I giochi proibiti dell'Aretino Pietro
Autres titres: La sexologie de Pierre L'Aretin / Contes érotiques ou la sexologie de Pierre
Real: Piero Regnoli
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 89mn
Acteurs: Mario Carrara, Gino Cassani, Roberto Ceccacci, Luigi Leoni, Franco Agostini, Ben Carra, Paola Corazzi, Angela Covello, Livio Galassi, Rosita Torosh, Shirley Corrigan, Orchidea de Santis, Tony Kendall, Fausto Tommei, Femi Benussi, Carlo Cervini, Pupo De Luca, Adler Gray, Isabelle Marchall, Tiberio Murgia, Marlene Rahn, Enza Sbordone, Alan Talman, Luigi Crivello, Rosemarie Lindt, Franco Mazzieri, Luigi Montini, Alessandro Perrella, Gisleno Procaccini...
Résumé: Quatre prostituées sont conduites au tribunal pour être jugées. Toutes ont troublé la morale publique. La première a débauché le couvent dans lequel elle est entrée en y introduisant son amant. La seconde a escroqué les patrons pour qui elle travaillait en faisant croire à son patron que sa femme le trompait avec son amant. La troisième a voulu se venger de son mari qui la cocufiait avec une catin tandis que la dernière a fait croire à sa mort pour s'enfuir avec un moine afin qu'il lui retire la ceinture de chasteté que son époux lui avait imposé...
Si des récits coquins de Boccace et les contes de Canterbury firent l'objet de nombreuses versions cinématographiques suite au succès du Décameron de Pasolini, créant ainsi un sous genre du cinéma érotique italien appelé décamérotique, il est un autre écrivain dont les fameux raisonnements furent adaptés au grand écran, Pietro Aretino et ses Ragionamenti dell'Aretino. Il y mettait en scène les propos d'une prostituée qui tournaient en dérision la société d'alors et plus particulièrement la religion. On dénombre quatre films qui s'inspirent de ses pensées dont celui de Piero Regnoli, I giochi proibiti dell'aretino pietro.
Plus connu comme scénariste d'une pléiade de films dont quelques une des premières sexy comédies de Gloria Guida, Regnoli signe une décamérotique dans la grande tradition du genre composée de quatre segments, quatre récits qui mettent en scène quatre prostituées jugées pour avoir troublé la morale publique. Le premier sketch intitulé La suora conte les aventures de la jeune Tessa forcée de rentrer au couvent. Amoureuse d'un fringant freluquet, elle met au point grâce à une amie un stratagème afin qu'il puisse tout de même la satisfaire. Il n'aura qu'à escalader le mur du couvent, s'agripper au rebord de la fenêtre et passer son sexe entre les grilles pour quelques parties de plaisirs nocturnes. Maligne, Tessa en fera profiter toutes les soeurs jusqu'au moment où son amie, traitresse, la dénonce à la mère supérieure qui en profitera à son tour avant d'être dénoncée par une novice jalouse à son Excellence. La novice sera récompensée en nature par son Excellence, ravi!
Le second segment, La truffa, narre les turpitudes d'une plantureuse et fourbe servante, Lisa, qui avec son amant, Bitto, tente de faire chanter ses patrons. Elle convainc le maitre de maison que sa femme le trompe avec Bitto. Alors que le vieil homme espionne son épouse prendre du bon temps avec son supposé amant dont il ne voit que les pieds, l'imposteur fait croire qu'un homme vient d'entrer dans la chambre et feint de le tuer. Pensant que l'amant est mort, l'époux récompense la domestique mais la supercherie est découverte.
La troisième histoire, 4 moglie, est celle de la vengeance d'une épouse, Madonna, qui découvre que son mari la trompe chaque nuit avec une putain en compagnie de trois amis. Elle prévient les trois autres femmes. Ensemble elles mettent au point leur vengeance. Chacune à leur tour elles prendront la place de la catin avant d'être découvertes.
L'ultime épisode, Il miracolo, concerne Elisabetta, victime d'un mari jaloux qui lui impose le port d'une ceinture de chasteté. La jeune femme fait croire à sa mort, une chute dans un puits, et s'enfuit avec un joli moine qui la débarrasse de sa ceinture. Enfin libre, elle se donne chaque jour à un religieux différent dont un de couleur jusqu'au jour où elle tombe enceinte. Enfin de garder l'enfant, elle fait croire qu'elle n'était pas morte en sortant du puits. La supposée miraculée repart vivre avec son mari mais la naissance de l'enfant brise la supercherie. Le bébé est noir! Mais quelque soit la moralité de ces histoires, la conclusion est quant à elle des plus amorales digne des meilleurs Décamérons, son Excellence finira au lit avec les quatre putains.
Si de Regnoli on aurait espéré un film beaucoup plus salace et un brin plus pimenté, I giochi proibiti dell'Aretino Pietro est néanmoins une décamérotique fort sympathique qui se laisse regarder sans déplaisir aucun. Le film se situe dans la bonne moyenne du genre même s'il est réalisé sans grande originalité par un Regnoli un peu trop tiède. Les quatre segments se tiennent cette fois même si on retiendra plus particulièrement le premier et le quatrième récit, les plus drôles et énergiques. On ne pourra que rire face à la noirceur de cette histoire mais surtout à la douce torture que subit le malheureux amant de notre novice contraint d'offrir son sexe à une nuée de jeunes religieuses en chaleur, suspendu à un mur. Quant au dernier conte, il est celui qui s'apparente le plus aux fameux contes du Décaméron et s'inspire d'ailleurs du Decameron N°2: Le altre novelle del Boccaccio de Mino Guerrini d'où ce plaisir accru à sa vision.
Un des plus gros atouts du film est très certainement sa prestigieuse distribution. On y retrouve en effet quelques jolies habituées du genre, une pléiade de sexy starlettes dont les généreuses Orchidea De Santis, Femi Benussi, Rosita Torosh, Paola Corazzi dans un de ses tout premiers rôles, Enza Sbordone et l'allemande Rosemarie Lindt mais également Shirley Corrigan, Isabelle Marchall et Angela Covello. A leurs cotés on reconnaitra entre autres Pupo De Luca et Tony Kendall qui apparait dans deux segments différents.
Plutôt avare en scènes érotiques et surtout en nus frontaux, I giochi proibiti dell'Aretino Pietro reste cependant un joyeux divertissement pour les amateurs de ce style de cinéma coquin, une décamérotique des plus acceptables qui parvient à se hisser sans peine au dessus d'une production souvent trop fade ou niaise.
Signalons qu'il existe différentes versions du film. Si on oublie l'espagnole beaucoup plus courte, on tentera de se procurer la version française enrichie de scènes salaces qui rallongent le film d'une dizaine de minutes par rapport à l'original italien d'une durée de 89 minutes environ.