Continuavano a mettere lo diavolo ne lo inferno
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Real: Bitto Albertini
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 93mn
Acteurs: Antonio Cantafora, Mimmo Baldi, Mario Frera, Rosemarie Lindt, Renato Baldini, Bruno Boschetti, Giuliana Giuliani, Gennarino Pappagalli, Enzo Sinicatti, Enzo Siniscalchi, Annie Carol Edel, Fortunato Arena, Attilio Dottesio, Anna Montinari, Luciano Bonanni, Alessio Gaspa, Luigi Antonio Guerra, Vittorio Anselmi, Claudio Ruffini...
Résumé: Après avoir pu éviter l'émasculation, le jeune peintre toscan Ricciardo et son compère Martuccio se retrouvent en terre allemande où ils continuent à courir après tout ce qui porte jupons. Jeunes vierges et épouses infidèles en font les frais. C'est alors que Martuccio fait main basse sur un anneau d'or ignorant qu'il a été dérobé au cardinal, lui même en quête de son bien. Supposé appartenir au mercenaire Sigfrid, les deux lurons le lui rendent contraints et forcés. Pour les remercier, Sigfrid les enrôlent parmi ses hommes. Cette situation leur permet de continuer à multiplier les conquêtes féminines même si leur intention secrète est de reprendre l'anneau et de s'enfuir avec. Malheureusement pour eux, le cardinal arrive, fermement décidé à récupérer son bijou...
Suite au succès plutôt inattendu de Metti lo diavolo tuo ne lo mio inferno / Ton diable dans mon enfer qui en Italie remporta plus d'un milliard de lires à sa sortie, Bitto Albertini lui donna l'année suivante une séquelle tout simplement appelée Continuavano a mettere lo diavolo ne lo inferno. On y retrouve donc le jeune peintre d'origine toscane Ricciardo di Montelupone flanqué de son inséparable compère Martuccio, tout deux toujours autant en quête de conquêtes féminines. S'ils ont égaré en route leur troisième partenaire, absent de ce second volet, Ricciardo et Martuccio n'ont par contre rien perdu de leur roublardise, jamais
en manque d'idée pour conquérir de jeunes vierges ou cocufier quelques maris trop jaloux.
C'est en terre teutonne qu'on retrouve donc nos deux fieffés gredins qui vont tout d'abord trouver grâce auprès d'un petit seigneur local qui leur a promis ses deux filles en mariage. A la veille du mariage, après avoir profité de leur innocence, les deux gredins s'enfuient. Déguisés en nonnes, ils trouvent refuge chez des paysans qui leur offrent la chambre de leurs nièces, elles aussi bien innocentes. Inutile de dire que nos deux toscans vont leur faire découvrir les plaisirs du sexe après avoir profité des novices du couvent. C'était sans prévoir l'arrivée d'un mercenaire nommé Sigfrid qui souhaite bien récupérer l'anneau d'or que les
deux coquins lui avaient dérobé quelques jours plus tôt. Jamais à cours de stratagèmes, Ricciardo lui rend l'anneau en lui affirmant que ce déguisement de religieuse n'était en fait qu'un leurre afin de reprendre le bijou aux supposés voleurs. Afin de les remercier, Sigfrid leur intime de venir rejoindre ses rangs. A partir de cet instant, l'intrigue va principalement s'intéresser à l'anneau puisque celui appartient en fait au cardinal qui, parti en mission secrète, va tout mettre en oeuvre pour reprendre son bien et châtier les coupables.Lorsque le cardinal s'aperçoit que les voleurs ne sont en fait que Ricciardo et son compagnon, le sort va de nouveau jouer en faveur des deux lascars qui lui remettront la bague après un ultime
mensonge. En guise de récompense, le cardinal proclame Ricciardo souverain.
Ceux qui ont aimé les aventures galantes de Ricciardo lors du premier volet seront certes contents de retrouver cet invétéré coquin pour ce second opus même s'il faut avouer qu'il est un peu en dessous du premier. Rares sont en effet les suites qui égalent l'original, Continuavano a mettere lo diavolo ne lo inferno ne fait pas exception. Albertini reprend le schéma du premier film à savoir non pas une série de différents sketches comme le voudrait toute bonne décamérotique mais un simple enchainement d'aventures coquines propre à satisfaire la libido de Ricciardo et de son acolyte. Le vol d'un anneau d'or appartenant au
cardinal va dés la seconde partie du film devenir le centre d'une intrigue toujours aussi folle qui va permettre au réalisateur de multiplier leurs aventures. La mise en scène est toujours aussi alerte, le rythme toujours aussi puissant, tout baigne dans la joie et la bonne humeur, le dénominateur commun reste une fois encore l'absurdité des situations mais Albertini semble moins inspiré. L'ensemble manque d'un brin d'originalité, les gags sont prévisibles, pas très recherchés, et l'audace est beaucoup moins au rendez-vous surtout. Ton diable dans mon enfer brillait de par certaines trouvailles particulièrement salaces, osées, où se mêlait dans la plus pure allégresse un nuage de scatophilie et de zoophilie notamment. Le
cinéaste semble vouloir récidiver mais l'inspiration en moins. On se régalera de quelques séquences dont celle où Martuccio doit récupérer l'anneau malencontreusement ingurgité par un manant. S'il ne peut le lui faire recracher il ne lui reste qu'une solution: aller le chercher dans ses selles. Et le voilà donc obligé de triomphalement plonger ses mains dans la merde pour le reprendre. Cette fabuleuse scène fait bien sûr écho à celle, très réaliste, où dans le premier épisode, caché à l'intérieur des toilettes, un des compères de Ricciardo se faisait déféquer sur le visage. Moins efficace cette fois ci, ce passage n'en demeure pas moins sympathiquement nauséabond.
Pour le reste Continuavano a mettere lo diavolo ne lo inferno est essentiellement composé de divers fragments d'historiettes "décameronesques" qui se tiennent bien sûr entre elles mais qui manquent un peu trop de piquant pour réellement égaler celles du premier film. Ricciardo et Martuccio ne sont pas Don Quichotte et Sancho Panza, leurs pérégrinations sont amusantes, ils voyagent aux limbes de l'absurde ( certains anachronismes sont assez inattendus comme cette représentation des deux fanfarons jouant les idoles de la chanson, faux micro en main, chorégraphie à la Clo Clo et strip-tease à l'appui, face à des paysannes séduites) mais faute de sang neuf ces mésaventures tournent un peu en rond comme les
ailes d'un moulin. Lorsqu'il est à court d'idée Albertini se rattrape sur les charmes et la nudité de ses actrices, deux éléments toutefois moins présents que dans le premier opus ou du moins beaucoup plus sage. Le film comporte moins de plans voire quasiment aucun plan de nudité intégrale frontale féminine. Il est exempt aussi de nudité masculine. Ricciardo lui même garde cette fois ses collants lorsqu'il trousse jupons.
Mais la plus grosse différence entre les deux volets reste l'utilisation du personnage de Martuccio interprété par Mimmo Baldi. Pensant tenir la nouvelle star du comique à l'italienne comme l'annonce également le générique, Albertini le met ici en avant jusqu'à parfois lui
faire voler la vedette à Antonio Cantafora, plus bellâtre que jamais. C'est peut être là une erreur. Sorte de clone raté d'Alvaro Vitali qu'il essaie visiblement d'imiter, Mimmo Baldi n'est malheureusement qu'une pâle copie carbone de l'acteur fellinien qui traversa le ciel du 7ème art à la vitesse de l'éclair puisque hormis ces deux décamérotiques, une sexy comédie et la parodie horrifique L'esorciccio il disparut aussi vite qu'il était apparu. Jamais vraiment drôle, Mimmo s'évertue à multiplier les grimaces et à jouer les idiots malchanceux au risque d'irriter le spectateur peu enclin à se laisser aller à ses frasques.
Quelques soient ses défauts Continuavano a mettere lo diavolo ne lo inferno n'en demeure
pas moins une honorable décamérotique, agréable à suivre, une oeuvre modeste, esthétiquement moins belle que l'originale, mais qui fonctionne plutôt bien grâce d'une part à l'ingéniosité de Albertini à savoir user et abuser d'une forme de comique alors très à la mode en Italie, d'autre part à la manière dont il a su donner dans la satire et l'excès. En résulte un film léger, amusant, qui se tient malgré les nombreuses pièces dont il est composé. Ce deuxième épisode toujours tourné au château de Balsorano, rythmé par les belles musiques de Stelvio Cipriani dont un thème principal guilleret qui restera facilement en tête, est également un excellent moyen de revoir une toute jeune Rosemarie Lindt, nue,
rayonnante, de loin une des plus belles actrices de cette décamérotique aux cotés de Annie Carol Edel et d'une pléthore de jeunes inconnues.
Et s'il fallait encore une seule raison pour découvrir cette séquelle, sa rareté en serait une bonne. Continuavano a mettere lo diavolo ne lo inferno fait en effet partie aujourd'hui des films italiens oubliés devenus particulièrement difficiles à visionner. Comme l'anneau d'or de nos joyeux lurons en goguette, lorsqu'on a mis la main dessus on le garde précieusement!