Calde labbra
Autres titres: Excitation / Maîtresse à tout faire / Burning lips / The french governess
Real: Demofilo Fidani
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Drame érotique
Durée: 97mn
Acteurs: Claudine Beccarie, Leonara Fani, Sofia Dioniso, Rosemarie Lindt, Walter Romagnoli, Didier Faya, Jacques Stany,, Gabriella D'Amaico, Emilio Roy, Domenico Trogu...
Résumé: Francesca a été lorsqu'elle était enfant violée par son père. Ce dernier est mort d'une crise cardiaque alors qu'il abusait d'elle. Francesca ne s'est remise de ce cauchemar et aujourd'hui adolescente, sa sexualité est des plus étrange. Elle souffre également de l'absence de sa mère, souvent partie en voyages d'affaires. Seule dans la grande maison familiale, elle ne fait que revivre son passé lorsqu'arrive une préceptrice, Lise, chargée de s'occupper d'elle. Lise est lesbienne et une relation amoureuse va naître entre elles. L'arrivée d'un groupe d'amis de Francesca va engendrer haine, convoitise et jalousie. A la veille de Noël, Francesca, encore plus seule, songe au suicide...
Réalisé en 1976 par Demofilo Fidani, Calde labbra connu en France sous les titres Excitation ou Maitresse à tout faire appartient à la deuxième partie de carrière de l'ex-star du X français, Claudine Beccarie. Partie en Italie, elle tente alors un changement de registre tout en restant dans l'érotisme mais de luxe cette fois. Après Inhibitions de Paolo Poeti avec Ilona Staller et Ivan Rassimov, elle tourne donc Excitation qui est en fait à la croisée de plusieurs genres cinématographiques. S'il reste un film érotique, il se teinte d'une ombre de giallo en se noyant dans des atmosphères feutrées à la fois surannées et poisseuses.
Mais Calde labbra demeure avant tout un mélodrame sombre et tragique, un film froid malgré la chaleur du décor de cette vaste maison bourgeoise aux lourdes tentures rouges dans laquelle toute une galerie de personnages étranges et malsains vont croiser l'existence de Francesca, adolescente à jamais traumatisée par la vision de son père agonisant alors qu'il la violait quand elle n'était qu'une enfant. Capricieuse, délaissée par une mère trop occupée par son travail, Francesca dont la sexualité est aujourd'hui trouble est jetée entre les mains d'une préceptrice lesbienne, Liz, qui en tombe amoureuse. Le saphisme particulièrement sensuel tient évidemment une grande place.
Réalisateur de quelques décameronneries, Fidani aime filmer le corps de ses actrices qui s'entremêlent, s'aiment, ardentes de désir. Tranchant avec cette atmosphère de sensualité exacerbée sont ces décors bourgeois décadents, tout aussi pourrissants et délabrés que le psychisme de Francesca et des différents personnages. Dans cette ambiance vénéneuse, le sexe est un poison destructeur tandis que les traumatismes resurgissent, foudroyant. Les étreintes, torrides, s'entrecoupent de flash-backs en ralenti sur fond d'orages déchainés. On retrouve alors cette atmosphère inquiétante chère à un certain cinéma italien même si Fidani n'a pas la dextérité de certains de ses confrères à conférer une aura suffocante à cet univers décrépi. Certains pourront donc trouver la tentative ratée et fortement ennuyeuse, sentiment que la voix off et les incessants flashes-back au ralenti pourront renforcer.
L'arrivée des amis de Francesca ne fera que détruire encore plus ces êtres qui se disperseront comme des quilles qu'une boule aurait fait éclater. Jalousie, dépit, amour, détresse et névroses se mêlent entre deux envolées de clavecins à baldaquin de velours sous lesquelles Liz déclame Les femmes damnées de Baudelaire ou philosophe sur les différences entre Boticelli et Michel-Ange. Mais c'est seule face à ses névroses que Francesca se retrouvera le jour de Noël alors que résonnent au loin les cloches de la Nativité alors que sa mère est de retour.
Calde labbra est un drame érotico-psychologique morbide sur le désespoir qu'engendre la solitude et le manque d'affection dans le contexte d'un microcosme bourgeois moribond habité par les névroses. Si on pourra reprocher au film son manque d'originalité et sa fin assez prévisible, on ne manquera pas d'apprécier l'interprétation des deux actrices principales, Claudine Beccarie, tout en mélancolie, et Leonora Fani, comme d'accoutumée idéale dans ce type de rôle tragique, ici cette adolescente traumatisée par un viol incestueux. Toutes deux ont une longue scène d'ébats nocturnes aux limites du hard devenue fameuse au fil du temps. A noter qu'il existe une version hardcore destinée aux marchés étrangers que Fidani dut tourner à contre-coeur, pressé par les producteurs qui voulurent profiter de la présence de Claudine, ce type de cinéma explicite n'étant guère ce que le réalisateur affectionnait le plus.
Aux cotés de Claudine et Leonora, on reconnaitra l'allemande Rosemarie Lindt dans la peau de la mère indigne.
Signalons que si le métrage reste identique, le montage français est totalement différent du montage original. Ainsi de nombreuses scènes diffèrent et la fin est peut être plus explicite que celle du montage français qui laisse planer un doute quant à la mort de Francesca.