Un fiocco nero per Deborah
Autres titres: A black ribbon for Deborah / Nastro rosso a New York
Real: Marcello Andrei
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Fantastique
Durée: 100mn
Acteurs: Bradford Dillman, Marina Malfatti, Gig Young, Delia Boccardo, Lucretia Love, Adriano Amidei Migliano, Micaela Esdra, Vittorio Mangano, Rito Lo Verde, Luigi Casellato, Mario Garriba, Raffaele Di Mario, Matilde dell'Acqua...
Résumé: Deborah est stérile. Cette stérilité met en péril son mariage avec Michel avec qui elle ne parvient plus à faire l'amour. De plus en désespérée, Deborah va alors utiliser ses puissants pouvoirs de médium pour enfin tomber enceinte et donner à son mari un enfant. Alors que son amie Mira, enceinte, agonise suite à un accident de la route, elle transfère en elle l'enfant qu'elle porte. C'est sans compter la vengeance post-mortem de Mira qui va venir hanter Deborah et la faire lentement sombrer dans la folie. Tant son mari que son psychiatre pensent que la jeune femme est gravement malade et seule responsable des mystérieux évènements qui se produisent autour d'elle et la détruisent...
Un fiocco nero per deborah fait partie de ces films qui au fil du temps ont gagné une réputation d'oeuvre mythique de par leur rareté et leur quasi invisibilité. Le film de Marcello Andrei n'est en fait qu'un titre de plus s'inscrivant dans la lignée de Chi sei / Le démon aux tripes, L'antechrist et autre L'ossessa / La possédée auxquels se serait greffée la trame de Rosemary's baby même si cette fois il n'y a ni Diable ni Antichrist.
Toute l'intrigue de Un fiocco nero per Deborah repose sur la malheureuse Deborah, une épouse stérile et puissante médium qui va transférer la grossesse d'une mourante, sa meilleure amie, en elle. C'est sans compter la vengeance de la pauvre femme qui par delà la mort viendra hanter et persécuter Deborah, poussée au bord de la folie.
Du film de Polanski on retient la grossesse de Deborah et l'incompréhension d'un entourage et d'un mari dépassé qui la pensent folle, l'apparence physique d'une Marina Malfatti aux cheveux très courts qui rappellent Mia Farrow tout en saupoudrant le tout d'un zeste de L'exorciste, époque oblige, pour l'aspect possession démoniaque.
Les ressemblances s'arrêtent ici car Un fiocco nero per Deborah est bel et bien un film à part entière, original, qui joue essentiellement sur l'atmosphère. Aucun débordement sanglant ou meurtre, point d'exorcisme ni d'obscénité, autant dire que ceux qui attendent du film nombre d'excès visuels seront gravement déçus.
Andrei s'évertue essentiellement à créer une réelle angoisse afin de démontrer les signes de possession de Deborah à travers quelques scènes grandioses et réellement effrayantes: la tension des animaux qui dans leur cage semblent devenir fous à l'approche de la jeune femme, la statue qui pleure des larmes de sang, les bruits de pas dans des pièces vides et surtout la séance de spiritisme effroyable qui demeure et de loin la séquence la plus réussie du film. Andrei parvient à donner par instant un coté sinistre au film, inquiétant tandis que Deborah sombre de plus en plus dans la névrose, le désespoir et la folie jusqu'au final, sombre et tout aussi désespéré à la fois surprenant et si douloureux.
Bénéficiant d'une très jolie photographie, de décors somptueux, l'ensemble bercé par la superbe partition musicale signée Albert Verrecchia, Un fiocco nero per Deborah a su privilégier l'aspect humain en mettant en avant les tourments de cette femme incapable de donner la vie, d'être mère et de se sentir vivante, véritable obsession qui la conduira à utiliser ses pouvoirs médiumniques pour pallier ce vide. C'est là un des atouts majeurs de ce film fort bien interprété par l'émouvante Marina Malfatti, actrice venue du théâtre, entourée de Delia Boccardo, lugubre et cadavérique, et de deux acteurs américains, Gig Young et Bradford Dillman. Ce fut là leur unique rôle en Italie. Marié à Suzy Parker, actrice américaine résidant en Italie, on suppose que ce fut la raison pour laquelle Dillman fut choisi pour interpréter Michel, le mari de Deborah.
Plus une histoire de fantôme que d'un véritable film de possession démoniaque, Un fiocco nero per Deborah est un très honnête thriller parapsychologique, lent et inquiétant, parfaitement dirigé et surtout fort crédible qu'on ne saurait trop recommander à l'amateur.