Eroi all'inferno
Autres titres: Heroes in hell / L'enfer des héros
Real: Joe D'Amato
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Drame / guerre
Durée: 90mn
Acteurs: Lars Bloch, George Manes, Carlos Ewing, Luis Joyce, Dick Foster, Rosemarie Lindt, Stan Simon, Edmondo Tieghi, Luciano Rossi, Ettore Mani, Franco Garofalo, Klaus Kinski...
Résumé: Un groupe de prisonniers sont détenus dans un camp allemand. Certains d'entre eux menés par un docteur vont tenter de s'évader. Ils prétendent être atteints de la peste afin d'être transférés. Durant leur transfert, ils parviennent à s'enfuir. Ils rejoignent un groupe de partisans qui se cachent dans la ferme du frère de leur chef. Malheureusement les allemands les découvrent...
Seule incursion de Joe D'Amato dans le film de guerre si on excepte bien des années plus tard Tough to kill qui s'inscrit davantage dans la veine du film d'action/aventures musclé propre aux années 80, Eroi all'inferno est sur bien des points une oeuvre intéressante malgré son coté anodin.
Si l'histoire est en effet des plus simple, un groupe de prisonniers s'évadent du camp où il sont détenus et rejoignent des partisans afin de combattre les nazis, Eroi all'inferno se rattrape d'une part sur sa mise en scène, efficace, et sa galerie de personnages bien dessinés et souvent attachants avec en tête le personnage du docteur que D'Amato transforme vite en une sorte d'anti-héros.
Même si D'Amato utilise la plupart des clichés récurrents à ce type de films, il le fait ici avec une certaine intelligence. Le résultat est souvent sympathique, non dénué d'une touche d'émotion, emmené par une brochette d'acteurs convaincants qui jamais ne tombent dans l'excès ou la caricature.
Si la première partie est assez lente dans son déroulement, la deuxième est quant à elle beaucoup plus vivante réservant une bonne place à l'action même si à aucun moment D'Amato ne cède aux effets faciles ou sanglants. Sur ce point précis, le film reste trés sage au risque de décevoir ceux qui attendaient du réalisateur un déluge de plans gore si on excepte l'extraction douloureuse d'une balle dans une épaule. Il préfère cette fois se concentrer sur l'aspect humain et faire de Eroi all'inferno un simple drame de guerre où amitié et solidarité jouent un beau rôle.
Le film de D'Amato qui emprunta le pseudonyme de Michael Wotruba est intéressant sur un autre aspect, plus technique cette fois, puisqu'il s'agit là d'un des premiers films italiens à utiliser des stock-shots et autres images d'archive insérées dans le métrage lui même. Si souvent le résultat s'avère médiocre ou risible, D'Amato l'a fait de façon soignée et le noir et blanc s'intègre ici trés bien au film sans réellement dénoter de l'ensemble d'autant plus qu'il a eu l'heureuse idée de tourner lui même quelques plans en N/B afin de rendre l'ensemble plus cohérent.
Tourné en scope, Eroi all'inferno bénéficie en outre d'une jolie photographie qui fait la part belle au décor naturel campagnard. En tête d'affiche on retrouvera quelques quelques noms indissociables au cinéma de genre transalpin dont Luciano Rossi en commandant SS, Lars Bloch, un vétéran du western-spaghetti, Ettore Manni ou encore un tout jeune Franco Garofalo dont D'Amato se débarrasse un peu vite. Perdue au milieu de cette distribution masculine, Rosemarie Lindt éclaire le film de sa lumineuse beauté dans la peau d'une partisanne qui vivra une histoire d'amour éclair avec un des prisonniers. On regrettera que Klaus Kinski, ici trés sobre, n'apparaisse que dans les dix dernières minutes dans la peau du général nazi.
Loin des débordements sanglants et de ses futures oeuvres macabres souvent violentes, Eroi all'inferno est une plaisante distraction qui montre une toute autre facette de D'Amato, celui d'un réalisateur qui sait aussi être humain et très sage sans pour autant devenir ennuyant.