Porno erotic western
Autres titres:
Réal: Angelo Pannaccio
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Erotique / Western
Durée: 73mn
Acteurs: Remo Capitani, Laurence Bien, Thomas Rudy, Karin Well, Rosemarie Lindt, Patrizia Mayer, Sandra Cardinale, Gordon Mitchell, Rick Boyd, Nino Musco, Edmondo Thieghi...
Résumé: Trois cow-boys, un père et ses trois fils parcourent le Far West en quête d'aventures. Sur leur route ils croisent une femme qu'ils sauvent d'un viol, un groupe de danseuses de saloon exploitées par leur employeur et une jeune fille qui feint d'être possédée par Satan pour éviter d'épouser un homme qu'elle n'aime pas...
Très actif dés le début des années 70 dans un premier temps comme producteur notamment pour Luigi Petrini, il produisit Cosi cosi piu forte et La ragazza con le mani di corallo, puis comme réalisateur spécialisé dans les pellicules d'exploitation à petits budgets (Bacchanales infernales, Les anges pervers) Angelo Pannaccio s'est définitivement orienté vers l'érotisme puis la pornographie dés 1978. Cette année là sort en effet Un brivido di piacere réalisé cinq ans auparavant dont il existe une version hard avec Guia Lauri Filzi et Marina Frajese. L'année suivante il est l'auteur du curieux Porno erotico
western, curieux non seulement pour l'intrigue elle même mais également pour sa genèse, le film faisant partie de ces mystères du cinéma italien.
Avant toute chose il est important de dire que Porno erotico western n'est pas un film à proprement parlé. Il s'agit en fait d'un film de récupération, d'un collage, d'un montage de morceaux de films divers comme l'Italie aimait alors en faire donnant ainsi naissance à une toute nouvelle bobine à laquelle sont rajoutées de nouvelles scènes. Pour agrémenter le tout sont aussi greffés des inserts porno qui transforment l'ensemble de manière très maladroite en un petit hardcore.
De quoi parle donc ce film bricolé composé de trois segments? Nous sommes au Far West. Un père et ses deux fils parcourent le pays en quête d'aventures. Lors de la première histoire ils sauvent une jeune femme d'un viol sauvage. Pour les remercier elle les invite chez elle avec la ferme intention de coucher avec un des fils. Pour se faire elle fait boire son mari. C'est le père qui prendra la place de l'épouse dans le lit conjugal au cas où le mari se réveillerait. C'est malheureusement le cas. Très excité l'homme commence à tripoter le père pensant qu'il s'agit de sa femme. Quelle n'est pas sa stupéfaction lorsqu'il constate la présence d'attributs masculins! Le père parvient à se sauver. Pensant que sa femme est en
fait un homme l'époux cocu lui demande de se dévêtir. Tout est normal. La femme infidèle lui fait croire que c'est l'effet de l'alcool. Tout rentre dans l'ordre. Le mari reste penaud, sa femme a bien profité de ses sauveurs.
Dans le second sketch nos trois aventuriers font la rencontre d'un groupe de danseuses de saloon aux moeurs très légères et de leur vieil employeur. L'homme les exploite. Après en avoir bien profité les trois aventuriers ligote l'employeur à un arbre et lui volent tout son argent qu'ils redistribuent aux putains.
L'ultime histoire est celle d'une jeune femme qui pour éviter d'épouser homme plus très
jeune qu'elle n'aime pas, choisi par son père pour son argent, déclare être possédée par le Démon. Déguisés en moines les trois aventuriers font semblant de l'exorciser. Une fois libérée des forces du Mal, la jeune femme passe à la deuxième partie de son plan dans le but d'épouser un des deux fils dont elle est tombée amoureuse. Le stratagème fonctionne, ils se marient et empoisonnent l'ex-fiancé qui meurt pris de terribles maux de ventre fort... bruyants!
Porno erotico western est construit comme une décamérotique. Non seulement le film est composé de trois saynètes grivoises indépendantes l'une de l'autre mais les thèmes
abordés sont identiques à ceux des décamérotiques: mari cocu et épouse infidèle, manigances de jeunes donzelles en chaleur, faux prêtres et exorcisme, fanfare de flatulences... Pannaccio aurait il inventé le "décamérotico-western"? Joyeusement amené par une partition musicale décalée entre folklore western et cirque à papa ce film de récupération se laisse visionner avec plaisir même si les sketches sont inégaux. Portés par un humour bon enfant, jamais réellement vulgaires ils sont tous trois enjoués, plutôt drôles et bien interprétés. Sans être particulièrement originales la première histoire inspirée par La rançon du tueur, le western que tourna Pannaccio en 1972, et la troisième sont les plus
conséquentes, les plus intéressantes également. Les stratagèmes de l'épouse infidèle et de la fausse possédée sont amusants et mènent à quelques quiproquos cocasses soutenus par des dialogues légers mais efficaces teintée d'une once de morale qui clôt chaque segment. Quant à la seconde historiette, la plus courte, elle fait dirait-on office de remplissage tant on se demande quel est son but si ce n'est celui d'offrir de longues scènes saphiques entre nos catins et quelques scènes de sexe hétérosexuel. A se demander d'ailleurs si cette seconde aventure n'a pas été tronquée.
Quant à l'érotisme, ce qui intéresse très certainement le plus le spectateur déjà prêt à
plonger sa main dans son pantalon pour dégainer son colt il reste contrairement à ce qu'on imaginer assez soft. Quelques nus frontaux, des poitrines dénudées, quelques plans de sexes féminins et de postérieurs et une petite scène d'urophilie (la putain qui sans le faire exprès urine sur le visage du père pendant qu'il dort) il n'y a guère plus dans ce western plus érotique que porno. La pornographie n'est présente que par le biais d'inserts franchement ridicules collés ça et là sans la moindre cohérence. On reste même stupéfait tant ils ne respectent pas les scènes originales. Pour exemple lorsque la blonde possédée fait l'amour à son jeune amant dans un pré les inserts X montrent une jeune femme brune et un
homme vêtu différemment copulant dans un bois! Ce type d'invraisemblances se multiplient durant tout le métrage. On peut alors s'amuser à chercher de quels films proviennent les inserts mais également à chercher quelles scènes X ont été tournées par Pannaccio et lesquelles sont des inserts. Ce qui peut être assez facile vu la différence de grain, de lumière et de couleur. On peut aussi jouer à ce même jeu en tentant de repérer les scènes de récupération qu'a utilisé Pannaccio pour la partie western. Peut être Pannaccio a t-il pris des scènes qui autrefois ne furent pas incluses dans La rançon du tueur. Difficile de le dire cette fois mais la présence de quelques acteurs pourra surprendre et montrent bien le travail de montage exécuté.
L'interprétation est correcte et nos trois cow-boys semblent s'amuser. Le vétéran et jovial Remo Capitani, une figure indissociable du western-spaghetti, joue le père. Ce fut son ultime film après plus de vingt ans de carrière. Thomas Rudy, un autre nom indissociable du genre mais aussi de la comédie, est un des deux fils. L'ex-modèle allemand spécialisé dans le film érotique teuton Laurence Bien est l'autre fils, celui convoité par toutes les filles. Il fut aussi aux crédits de La rançon du tueur. Autour d'eux tourbillonnent et papillonnent une étonnante Rosemarie Lindt (la possédée) doublée pour chaque scène de nu ou trop osée et Karin Well, l'actrice fétiche de Bergonzelli, starlette vénitienne vue dans une multitude de
bandes d'exploitation à la limite du porno soft, qui est une des putains du deuxième sketch. On pourra être surpris par son temps de présence à l'écran réduit au maximum cette fois. Sandra Cardinale et Patrizia Mayer (Au dela de la haine) complètent la distribution. L'oeil exercé remarquera l'inattendue et très rapide présence de Rick Boyd (non crédité), une figure du western italien là encore, dans le rôle d'un des violeurs et Gordon Mitchell dans un simple caméo qui peut s'expliquer par le fait que l'acteur accepta que le film soit "tourné" dans ses studios près de Rome. Un moyen de le remercier pour son geste même si Gordon a toujours soutenu n'avoir aucun souvenir du film.
Produit par la Lux Films, la société de production fondée par Pannaccio lui même, Porno
erotico western est un film de récupération qui a tout pour faire aimer ce type de collage commercial très souvent absurde et sans grand intérêt. Pannaccio nous offre une petite pellicule divertissante, drôle et salace, plutôt bien bricolée malgré des inserts X hasardeux au demeurant softcore. Voilà une bobine gentillette qui nous montre la face coquine de l'Ouest sauvage au fil de trois saynètes bon enfant. De quoi satisfaire pleinement l'amateur qui devra batailler pour pouvoir la visionner puisqu'il n'existe aucune édition vidéo encore moins numérique, ni même de passage télévisée. Ne subsiste du film qu'un telecinéma qu'il pourra se procurer avec un peu de chance.