Rosemarie Lindt: la beauté de la maturité
Elle incarna très souvent à l'écran la maturité quand celle ci rime avec sensualité. Blonde, anguleuse, énigmatique, elle régna sur le cinéma de genre quasiment 20 ans sans pour autant avoir eu de grands rôles. Elle se contenta en effet le plus souvent de personnages de second voire de troisième plan. Elle fait cependant partie intégrante du paysage cinématographique transalpin, une de ses sexy starlettes dont le nom restera à jamais associé au film de Joe D'Amato Emanuelle e françoise. Si pour beaucoup son passé demeure imprécis, le Maniaco va tenter de démontrer que malgré les apparences il est aussi clair que son visage était lumineux. Après plus de 20 ans de silence, voici le retour de l'élégante Rosemarie Lindt.
C'est d'Allemagne que nous vient Rosemarie Lindt qui débuta sa carrière très tôt non pas dans la comédie mais dans le roman-photo de charme dont elle fut une des figures récurrentes au début des années 60. Rosemarie fut également une des héroïnes du célèbre comics Sadistik connu en France sous le titre Satanik.
Son visage connu à travers l'Europe, c'est tout naturellement que le cinéma italien la remarque et lui offre ses premiers rôles. C'est ainsi qu'elle débute en 1963 dans La ballata dei mariti, une simple figuration dans la peau d'une autostoppeuse avant d'apparaitre la même année dans Hercules l'invincible, un rôle un peu plus conséquent, celui d'une jeune esclave. Jusqu'en 1970 Rosemarie va se partager entre l'Italie et l'Allemagne où elle enchaîne films sur films, pour la plupart des comédies légères si on excepte sa participation à Don Camillo en Russie et le giallo de Alberto De Martino Perversion.
Dés 1972 Rosemarie va principalement tourner pour l'Italie en s'essayant à pratiquement tous les genres cinématographiques. Elle interprètera cinq décamérotiques entre 1972 et 1973: Plaisirs charnels du nouveau décameron 300, Les contes de Viterbury de Mario Caiano, I giochi proibiti dell'Aretino Pietro, Continuavano a metetre lo diavolo ne lo inferno, et surtout Le canterbury interdit où elle est au summum de sa beauté.
Elle est également à l'affiche de quelques gialli et polizeschi tels que Chi l'ha vista morire de Aldo Lado, La polizia ringrazia / Société anonyme anti-crime de Steno, L'exécuteur de Maurizio Lucidi et L'uomo della strada fa giustizia de Lenzi même si le plus souvent elle n'y apparait que furtivement.
Il faut pourtant attendre 1975 pour que la blonde Rosemarie se voit offrir le seul et unique premier rôle de sa carrière, celui pour lequel on se souviendra à jamais d'elle. C'est à Joe D'Amato pour qui elle avait déjà participé l'année précédente à L'enfer des héros dans la peau d'une partisane qu'elle le doit. Elle est en effet l'héroïne principale de Emmanuelle e Françoise dans lequel elle incarne Emmanuelle, la soeur ainée de Patrizia Gori qu'elle vengera de la plus atroce des façons après que son fiancé, George Eastman, l'ai poussé au suicide à force de l'humilier.
Malheureusement ce coup d'éclat ne se renouvellera pas et c'est de nouveau à de simples figurations et personnages de second plan que Rosemarie se voit condamnée si on excepte le routinier Seduzione coniuguale de Franco Daniele dans lequel elle est l'épouse effondrée d'un Gabriele Tinti devenu impuissant. Elle est ainsi au générique de Salon Kitty de Tinto Brass qui se souvient d'elle comme d'une femme fort charmante et très gentille et de bon nombre de comédies érotiques dont I giochi proibiti del Aretino Pietro de Piero Regnoli, Il était une fois une petite culotte / La cameriera de Roberto Bianchi Montero, l'inepte Calore in provincia ou encore Quando i califfi avevano la corna et Je suis une call-
girl. On notera sa présence non créditée dans l'étrange western Kung fu nel pazzo West / 2 chinois à l'ouest.
En 1976 Pupi Avati fait appel à ses services pour jouer la mère de Maurizia Bonuglia dans Bordella / La cage aux minets avant qu'elle ne joue cette fois la mère indigne de Eleonora Fani dans Maîtresse à tout faire de Demifilo Fidani. Ce sera son dernier vrai rôle puisque Rosemarie après une absence de trois années fera alors ses adieux au cinéma en apparaissant dans l'énigmatique western érotique de Elo Pannaccio Porno erotico western aux cotés de Karin Well et Gordon Mitchell.
Si Rosemarie disparait des écrans elle n'abandonne pas pour autant la vie artistique puisque la belle allemande a une autre corde à son arc qu'elle a toujours exercé parallèlement à son métier de comédienne: la danse. Depuis sa plus tendre enfance Rosemarie cultive cette passion qu'elle put mettre à contribution dans Emanuelle e Françoise lorsqu'elle danse face à un George Eastman convulsé. Elle étudia la danse en Allemagne à la fameuse Folkwang-Schule sous la direction de Kurt Joos avant de continuer cet art à Paris au Waker Studio de Madame Nora Kiss. Rosemarie après avoir dansé tant en Italie, à Paris qu'en Allemagne peut s'enorgueillir d'avoir danser deux fois pour Jean-paul II pour lequel elle proposa ses propres chorégraphies. Marié à Alfred J.Piccolo, elle a depuis fondé à ses cotés sa propre école de danse à New York, la Lindt Ballet theater après avoir enseigné à Manhattan.
Toujours aussi belle, heureuse et épanouie, Rosemarie qui ne renie en rien sa carrière d'actrice a choisi la danse qu'elle a toujours privilégié même si pour nous elle restera la jolie allemande qui souvent trop brièvement illumina de sa maturité quelques unes des oeuvres marquantes du cinéma de genre transalpin.