Da Corleone a Brooklyn
Autres titres: Corleone à Brooklyn / De Corleone à Brooklyn / Corleone a Brooklyn / From Corleone to Brooklyn / The sicilian boss
Réal: Umberto Lenzi
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Polizesco / Mafia movie
Durée:
Acteurs: Maurizio Merli, Mario Merola, Laura Belli, Van Johnson, Biagio Pelligra, Venantino Venantini, Sonia Viviani, Salvatore Billa, Nando Marineo, Massimo Sarchielli, Tony Askin, Luca Barbareschi, Ugo Bologna, Giovanni Cianfriglia, Ottaviano Dell'Acqua, Bruno Di Luia, Andrea Fantasia, Tom Felleghy, Rocco Lerro, Fulvio Mingozzi, Riccardo Petrazzi, Bruno Rosa, Bruno Romagnoli...
Résumé: Un ponte de la mafia sicilienne fait assassiner son principal rival à Corleone avant de fuir pour New-York. Afin d'être lavé de tout soupçon il doit éliminer l'assassin, un dénommé Scaglia. Le commissaire Berni parvient à arrêter Scaglia avant qu'il ne soit tué. Il a pour mission maintenant de se rendre avec lui à New-York pour qu'il témoigne contre le ponte. Le voyage ne sera pas sans danger pour les deux hommes, les sbires du boss mafieux étant chargées de s'assurer que Berni et Scaglia n'arrivent jamais aux States...
Avec entre autres Sergio Martino Umberto Lenzi peut être considéré comme un des pères du polizesco, le polar à l'italienne. Il tourne son premier polizesco en 1973, Milano rovente / La guerre des gangs (à ne pas confondre avec le film de Lucio Fulci également réalisé en 1979), suivi de La rançon de la peur, deux classiques musclés et trépidants, la marque de fabrique du réalisateur. Alors que le genre s'essouffle et n'a plus grand chose à dire et montrer Lenzi tourne tout comme Fulci son tout dernier polizesco en 1979, De Corleone à Brooklyn, un inattendu mélange de polar traditionnel, de noir et de mafia movie qui n'est pas
sans rappeler le cinéma d'un certain Damiano Damiani.
Après qu'il ait fait assassiner son principal rival à Corleone Michele Barresi, un important boss mafieux sicilien, décide de s'exiler à Brooklyn afin de se sentir plus en sécurité. Mais il doit avant tout se débarrasser de l'homme qui l'a payé pour tuer son ennemi, Salvatore Scaglia, et sa petite amie qui pourrait parler. Le commissaire Berni est chargé de les protéger. Si la jeune femme est très vite tuée Scaglia est quant à lui arrêté. Berni doit maintenant se rendre à Brooklyn avec Scaglia afin que ce dernier témoigne contre Barresi et le fasse condamner d'autant plus que tous les chefs d'inculpation envers lui sont tous
lentement abandonnés. Barresi devrait s'en sortir haut la main surtout que ses hommes sont à l'affût. Ils ont pour mission de tuer Berni et Scaglia avant leur arrivée à New-York. Berni déjoue leurs plans et après bien des péripéties les deux hommes arrivent au procès de Barresi. Contre toute attente Scaglia se rétracte. Barresi sort blanchi du tribunal mais un retournement de situation va changer le cours des choses...
Avec Corleone à Brooklyn Umberto Lenzi signe un polizesco quelque peu différent de ceux auxquels il nous avait jusque là habitué. En effet on est bien plus dans l'optique d'un mafia movie que d'un polizesco à proprement parler. Au péril de sa vie notre commissaire ne doit
pas ici protéger l'honnête citoyen mais un assassin payé par un boss de la mafia pour qu'il le débarrasse de son principal rival. A travers cette dangereuse mission Corleone à Brooklyn se transforme lentement en road movie puisque Berni va devoir se rendre à New-York avec son meurtrier afin qu'il témoigne contre le ponte mafieux, un voyage bien évidemment mouvementé semé d'embûches. On peut donc affirmer que cet ultime polar signé Lenzi est un joli mélange de polizesco, de road movie et de mafia movie qu'on pourrait justement rapprocher d'Un juge en danger de Damiano Damiani à la différence prêt que Lenzi ne s'embarrasse guère ni de justifications ni considérations qu'elles soient politiques
ou sociales. Il se limite à exploiter un filon juteux pour n'en garder que les grandes lignes et faire de son Corleone à Brooklyn un simple film d'action policier sur fond mafieux. En ce sens il pourra décevoir ceux qui en attendraient une certaine dénonciation, les plus exigeants lui reprocheront même d'être plutôt limité, mais les amateurs d'action pourront quant à eux y trouver leur plaisir.
Certes on a connu Lenzi plus inspiré et surtout bien plus brutal mais en l'état Corleone à Brooklyn, porté par une partition musicale optimale de Franco Micalizzi, possède suffisamment de scènes d'action (courses-poursuites en voiture, fusillades, règlements de
compte, meurtres, bagarres, hold-up à l'américaine avec tentative de viol...) pour tenir le spectateur en haleine. Malgré quelques lenteurs et quelques passages un peu bavards la réalisation est efficace et ne laisse place à aucun temps mort. Toujours professionnel il parvient même à créer par instant un certain suspens qui apporte un intérêt en plus à ce voyage qui nous entraine de Palerme à New-York, la grosse Pomme sous la neige, l'occasion de nous faire traverser le fameux pont de Brooklyn pour mieux nous emmener vers un final amer mais qui verra cependant la justice triompher.
L'interprétation est de qualité. On retrouve dans la peau du commissaire Berni l'immuable
moustache et le brushing impeccable de Maurizio Merli toujours aussi vigoureux lorsqu'il s'agit de remplir ses missions, même si époque oblige, il est désormais un peu plus modéré. Il forme un tandem parfait avec Biagio Pelligra (Scaglia), on sent entre eux une certaine alchimie qui donne à l'ensemble un peu plus de nerf encore. Mario Merola incarne un Barresi tout à fait crédible. Après Sgarro alla camorra en 1973 et Napoli serenata calibro 9 c'est la troisième incursion de Merola dans le mafia movie, un genre dont il fera sa spécialité et sur laquelle reposera quasiment toute sa carrière de comédien, Merola étant à la base chanteur. Il nous épargne par contre ici ses mélodies napolitaines dont il est là
encore le grand spécialiste. A leurs cotés on retrouve de grands noms du cinéma de genre dont l'indispensable et polyvalent Venantino Venantini, Salvatore Billa, Ugo Bologna et Tony Askin. En guest star Lenzi convie le vétéran américain Van Johnson à interpréter le lieutenant Sturges. Laura Belli est ici l'atout féminin. Sonia Viviani alors dans le creux de la vague disparait malheureusement très vite, tuée au bout de quelques minutes seulement. Ceux qui ont l'oeil reconnaitront Luca Barbareschi (Cannibal holocaust) dans le furtif rôle d'un flic américain (Luca était alors étudiant en arts dramatiques à New-York) et apercevront le temps d'un caméo une des futures stars de l'âge d'or de la pornographie italienne,
Bruno Romagnoli traverser l'écran dans la blouse blanche d'un infirmier.
Pour son dernier polar, un polar qu'on peut définir comme de seconde génération, Umberto Lenzi en bon professionnel qu'il est signe une honnête pellicule, aussi sympathique que divertissante. Tardivement sorti à la sauvette dans les salles françaises en 1983 Corleone à Brooklyn n'a rien d'original mais il a le mérite de faire passer au spectateur un agréable moment. C'est aussi le dernier véritable bon film que tourna Maurizio Merli avant son inexorable déclin à l'amorce des années 80.