Roma drogata: la polizia non puo intervenire
Autres titres: Hallucinating strip / Hallucination strip / The allucinating trip
Real: Lucio Marcaccini
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 88mn
Acteurs: Bud Cort, Marcel Bozzuffi, Guido Alberti, Maurizio Arena, Leopoldo Trieste, Umberto Raho, Pupo De Luca, Ennio Balbo, Anna Rita Grapputo, Patrizia Gori, Settimo Segnatelli, Tom Felleghy, Walter Manfredi, Anna Zinnemann, Pino Luce, Rossella Or...
Résumé: Massimo est un étudiant contestataire qui se drogue de façon occasionnelle. Pour se procurer cette drogue il vole parfois. La famille de Cinzia, sa petite amie et celle de son meilleur ami, Rudy, n'approuvent guère que leurs enfants fréquentent le garçon. Un jour, Massimo rencontre un dealer avec lequel il devient ami. L'homme vole une boite à tabac chez les parents de Cinzia. Après avoir participé à une drogue-party chez Massimo, Rudy se suicide en se défenestrant. C'est le début d'une descente aux Enfers pour Massimo que la relation qui le lie au dealer va précipiter...
Avec Roma drogata la polizia non puo intervenire Lucio Marcaccini dont ce fut le seul et unique film tente un hybride entre le film de drugsploitation et le poliziesco teinté d'un zeste d'analyse politico-sociale en immergeant le spectateur dans l'univers de la toxicodépendance d'une Rome post soixante-huitarde. L'idée n'est pas neuve et le cinéma de genre avait déjà connu d'autres essais dont le mémorable Perche si uccidono: le merde qui s'en rapproche dans son aspect par instant délirant, justifiant ainsi son titre anglais, Hallucinating strip.
Malheureusement Roma drogata... ennuie plus vite qu'il ne passionne faute d'une part à une réalisation lente, monotone et d'autre part à un scénario peu original qui sent le déjà-vu. On suit d'un oeil distrait les errances d'un étudiant, Massimo, qui pour se procurer la drogue dont il a besoin a parfois recours à de petits larcins. Gravitent autour de lui sa petite amie, Cinzia, issue d'une famille aisée et Rudy, un fils de la haute bourgeoisie bien naïf surprotégé par sa mère.
On est ici en pleine ère de contestation juvénile dans une Rome hivernale où se conjuguent révolte étudiante et discours libertaires dans lesquels la bourgeoisie comme les hautes classes sociales sont égratignées au rythme d'une partition musicale très rock psyché, un réel régal auditif signé Alberto Verrecchia.
C'est peut être là le seul véritable point à retenir du film de Marcaccini puisqu'elle devrait faire le bonheur de tout amateur de sons estampillés années 70. Outre sa bande originale, on retiendra aussi la chanson-thème, We've got a lord, interprétée par Sammy Barbot avec un tout jeune Tony Esposito à la batterie.
Hormis sa musique, on se souviendra de Roma drogata la polizia non puo intervenire pour quelques scènes d'anthologie dont une très longue séquence de trip hallucinatoire lors d'une drogue-party inoubliable et particulièrement délirante qui rappellera en bien des points celle de Perche si uccidono: le merde. C'est à une véritable descente aux Enfers dans le sens premier de l'expression à laquelle Marcaccini nous invite ici lors de laquelle sexe et satanisme se mêlent à grands renforts de zooms déformants. Sous l'effet de la drogue, cette jeunesse rebelle se retrouve projetée dans une sorte d'Enfer de carnaval où d'inquiétantes silhouettes nues masquées et peintes s'invitent au stupre dans un kaléidoscope d'images chorégraphiées étranges et hallucinantes. Cette orgie se terminera par un rituel anthropophage lorsque le jeune héros se transforme en plante que dévorent des chenilles. Quand sexe et cannibalisme se marient lors d'un sidérant trip sous acides, cela donne chez Marcaccini quelque chose de spécialement fascinant qui n'est pas sans rappeler le final de Il profumo della signora in nero ou l'immense bacchanale onirico-macabre d'Emmanuelle et Françoise.
Pour le reste, Roma drogata la polizia non puo intervenire vaut essentiellement pour sa petite partie poliziesco menée par un Marcel Bozzuffi toujours aussi efficace même si on l'a connu plus virulent et un intéressant final plutôt réussi. L'américain Bud Cort, inoubliable dans Harold et Maude, campe ici Massimo. Très bon comédien, il donne à son personnage un maximum de crédibilité. A ses cotés, on reconnaîtra la sexy starlette Anna Rita Grapputo avec laquelle Bud a une fabuleuse scène de sexe ainsi que Patrizia Gori, les cheveux très courts, tout juste sortie de Bacchanales infernales pour lequel elle s'était rasée la tête, pour une trop brève apparition. On notera la présence de l'angélique Settimo Segnatelli qu'on reverra par la suite dans La saison des assassins aux cotés de Joe dalessandro.
Ses quelques qualités ne parviennent malheureusement pas à sauver Roma drogata la polizia non puo intervenire de la banalité et surtout d'un doux ennui, évitant toute forme de réflexion sociale. Hormis son extraordinaire bande originale et quelques scènes trash comme seul le cinéma de genre savait alors en inventer, le film de Marcaccini reste dispensable. S'il saura plaire aux inconditionnels d'exploitation pour son coté délirant, il demeure essentiellement comme d'autres films de cet acabit le témoignage d'un certain esthétisme propre aux années 70.
Oublié jusqu'à ce jour des éditeurs, Roma drogata la polizia non puo intervenire vient récemment d'être édité en BR dans une toute nouvelle collection italienne qui rend hommage aux films les plus obscurs du cinéma de genre transalpin.