Jean-Claude Verné: le play-boy possédé
Il fait partie de ces étoiles filantes aussi éphémères qu'un feu de paille qui brillèrent dans le firmament du cinéma de genre transalpin le temps d'une poignée de films seulement puis très vite s'éteignirent avant de disparaitre sans laisser de trace si ce n'est celle de leur doux visage. Son heure de gloire fut courte puisqu'elle ne dura qu'une petite année, entre 1975 et 1976, mais les amateurs de sexy comédies et surtout les inconditionnels de films de possession démoniaque doivent sûrement se rappeler sa juvénile blondeur, son visage poupin, ses yeux noisette qui illuminèrent les trois films dont il fut un des principaux protagonistes avant de se muer en simple figurant. Le Maniaco se devait de faire revivre le temps d'une biographie le bel éphèbe aux cheveux longs afin de lever quelque peu le voile sur l'énigmatique Jean-Claude Verné.
Né en 1957 à Pordenone, une des régions du Frioul, Jean-Claude Verné dont le véritable nom était en fait Corrado Verne s'était installé à Bolzano, une ville située dans la partie nord de l'Italie prés de la frontière helvète. La première apparition au cinéma de Jean-Claude remonte à 1971 alors qu'il n'a qu'une toute petite quinzaine d'années. Il fait en effet une apparition non créditée, une simple figuration muette dans Mort à Venise de Lucchino Visconti. L'oeil exercé le repèrera parmi les jeunes copains de Tizio. C'est Mario Imperoli qui lui ouvre réellement les portes du 7ème art en 1975 en lui offrant à tout juste dix-huit ans le
rôle masculin principal de sa sexy comédie Le dolci zie. Il y interprète le jeune Libero, un adolescent en vacances chez ses trois tantes qui désirent sa garde afin de satisfaire leurs désirs incestueux. Jean-Claude doit donc affronter pour notre plus grand plaisir les assauts de Femi Benussi, Pascale Petit, Orchidea De Santi et la plantureuse Marisa Merlini mais c'est dans les bras de Patrizia Gori qu'il perdra finalement sa virginité.
Fort à l'aise dans cette comédie où il dévoile son corps d'éphèbe notamment lors d'une inoubliable scène de sculpture très drôle durant laquelle Femi Benussi tente de reproduire
son sexe en érection, Jean-Claude change cependant de registre. Il enchaine en effet sur un film d'horreur dans la lignée de L'exorciste, l'intéressantBacchanales infernales / Un urlo dalle tenebre. Il y retrouve Patrizia Gori, sa partenaire de Le dolci zie dont il joue cette fois le frère possédé par le Démon. Si le film devait être tourné à la base par Elo Panaccio qui le terminera cependant, c'est finalement Franco Lo Cascio, alors époux de Patrizia, qui en prendra les commandes suite à de nombreux changements de scénario et de différends avec les producteurs. Dans le scénario original, ce devait être un enfant qui devait être
possédé mais au final, l'idée fut abandonnée au détriment d'un jeune homme afin de pouvoir insérer des scènes érotiques. C'est ainsi que le rôle revint à Jean-Claude ce qui selon Patrizia ne fut pas une excellente décision. Le jeune acteur se retrouve par la force des choses envouté par un étrange médaillon trouvé dans une rivière et qui lentement va le transformer en un hideux démon.
Après l'obscurité des Enfers le jeune acteur retrouve l'univers solaire de la sexy comédie. Il est Simone, un des protagonistes de Una bella governante di colore / Poupées sur canapé
de Luigi Russo. Fils incorrigible et foncièrement antipathique d'un industriel joué par Renzo Montagnani, il n'a de cesse d'engrosser les bonnes que recrutent son père qui va alors embaucher une gouvernante de couleur. Il ne faudra guère de temps à Jean-Claude pour tenter une fois encore de séduire la jolie domestique interprétée par la malicieuse érythréenne, la pasolinienne Ines Pellegrini, au grand dam de Marisa Merlini, une de ses tantes dans Le dolci zie, qui incarne cette fois sa malheureuse mère. Jean-Claude nous gratifie là encore de quelques plans de nu dont un dorsal magnifique lors d'une séance de
peinture assez spéciale. Ces Poupées sur canapé est aussi l'occasion pour Jean-Claude de retrouver Orchidea De Santi, elle aussi au générique de Le dolci zie.
Ce sera malheureusement le dernier film dans lequel Jean-Claude interprète un personnage de premier plan puisque par la suite il devra se contenter de rôles de second plan quand il ne s'agit pas de simples figurations. On le voit ainsi à l'affiche de Gli amici di Nick Hezard, un polar parodique de Fernando Di Leo où il est un des complices de Luc Merenda et le jeune amant de Luciana Paluzzi. Suivra Cuore di cane de Alberto Lattuada
pour qui il tourne également la même année la comédie douce amère Oh Serafina!. Dans le premier il est le jeune danseur russe homosexuel avec qui Cochi Ponzoni entame un kazatchok effréné. Dans le second il est le temps d'un baiser suave le frère incestueux de Dalila Di Lazzaro. C'est chez Federico Fellini que sonnera en 1976 le glas de sa courte carrière. Le spectateur qui a l'oeil le reconnaitra furtivement dans Fellini-Casanova parmi les invités d'une des fêtes orgiaques données par Casanova (Donald Sutherland).
Jean-Claude est retourné par la suite au plus total anonymat et s'est volatilisé semble t-il sans laisser de traces si ce n'est celle de ce séduisant jeune homme poupin qui sans être un grand acteur sut mettre un peu de fraicheur juvénile et de bonne humeur dans le paysage de l'amateur de cinéma de genre par le biais d'oeuvrettes aussi anodines fussent elles.
Jean-Claude si par le plus grand des hasards tu nous lisais, les portes du Maniaco te sont grandes ouvertes.