Decamerone 300
Autres titres: Plaisirs charnels du nouveau Décaméron / Le nouveau Décaméron 300 / Decameron 300
Real: Renato Savino
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 85mn
Acteurs: Osvaldo Ruggieri, Rosalba Neri, Christa Linder, Emilio Marchesini, Romano Bernardi, Rosemarie Lindt, Vincenzo Ferro, Marco Zuanelli, Giancarlo Bonuglia, Mirella Page, Giuseppe Colombo, Piero Gerlini, Claudio De Davide, Beniamino Maggio...
Résumé: Fiorbalda et son fiancé Falcotto doivent bientôt se marier. Le montant de la dot que leur famille respective leur donnera s'élève à 15000 florins. Ils ne recevront cette somme que si et seulement si Fiorbalda, la fesse légère, arrive vierge au mariage et si Falcotto, fringant jeune homme, ne séduit plus aucune femme. Malheureusement Fiorbalda n'est plus vierge. Les deux tourtereaux vont donc remédier à cela en allant quérir un docteur qui redonnera à la damoiselle ce qu'elle a indignement perdu. Au cours de leur voyage, ils vont vivre bien des aventures...
Sorti dans les salles françaises sous le titre Plaisirs charnels du nouveau Décaméron, connu en vidéo comme Le nouveau Décaméron 300, Decamerone 300 reste à ce jour une des décamérotiques les plus intrigantes quant à ses différentes versions. La copie italienne, particulièrement sage, fait le plus souvent l'impasse sur les scènes érotiques et les plans de nudité alors que celle qui circula en France autrefois est beaucoup plus salace. Mais les différences les plus flagrantes concernent la narration elle même qui s'éloigne assez de l'histoire originale d'où l'absence de certains acteurs cités au générique et l'importance de
quelques rôles qui ainsi varient notamment celui de Rosalba Neri. Reste cependant un point commun entre les deux versions, la faiblesse du film et l'ennui qu'il génère assez rapidement.
Inspiré selon Renato Savino des contes de Boccace, de Pietro Aretino et de Matteo Bandello, Decamarone 300 s'intéresse au couple que forment Falcotto Attelano et Fiorbalda Rampladi, deux futurs mariés dont la dot s'élève à 15000 florins. Cette dot leur reviendra si et seulement si Falcotto, jeune et fringant Dom Juan, cesse de trousser jupons et si Fiorbalda demeure vierge jusqu'au mariage. Si Falcotto n'a pas réellement l'intention de rester sans courir la
gueuse, le principal souci est Fiorbalda qui n'est plus vierge. Il leur faut donc trouver un chirurgien qui restitue l'innocence de Fiorbalda! Accompagnés de Toro, le fidèle serviteur de Falcotto et de Felicia, la nourrice de Fiorbalda, les futurs mariés partent en quête d'un chirurgien qui restitue la virginité de la jeune fille. Chemin faisant ils vont croiser la route d'une femme qui cocufie son mari en prétextant des coliques (ou l'occasion pour Savino d'orchestrer une farandole de pets qui fera rire ceux qui ont l'humour intestinal), un Frère en proie au démon de la chair, des soldats qui profitent des femmes d'un village et d'un mari qui cherche à assassiner son épouse en la poussant à l'adultère. C'est alors qu'il rencontre le
chirurgien de tous les espoirs, une sorte de docteur fou. Malheureusement, un échange de partenaire et c'est la pauvre Felicia qui retrouve son innocence et non pas Fiorbalda. Il fait désormais réparer l'erreur.
Tourné dans les jolis paysages de San Gimignano et de Ceri ainsi qu'aux abords du fleuve Treja et des fameuses cascades de Monte Gelato, voilà qui aurait pu donner au film un certain intérêt mais force est de reconnaitre que Savino ne profite guère des lieux de tournage dont il ne tire aucun parti. Aussi peu mis en valeur leur beauté ne parvient donc pas à retenir l'attention d'un spectateur qui vaincu par la faiblesse de l'ensemble sombre
inexorablement dans une douce léthargie. En fait Decamerone 300 souffre du même problème que la seconde décamérotique du réalisateur tournée l'année suivante, Mamma... li turchi, la faiblesse du budget, apparemment aussi miséreux que les décors, et la platitude de l'ensemble. Toute l'intrigue est basée sur un quiproquo qui sera levé lors du final, prétexte à une suite de saynètes qui s'enchainent de façon plutôt insipide. Le gag rustique, plus spécialement pétomane (ne manque à l'appel que Alvaro Vitali), et la joute verbale grivoise sont sans surprise et manquent nettement de relief d'autant plus que l'absence de fougue fait un peu trop défaut ici. Le niveau reste bas à l'instar de l'interprétation qui sans être
mauvaise n'excède jamais le minimum syndical. Les acteurs se contentent de jouer leur personnage sans y apporter cette bonne humeur, cette folie salace qui définit si bien la décamérotique. Decamerone 300 ne fait que reprendre les codes du genre et en utiliser les ficelles sans y adjoindre l'indispensable truculence. Ainsi banalisé on ne retiendra comme seule originalité que quelques anachronismes comme cette bataille de tartes à la crème dans une boulangerie ou le slip très contemporain que porte Falcotto.
On pouvait se réjouir de la présence de Rosalba Neri mais si belle soit elle elle ne parvient pas à rehausser le niveau d'un film sans âme véritable. Malgré ses quelques efforts,
Rosalba ne parvient pas vraiment à être lumineuse, à donner du corps à cette petite bande grivoise comme le reste de ses partenaires Christa Linder, Rosemarie Lindt en tête tandis que le visage de crooner à l'italienne du déjà trop mature Osvaldo Ruggeri n'est peut être pas à sa place dans la peau de ce jeune fiancé frivole. Ceux qui pensaient pouvoir se rattraper sur l'érotisme plus particulièrement dans la version italienne seront déçus puisque très avare en plans gynécologiques. Ils devront simplement se contenter de quelques seins nus, de quelques derrières flasques et une vision de Rosalba se lavant dans une rivière. Si la version française est plus explicite et donc plus gourmande, on a cependant connu
beaucoup plus enthousiasmant et surtout affriolant dans le genre.
Les deux décamérotiques de Renato Savino restent parmi les plus faibles et les plus anodines. Sans être détestables, elles poussent plus à l'ennui qu'à titiller nos sens, ces fameux plaisirs charnels promis par le titre français. Decamerone 300 est une pellicule égrillarde d'une banalité déconcertante, une simple pièce pour collectionneurs assidus qui de leur coté le regarderont avec une certaine indulgence et retiendront la chanson d'ouverture (L'ape regina), seul moment captivant d'une partition musicale à l'exemple même du film, sans entrain.
De la très courte carrière du cinéaste on ne retiendra finalement que son subversif Grazie signore p... / Orgies Mesdames les putes et son brutal polizesco de pure exploitation I ragazzi della Roma violenta.