Wolfango Soldati: un dur à cuire
Il est surtout un nom que l'amateur a obligatoirement dû repérer au générique d'une poignée de films. Il lui sera peut être plus difficile de mettre un visage sur ce nom ou tout simplement le remettre dans un film précis. Photographe puis opérateur et enfin acteur, il a pourtant laissé sa trace dans l'univers du cinéma de genre transalpin. Glissons donc sans plus tarder notre doigt jusqu'à la fin de l'alphabet et arrêtons nous à la lettre W afin de mieux faire connaissance avec Wolfango Soldati.
Fils de l'acteur Mario Soldati et d'une mère passionnée de photographie, Wolfango est né en 1947 à Rome où il restera jusqu'à l'âge de 15 ans avant de partir vivre à Milan. Si le petit Wolfango a toujours baigné dans l'univers du cinéma c'est vers la photographie que pourtant il se tourne après que sa mère lui ait transmis cette passion accrue par l'amour qu'il porte à Blow up d'Antonioni.
Il devient vite photographe pour le magazine Vogue pour lequel il travaillera quelques années tout en publiant quatre recueils de photos. Malheureusement la crise de 1973 met un terme à cette passionnante carrière qu'il se voit forcer d'abandonner. Les maisons d'édition ferment, il n'y a plus d'argent et Wolfango doit quitter Milan pour Rome. Il en profite également pour divorcer de sa première femme.
A Rome Wolfango doit vivre et le cinéma est une brillante alternative. Il a alors 26 ans. Sur les conseils de il devient assistant opérateur et va travailler pour de nombreux grands réalisateurs dont Fellini pour Casanova, Zeffirelli pour Jesus de Nazareth ou encore Divine créature.
Être acteur était une idée qui n'était encore jamais venue à l'esprit de Wolfango même si en 1969, lui avait offert un très court rôle dans qu'il ne faisait que traverser sans prononcer la moindre parole. Sa rencontre avec Castellari sur le tournage de Keoma va alors bouleverser sa vie. Un jour le réalisateur l'invita à rejoindre sa troupe de cascadeurs pour une périlleuse scène à cheval. Sachant monter et de plus maniant l'anglais sans trop de difficulté, Wolfango accepta et se retrouva pour la première fois crédité au générique d'un film. C'est une nouvelle vie qui commence alors pour Wolfango qui aujourd'hui dit avec humour que savoir faire du cheval et parler anglais sont les raisons pour lesquelles il est devenu acteur.
Si l'année suivante il ne fait qu'une brève apparition muette dans Tentacules de Ovidio Assonitis, il est l'homme qui conduit la barque que détruit la pieuvre géante, Francesco Barilli, un ami d'enfance, lui offre le rôle d'un fasciste dans Pensione paura aux cotés de Eleonora Fani, une jeune actrice dont il garde un très agréable souvenir. Cette même année on le retrouve dans La via della droga / Action immédiate de Castellari dans lequel il interprète le junkie que rencontre Fabio Testi en prison. Wolfango avoue avoir beaucoup travaillé ce personnage pas forcément évident à jouer. On peut ensuite le voir dans Good Bye et amen de Damiano Damiani dans lequel il partage la vedette avec Tony Musante et Claudia Cardinale.
Il est en 1978 un des principaux protagonistes du bien peu excitant Hard to kill de Joe D'Amato, un film d'aventures et de guerre dont il a gardé un excellent souvenir tant du tournage que de St Domingue. Il accepte ensuite par amitié pour l'acteur Andrea Franchetti lui même très ami avec Massimo Pirri le rôle de l'inspecteur de police dans L'immoralità. C'est à la télévision qu'on le retrouve ensuite puisqu'il est au générique de la série télévisée Martin Eden avant de apparaitre sur les écrans de cinéma en 1979 dans Sensitivà / La diablesse de Castellari de nouveau aux cotés de Eleonora Fani dont il joue le petit ami.
Il est ensuite à l'affiche de Rock'n'roll de Vittorio De Sisti. C'est à cette époque qu'il rencontre Anna Cardini, la jeune victime de Blue holocaust qui finit incinérée dans un four, qu'il épousera quelques temps plus tard. Un enfant naîtra de leur union.
Nous sommes alors en 1980 et ce sera là son ultime film puisque Wolfango mettra un terme définitif à sa carrière, un choix personnel et mûrement réfléchi. L'acteur était conscient que ce métier n'était pas compatible avec la vie de famille. Etre constamment parti, aller de tournage en tournage est forcément nuisible à la vie de couple. C'est celle ci que Wolfango a finalement choisi, un choix que suivra également Anna qui de son coté également arrêtera son métier d'actrice.
C'est une nouvelle vie qui commence alors pour Wolfango, son épouse et leur jeune enfant. Le comédien a toujours eu une passion pour l'art culinaire. Après avoir écrit un livre de souvenirs sur toutes ces années passées dans l'univers du 7ème art, Wolfango s'est lancé dans la restauration en 1985. En 1998, lui et sa petite famille sont partis pour Bologne où ils ont ouvert un restaurant. Il écrit également depuis quelques années dans la revue Nocturno où il a sa propre rubrique.
C'est avec une certaine nostalgie que Wolfango évoque aujourd'hui son passé d'acteur mais il ne regrette aucunement d'avoir tout arrêté. C'est aujourd'hui un homme heureux et comblé qui mène une nouvelle vie qui le comble entièrement.