Un urlo dalle tenebre
Autres titres: Bacchanales infernales / Hurlements dans les ténèbres / Le tueur de la nuit / Le malin / L'oeil de la colère / Cries and shadows / Naked exorcism / The return of the exorcist / Screams in the dark / The exorcist 3
Real: Franco Lo Cascio / Elo Pannaccio
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 78mn
Acteurs: Patrizia Gori, Jean-Claude Verné, Françoise Prévost, Richard Conte, Mimma Monticelli, Franco Garofalo, Sonia Viviani, Elena Svevo, John Ely, Filipo Perego, Giuseppe Talarico, Rita Orlando, Franco Lo Cascio...
Résumé: Barbara vit avec son fils Piero, un adolescent qui semble avoir un comportement de plus en plus étrange depuis qu'il a aperçu au bord de l'eau une énigmatique femme. Sa mère fait alors appel à la soeur de Piero, une jeune nonne de retour d'une mission en Afrique. Elle ne tarde à comprendre que son frère est possédé par l'esprit d'une succube. Après la mort de plusieurs amis de la famille, un prêtre exorciste est appelé pour venir en aide au jeune homme...
Avant tout chose, il est important de revenir sur la genèse de ce film qui, comme bon nombre d'oeuvres d'alors, tente d'exploiter le succès de L'exorciste de William Friedkin. Un urlo dalle tenebre connu notamment chez nous sous le titre alléchant de Bacchanales infernales (ce film est en fait connu sous une kyrielle d'autres titres) a beaucoup souffert des problèmes de production qui se sont abattus sur la fin du tournage.
Si le titre original, L'esorcista 2 dut être changé pour des raisons de droits ce sont surtout les désaccords entre un des futurs pionniers du hardcore italien Franco Lo Cascio et le producteur Otello Cocchi qui allèrent faire du film un produit bâtard qui explique son coté souvent désordonné parfois peu sérieux. Si Franco Lo Cascio décida soudain d'en faire une comédie horrifique la maison de production le força à respecter le scénario original et d'y ajouter de nombreuses scènes supplémentaires afin d'augmenter le contenu érotique du film et de le présenter au public comme tel.
A ces déboires se rajoutèrent les scènes tournées par Elo Pannaccio après que Lo Cascio ait quitté le plateau puisque le film en l'état était beaucoup trop court. Il fut donc rallongé puis remonté. Ainsi naquit la version que nous connaissons , une version que Lo Cascio renia. La paternité du film en revint tout naturellement à Elo Pannaccio.
Bacchanales infernales souffre avant tout d'une mise en scène approximative, d'une interprétation peu convaincante et d'un scénario souvent trop confus. Ainsi, certaines séquences ne trouvent guère de justification comme ces orgies démoniaques qui se déroulent sous la férule d'un prêtre sataniste et interviennent à intervalles réguliers lors des crises de possession de l'adolescent. Les scènes de sexe souvent très osées, pour
l'époque s'entend, sont d'ailleurs un des principaux éléments du film qui assez vite bascule dans la plus pure sexploitation ce que semble être Bacchanales infernales. Sous prétexte de possession démoniaque le film passe en effet le plus clair de son temps à multiplier des scènes de nu ou à contenu fortement sexuel. Outre les orgies satanistes tant hétérosexuelles qu'homosexuelles et le viol de la mère de l'adolescent, on ne compte plus le nombre de fois où Lo Cascio déshabille sa malheureuse nonne interprétée par la fragile Patrizia Gori. Fort investie dans son rôle, Patrizia tente de porter le film sur ses frêles épaules avec le professionnalisme et le talent qu'on lui connait, tout le mérite lui en revient et ses admirateurs seront une fois de plus ravis de la voir quitter régulièrement sa défroque de religieuse pour se montrer nue.
Un urlo dalle tenebre repose sur les relations d'un adolescent, Piero, possédé par une étrange amulette diabolique, et sa jeune soeur, une nonne fragile totalement déstabilisée par l'arrivée du Diable en sa demeure. Sur cette base peu originale, Lo Cascio use et abuse de toutes les ficelles du genre: langage ordurier, scène de vomi, visage défiguré et tête qui tourne, meurtres aussi illogiques que sanglants (la gorge tranchée de la petite amie de Piero au moment même où il tranche la gorge de la succube), obscénités sexuelles, objets propulsés et lit tournoyant, nuits orage et orgies païennes... Lo Cascio applique consciencieusement la recette tout en arrosant le tout de couleurs rouge et verte agressives, l'ensemble rythmé par la tonitruante partition musicale signée Giuliano Sorgini. Mais force est de constater que sans être réellement ennuyant la mise en scène manque singulièrement de force.
Arrive le personnage de la jeune nonne qui à son tour subira les tourments du démon responsable des tourments de son frère, une succube jadis née de l'incubation de l'enfant du Diable dans le ventre d'une paysanne de mauvaise vie. C'est peut être là le principal atout du film puisque la performance de Patrizia Gori, alors épouse du réalisateur, qui pour l'occasion se rasa le crâne est absolument étonnante. Patrizia à qui le projet tenait fort à coeur est le véritable atout de ce film qui se conclura par le très attendu exorcisme qui risque d'en décevoir plus d'un cette fois. Le pauvre Richard Conte alors fort utilisé par le cinéma
italien notamment dans le polar incarne pour son dernier rôle à l'écran, il mourra quelques mois plus tard, un bien fade prêtre exorciste qui passe son temps à arpenter la chambre du possédé sans pratiquement prononcer un seul mot. Sa présence éclair ne contribue guère à relever et surtout pimenter cet exorcisme, une séquence qui de manière générale se doit d'être le clou de ce type de film. Aussi rapide que raté, il est tout de même ouvert de manière fort drôle par le jeune possédé qui tente d'imiter Linda Blair en lançant un tonitruant "Vai a leccare il culo del tuo impresario" devenu en français "Prêtre de mes couilles, va lécher le cul de ton Dieu"!
Le final quant à lui lorgne sévèrement vers celui de Malabimba puisqu'il reprend la scène du sacrifice de Mariangela Giordano lorsque Patrizia Gori décide de se sacrifier en se jetant du haut de la tour du château afin que son frère soit à jamais délivré du Mal.
Malgré tous ces défauts Bacchanales infernales n'est pas le pire des sous Exorciste que l'Italie ait commis. Tourné près des fameuses cascades de Gelato et à Calcata, il reste malgré les déboires auxquels il dut faire face un gentil divertissement diabolique jamais réellement ennuyant qui lors de trop brefs instants parvient à dégager une certaine atmosphère inquiétante parfois même malsaine (les plans en teinte sépia d'aliénés mentaux en pleine crise d'hystérie qu'on doit à Elo Pannaccio).
Plus qu'un film sur la possession démoniaque Un urlo dalle tenebre est avant tout un pur euro-trash qui penche définitivement vers la sexploitation.
Aux cotés de Patrizia Gori et Richard Conte, on reconnaitra la pauvre Françoise Prévost entrainée malgré elle dans cette histoire pour la simple raison qu'elle était la meilleure amie de la mère de Lo Cascio, une toute jeune Sonia Viviani, Mimma Monticelli incarne une incube obscène, Franco Garofalo apparait et disparait dans la défroque d'un prêtre sataniste tandis qu'on reconnaitra Salvatore Baccaro parmi les participants de l'orgie.
C'est le fort séduisant mais quelque peu maladroit Jean-Claude Verné, pseudonyme sous lequel se cache l'italien Corrado Verné, un habitué des sexy comédies d'alors, qui prend ici la place de Linda Blair.
Patrizia Gori confesse qu'au départ le rôle devait être joué par un enfant mais vu les problèmes évidents que cela posait, les scénaristes transformèrent le personnage en jeune homme. Franco Lo Cascio fait quant à lui un bref cameo dans le rôle du photographe ami de la famille.
Jadis distribué en France dans une copie mutilée dans les circuits X, Un urlo dalle tenebre reste un film brouillon qui se laisse cependant gentiment regarder le sourire aux lèvres et satisfera dans un sens les amateurs de pur euro-trash pour son contenu ouvertement sexuel mais qui malheureusement n'effraiera guère les amateurs de frisson sataniques. Vu les déboires qu'il connut tout au cours de sa réalisation, on sera magnanime et on lui pardonnera bien volontiers.
Signalons que le montage italien est quelque peu différent de celui de la version française courante qui débute par une messe noire et un sacrifice. Dans sa version italienne le film s'ouvre sur un discours papal assez percutant sur fond d'images du Vatican et de l'adolescent possédé attaché à son lit.