Calore in provincia
Autres titres:
Real: Roberto Bianchi Montero
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 86mn
Acteurs: Enzo Monteduro, Francesco Mulé, Patrizia Gori, Venantino Venantini, Valeria Fabrizi, Carla Calò, Angela Covello, Annie Carol Edel, Edy Faietta, Rosemarie Lindt, Gabriella Lepori, Nino Musco, Linda Sini, Enrica Saltutti, Luciano Crovato, Francesca Juvara...
Résumé: Ciccio Zannone aimerait bien devenir un jour un mafioso reconnu. Il pourrait bien voir son souhait exaucé lorsque Don Lentini, un important boss de la mafia sicilienne, lui demande de l'aide afin d'acquérir un terrain fort convoité. Lentini demande à sa fille Rosa de l'aider dans sa tâche.Voilà de quoi faire plaisir à Ciccio qui a des vues sur la jeune fille. Enceinte, son père pourtant au grain! Ciccio poussé par son envie de devenir l'associé de Lentini va faire son possible pour remplir sa besogne, coincé entre Rosa, sa première finacée qui revient au village, les femmes qui couchent avec lui pour avoir des renseignements et la petite guerre que se livrent les mafieux du coin...
Parler de certains films est parfois un exercice difficile tant il n'y a rien à dire. Sorti un an après La cameriera, joli succès populaire en Italie, Calore in provincia est une comédie sicilienne vide de sens qui prouve une fois de plus que Roberto Bianchi Montero n'a malheureusement jamais été un grand cinéaste.
Don Ciccio est un petit mafieux qui rêverait un jour travailler aux cotés de Don Calogero Lentini, un important chef mafioso respecté de tous. Son souhait pourrait bien se réaliser puisqu'un jour Lentini lui propose de l'aider à acquérir un terrain en pleines spéculations financières pour lequel bon nombre se battent. Sa fille, Rosa, va tenter de l'aider dans sa tâche ce qui n'est pas pour déplaire à Ciccio qui a des vues sur elle. Mais Rosa est enceinte et recherche son mari qui semble avoir disparu. Il n'est donc pas question que son père laisse Ciccio l'approcher d'autant plus qu'il est connu pour coucher avec les plus belles
femmes du village qui en profitent pour lui soutirer des informations. C'est alors que la première fiancée de Ciccio refait surface, une aubaine pour sa mère qui aimerait qu'il l'épouse, la jeune fille le trouvant toujours aussi séduisant et si généreusement doté par Mère Nature. Ciccio est partagé entre ses femmes, son ambition de devenir un vrai petit mafioso potentiellement connu jusqu'aux Amériques et la petite guerre que se livrent les gangs pour le terrain.
Ainsi couché le scénario est à l'image de bon nombre d'autres comédies du genre, tout à fait
acceptable. On pourrait même s'attendre à une sympathique parodie mafieuse. Il en va cependant tout autrement à l'écran. Qu'a donc voulu dire Montero à travers cette histoire sans queue ni tête? La question reste posée. Tourné dans le petit village d'Otranto à Maglie, Calore in provincia n'a en fait de chaud que son titre. L'histoire part très vite tout azimut et ressemble plus à une succession de sketches fait pour son protagoniste principal, Enzo Monteduro, qui va de lit en lit, de rêves interdits en déconvenues mafieuses, habillé en Al Capone. Autant dire que l'intrigue n'est qu'un prétexte, une base mal dessinée, que Montero
oublie régulièrement pour semble t-il divaguer. Ainsi les personnages apparaissent puis disparaissent sans raison pour ensuite réapparaitre. Aucun rôle n'est réellement défini et les acteurs livrés à eux mêmes sont pour la plupart en totale roue libre, donnent dans l'excès ou la fadeur en se demandant visiblement ce qu'ils sont entrain de faire dans une telle comédie qui use des plus grosses ficelles du genre sans aucune réelle originalité ni imagination mais avec surtout une désinvolture étourdissante. On passe sans cesse du coq à l'âne, d'un sujet à autre pour mieux rebondir en arrière. Voilà qui fait ressembler le film à un éternel va-et vient, un accéléré-ralenti platement mis en scène qui de surcroit ne fait que rarement rire. Et
quoi de plus triste et ennuyeux qu'un film comique qui ne parvient que rarement à arracher un petit sourire au spectateur!
Le principal est que tout se terminera bien pour nos protagonistes et Ciccio sera même père d'un petit bébé... mafioso. Peut être la seule trouvaille véritablement drôle du film. Dommage qu'il ait fallu attendre l'ultime image!
Si une grosse partie de Calore in provincia repose essentiellement sur le jeu de Enzo Monteduro, le Buster Keaton italien, l'acteur n'a malheureusement pas le talent nécessaire
pour supporter une telle tâche. Plus à l'aise sur le court, Monteduro n'a pas les épaules assez fortes pour mener seul tout un film entier. On se lasse assez vite de son personnage qui ne fait que répéter ce qu'il fait depuis le début de l'histoire en changeant simplement de costumes ou de slip... lorsqu'il n'est pas nu car Monteduro, hormis un ou deux nus dorsaux, le temps d'une séquence onirique en compagnie de Patrizia Gori gambade le sexe à l'air au beau milieu d'une oliveraie! Une scène d'anthologie pour les admirateurs de Monteduro. C'est Patrizia Gori elle même qui résume très bien Calore in Provincia dans une des rares
interviews qu'elle donna. Si l'actrice s'est dit-elle amusée comme une folle durant le tournage, elle reconnait que le film n'a aucun sens. Avoir confié un tel rôle à Monteduro était une grossière erreur ajoute t-elle avant d'avouer que la plupart des comédiens étaient livrés à eux mêmes. Quant à Montero elle garde le souvenir d'un homme déjà bien âgé pour qui elle éprouvait de la pitié, incapable de diriger sa troupe, perdu derrière sa caméra. On comprend peut être mieux l'échec du film. Autre son de cloche pour Monteduro qui défend ce film, peut être parce qu'il tourna régulièrement pour Montero et son fils jusque dans les années 80 et qu'il tient beaucoup aux rôles qu'il a tenu durant sa carrière. A leurs cotés on reconnaitra
Venantino Venantini qui surjoue à l'excès, Francesco Mulé qui fut recommandé aux producteurs par Monteduro lui même est quant au bord du ridicule (Richard Conte devait au départ jouer son personnage) et Nino Musco en bon père sicilien protecteur. Ils ont entourés d'une intéressante distribution féminine, seul véritable atout ce cette comédie ratée. Hormis Patrizia Gori dissimulée sous une perruque brune qui assombrit son visage lumineux on reconnaitra Annie Carol Edel, trop peu présente, et Valeria Fabrizi qui se déshabillent allègrement ainsi que Rosemarie Lindt qui disparait comme elle est venue.
Au départ le film devait s'appeler Mafioso di paglia mais ce titre fut jugé inadapté pour une comédie et fut rebaptisé Calore in provincia suite au succès remporté en Italie du film de Paul Morrissey Heat avec Joe Dalessandro. Ainsi renommé, les producteurs savaient pertinemment que le public mordrait à l'hameçon imaginant une série érotique fort prometteuse. Il dut être bien déçu! Calore in provincia est un film bien triste, brouillon et bien peu érotique à réserver uniquement aux fervents admirateurs de Monteduro. Les autres se contenteront des courbes d'une brochette d'actrices qu'on a toujours plaisir à voir et revoir. Cela est malheureusement trop peu pour donner un quelconque intérêt au film.
Enzo Monteduro retrouvera encore Montero pour l'absurde Les nuits chaudes de Caligula et l'étonnant Albergo a ore, un des premiers films porno du metteur en scène que l'acteur tourna à contre-coeur sans pour autant le renier aujourd'hui.