No alla violenza
Autres titres: Death hunt
Real: Tano Cimarosa
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 91mn
Acteurs: Al Cliver, Tano Cimarosa, Paola Quattrini, Guia Lauri Filzi, Zaira Zoccheddu, Ninetto Davoli, Federico Boido, Martine Carell, Massimo Mollica, Uccio Golino, Gianni Cimarosa, Nino Lotta, Tony Raccosta, Nico Dei Gabbiani...
Résumé: Une bande de jeunes délinquants sèment la terreur dans une ville de Sicile. Ils tuent et massacrent par simple plaisir. Suite à un hold-up, ils sont repérés. L'inspecteur Moretti dont l'épouse est enceinte se lance à leur poursuite. Il parvient à en arrêter certains mais le reste de la bande, sous les ordres de Corsi, un dangereux gangster, continue de piller, violer et tuer. Lors d'une course-poursuite, ils écrasent une petite fille. Son père, fou de douleur, jure de retrouver les assassins de son enfant afin de les tuer un à un. parallèlement à la police, il mène son enquête. Il parvient à les localiser. sa vengeance sera sans appel...
Après un giallo mollasson et peu convaincant voire par instant ridicule, Il vizio ha le calze nere, et un Uomini senza parola dispensable, l'acteur Tano Cimarosa donne cette fois dans le polizesco napolitain avec No alla violenza, son second film dans l'ordre chronologique en tant que réalisateur (même si Mauro Pinzauti fut responsable de la majeure partie du tournage) et très certainement son plus intéressant. Entièrement tourné à Messina et dans ses alentours, No alla violenza est le seul polar sicilien du cinéma de genre italien dans lequel n'apparait pas la mafia. Voilà bien une originalité puisque le film en lui même ne fait que reprendre un des grands thèmes du polizesco à savoir la violence engendre la violence et l'auto-justice qui elle même a toujours un effet boomerang. La violence ne résout rien et se retourne toujours contre ceux qui l'utilisent même à bon escient.
Afin de le démontrer, Cimarosa n'y va pas avec le dos de la cuiller. No alla violenza fait sûrement partie des films les plus violents du genre puisque s'enchainent durant quasiment 90 minutes viols brutaux, meurtres, passages à tabac, tortures, courses-poursuites... le plus souvent totalement gratuits et tournés de manière méchamment complaisante. Le film de Cimarosa rejoint donc facilement des oeuvres nauséeuses mais parfaitement jouissives telles que I violenti di Roma bene et I ragazzi della Roma violenta pour sa violence exacerbée, sa gratuité et sa jeunesse délinquante à la différence près qu'elle n'appartient pas ici à la classe dorée.
Une bande de jeunes voyous sèment la terreur. Ils volent, pillent, violent, tuent sans merci. L'inspecteur Moretti se chargent de les retrouver et mettre ainsi fin à leurs exactions. S'ils parvient à en arrêter certains, le reste de la bande obéit en fait à un dangereux criminel nommé Corsi, La fiancée de Moretti est attaquée puis le témoin d'un hold-up est tué après avoir été kidnappé. En fuite, le gang tue par accident une petite fille. Son père, fou de douleur, va tout mettre en oeuvre pour retrouver les voyous et leur chef afin de faire lui même justice.
Le titre est bien entendu d'une pure hypocrisie comme l'est le cinéma d'exploitation de façon
générale. Il se donne des airs sociaux et bienveillants, pleure sur les brutalités et la barbarie dont son pays est victime mais il utilise cette violence, cette cruauté avec un cynisme effronté d'une part à des fins commerciales, d'autre part pour assouvir les instincts les plus vils de son public, voyeur et pervers... et notre propre plaisir coupable. Autant dire que No alla violenza tient ses promesses et offre au spectateur un joli catalogue de sadisme en tout genre tout en amplifiant au maximum les défauts inhérents au genre. On a d'un coté une bande de malfrats démunis de toute humanité dont le seul plaisir est de massacrer le peuple, d'un autre coté un justicier implacable, un bon et honnête citoyen ivre de vengeance
transformé en machine à tuer, un inspecteur prêt à tout pour éradiquer les voyous et enfin un Boss impitoyable. Cimarosa mélange le tout et offre ainsi à son public un film hallucinant, brutal, un véritable coup de poing dans lequel il ne faut chercher aucune véritable logique. Les situations sont bien souvent improbables, les dialogues bien peu convaincants et parfois risibles, les réactions des personnages régulièrement incohérentes, certains faits ne trouvent parfois aucun sens réel dans la trame narrative sans parler des protagonistes qui disparaissent de l'histoire sans avoir y avoir réellement participé. Ainsi, l'épouse de Moretti
n'existe que pour le plaisir dirait-on de frapper une femme enceinte, un fait sur lequel d'ailleurs personne ne reviendra par la suite, l'ami journaliste s'évapore après avoir retrouvé la strip-teaseuse française (très amusant est son accent qui mélange sans cesse anglais et français) qu'on abandonne entre la vie et la la mort, Rosa, la petite amie d'un des voyous n'a aucune utilité hormis se faire rapidement questionner puis à son tour disparaitre tout comme on oublie un peu trop l'otage à qui on bande et débande les yeux après l'avoir régulièrement maltraité et violenté. Quant à la fiancée de Corsi, on espérait qu'elle joue un rôle plus percutant dans l'histoire hormis de s'adonner à son loisir favori, les promenades romantiques au bord de la mer, mais elle s'évanouira dans le néant après la mort du gangster. Qu'importe la raison de leur présence, les divers protagonistes de Cimarosa sont là pour mourir de la plus brutale des morts afin de satisfaire les attentes abjectes du spectateur qui jubile d'avance.
Malgré ses nombreux défauts qui n'échapperont pas aux plus regardants No alla violenza est un polizesco trash rondement mené par Cimarosa malgré le manque évident de moyens et des effets visuels souvent exagérés essentiellement composés de zooms et autres grands angles. Scindé en deux parties, la première met en avant les forfaits des voyous, la seconde repose sur l'auto-justice, ce petit film explosif totalement inédit chez nous se laisse regarder sans déplaisir, bien au contraire, puisqu'il parvient à être par moment hautement jouissif de par ses éclats de fureur, l'inhumanité de ses personnages, certaines de ses scènes choc, Cimarosa ne reculant devant aucune infamie, se permettant même d'enlever la vie à une
innocente petite fille de façon particulièrement odieuse. On n'osait y croire, il l'a pourtant fait, comblant ainsi nos désirs les plus vils. On appréciera également les décors automnaux de la ville côtière de Messina plutôt bien mis en valeur en adéquation avec l'agréable partition musicale signée Alberto Baldan Bembo ainsi qu'une jolie brochette d'acteurs pour la plupart issus du cinéma d'exploitation. Dans la peau de l'inspecteur, on retrouvera donc Al Cliver qui n'a jamais autant ressemblé à Maurizio Merli qu'il tente d'imiter jusqu'à la moustache dans le verbe et dans le geste, Cliver, toujours aussi mono expressif, qui n'a jamais autant couru
dans un film. A ses cotés, on reconnaitra la carnassière pionnière du hardcore italien, Guia Lauri Filzi, putain outrageusement maquillée, malheureusement trop peu présente à l'écran, Zaira Zoccheddu, future starlette du cinéma osé tendance hard, qui très vite se fait déchirer ses vêtements, la respectable Paola Quattrini qui semble s'être fourvoyée dans cette aventure, le pasolinien Ninetto Davoli déjà à l'affiche de Il vizio ha le calze nere, dans un trop court rôle, celui d'un voyou douloureusement torturé et l'inquiétant Federico Boido, figure récurrente du western spaghetti, habitué aux personnages de dangereux psychopathes,
obsédé sexuel hystérique totalement déchainé ici. Quant à Tano Cimarosa il s'est octroyé le rôle du père de famille justicier, trainant sans grande conviction sa dégaine simiesque aux quatre coins de la ville, un fusil à la main,
Difficilement visible aujourd'hui si ce n'est via l'édition vidéo finlandaise plus acceptable que l'édition italienne trop saturée et de piètre qualité, No alla violenza est un pur produit d'exploitation violentissime dans lequel Cimarosa a jeté tant bien que mal ses idées. Il ravira donc tous les amateurs de ce type de cinéma, gratuit et complaisant, tous les fervents supporters d'un cinéma hypocrite et nauséeux qui transforme la pellicule en une brochure d'abominations raffinées pour petits sadiques en herbe. Les toques du Maniaco lui décerne un 4 étoiles!