se limitant à un érotisme parfois cru. Si ceci est valable pour les films qu'elle fit pour Bergonzelli, c'est également valable pour ceux qu'elle tourna pour Mario Siciliano, son deuxième réalisateur fétiche. Elle est l'héroïne de Porno lui erotica lei dans lequel elle donne la réplique à quelques une des stars du hardcore transalpin d'alors tels que Mark Shanon, Paolo Gramignano, Pino Curia et Guia Lauri Filzi qu'elle va tous séduire. Les sens exaltés,
Karin alors fiancée au présentateur de télévision Silvio Noto se livre là encore à une petite scène de masturbation et se laisse aller à quelques ébats saphiques avec Sandy Samuel. Elle est la nièce de George Ardisson dans le tout aussi coquin Erotic family / Veuve infidèle mais elle est également à l'affiche de trois films d'action du réalisateur: Ecorchés vifs avec Bryan Rostron dont elle joue la petite amie le temps de quelques trop brèves apparitions, Bye Bye darling avec Lee Van Cleef et surtout Polizia selvaggia, un polizesco de Guido Zurli coproduit avec la Turquie où, prise en otage par Tarik Akan qui va la brutaliser et tenter de la violer, elle finira une balle dans la tête. Toujours dans le domaine de l'érotisme il nous faut citer un des plus curieux fleurons de l'euro-trash dans ce domaine bien précis, le sulfureux Symphonie of love / Eros perversion de Derek Ford dans lequel elle interprète une musicienne d'orchestre symphonique qui enflamme les sens de Enzo Monteduro. Karin est aussi une des héroïnes de la sexy comédie de Giorgio Mille, La zia di Monica, dans lequel, toujours aussi dévergondée, elle met cette fois tout feu tout flamme Gianni Dei.
Si en 1981 Karin fait un détour par la case horreur sanglante en apparaissant dans l'inénarrable Manoir de la terreur de Andrea Bianchi où elle retrouve son ancien partenaire Gianluigi Chirizzi dont elle est une fois de plus la petite amie, la blonde comédienne va se faire de plus en rare. On la voit encore en 1983 auprès de Danilo Mattei, Al Cliver et Antonio Cipriano dans I briganti puis dans La monaca del peccato / On l'appelle soeur Désir de Joe D'Amato en 1986. Ce sera là son ultime véritable rôle, celui de soeur Teresa, une nonne perfide et mauvaise qui cherche à évincer la fade Eva Grimaldi. En effet si Karin apparait en 1988 dans Faida puis en 1989 dans le film d'action de Jess Franco, Esmeralda bay, il ne s'agit que de simples figurations proches du caméo. Après quelques dix-huit années de bons et loyaux services alors que le cinéma de genre est bel et bien moribond, Karin, la quarantaine approchante, met un terme à sa carrière pour redevenir tout simplement Wilma Trucculo.
Depuis Karin semble s'être évaporée de la surface de la planète. Si certains ont bel et bien tenté de la retrouver, ce fut sans succès même si une rumeur voudrait que la Belle se soit exilée aux USA et s'adonnerait à une autre passion, le sport dont le marathon. La rumeur ne fut pas confirmée et Karin reste à ce jour introuvable. Une chose est sûre, ses admirateurs ne l'ont pas oubliée. Même si elle n'a pas égalé sur le sommet des podium certaines de ses consoeurs, si Karin n'a peut être pas eu la carrière qu'elle aurait mérité, trop souvent cantonnée dans des rôles érotiques qui ne surent pas mettre en avant ses talents de comédienne, elle restera cependant une des nombreuses sexy starlettes italiennes qui firent les beaux jours du cinéma Bis transalpin, nourrissant les fantasmes les plus secrets de l'insatiable spectateur. Karin ne te saluons.