Le avventure dell'incredibile Ercole
Autres titres: Les aventures d'Hercule / The adventures of Hercules / Hercules 2
Real: Luigi Cozzi
Année: 1985
Origine: Italie
Genre: Heroïc Fantasy
Durée: 88mn
Acteurs: Lou Ferrigno, William Berger, Milly Carlucci, Raf Baldassarre, Venantino Venantini, Ferdinando Poggi, Claudio Cassinelli, Sonia Viviani, Laura Lenzi, Margit Evelyn Newton, Maria Rosaria Omaggio, Cindy Leadbetter, Serena Grandi, Pamela Prati, Eva Robin's, Carla Ferrigno...
Résumé: Zeus est furieux. On lui a volé sept de ses éclairs magiques alors que sur Terre de jeunes vierges sont sacrifiées et jetées en pâture à un monstre. Le dieu des Dieux fait appel à Hercule afin qu'il retrouve ses précieux biens. Hercule débarque sur Terre. Sur sa route, il rencontre deux jeunes soeurs qui ont décidé de mettre un terme aux sacrifices des pucelles. Hercule découvre que chacune des créatures qu'il combat et tue détient un des éclairs de Zeus. Le trésor divin récupéré, Hercule va devoir combattre Minos qui est à l'origine du vol des éclairs...
Avant toute chose il est assez fascinant de connaitre la genèse des Aventures d'Hercule car son histoire est aussi romanesque qu'un récit mythologique. Engagé pour tourné deux peplum en Italie, Lou Ferrigno, l'inoubliable interprète de Hulk, se retrouva au centre d'un véritable coup fourré. Après le premier volet, Hercule, mis en boite par Luigi Cozzi et la fin du tournage des Sept gladiateurs de Bruno Mattei, Ferrigno se vit contraint de tourner un troisième film sous la direction de Cozzi qui venait de retoucher les Sept gladiateurs, le résultat final n'ayant pas plu du tout aux producteurs de la Cannon. Dans la foulée, ils
demandèrent à Cozzi de donner une séquelle à Hercule en reprenant Ferrigno de retour pour les scènes additionnelles et retouchées des Sept Gladiateurs. Malheureusement pour Ferrigno, la Cannon change soudainement d'avis, les nouveaux rushes du film de Mattei ne sont pas retenus pas même le script récrit par Cozzi à qui il ne reste désormais que l'ébauche de son nouveau Hercule. Pris par le temps, il est impossible au réalisateur de tourner un film complet, il devra alors se débrouiller comme il peut en se passant en outre de Ferrigno une partie du film. Ce dernier dut partir entre temps tourner le catastrophique Sinbad de Castellari. C'est donc à un labeur digne des fameux travaux d'hercule auquel Cozzi dut faire face, nous offrant un incroyable film au rabais.
Et financièrement parlant, cette suite est également au rabais passant sans aucun mal pour une jolie arnaque. Absence de budget et de temps obligent, une bonne partie du film est composée d'images du premier volet notamment les dix premières minutes, le temps d'un générique interminable, qui en reprend les moments les plus "intenses", Cozzi nous ressert également les décors spatiaux et les effets laser de Starcrash et de Hercule, il n'y a ainsi pas de gâchis, tout se recycle. Quant à la bande musicale, c'est l'intégralité de celle du chapitre précédent. Cela ne serait pas bien grave si Les aventures d'Hercule avait été réussi ce qui est loin, très loin d'être le cas puisqu'il bat en ridicule et en absurdité le premier tome qui ne volait déjà pas bien haut.
Fan invétéré de science-fiction, Cozzi, toujours aussi persuadé dans sa mégalomanie d'avoir tourné le plus grand film de S.F de tous les temps avec Starcrash, avait imaginé que Hercule était né sur la lune et que les Dieux vivaient dans l'espace d'où cet hybride entre heroïc fantasy et space opera affublé d'une panoplie étonnante d'effets optiques et de lumière. La suite est identique mais décuple le nombre d'effets optiques dans un festival de couleurs criardes. S'il fallait résumer le film, on ne raconterait pas l'histoire qui tiendrait sur un confetti mais on ne parlerait que de cette avalanche de rayons laser, boules de lumière et autres monstres animés, car oui, une partie des créatures du film sont des créatures de dessins animés, Cozzi n'ayant plus d'argent pour boucler son travail. Encore mieux. Lou Ferrigno n'étant plus disponible pour tourner ses ultimes scènes, il fut remplacé par un Ferrigno animé du plus mauvais effet! Voilà qui laisse entrevoir le n'importe quoi de ces nouvelles aventures du mythique héros!
Après les douze travaux d'Hercule voilà donc les sept tâches du héros légendaire qui sous l'ordre de Zeus, furieux, doit retrouver les sept éclairs magiques qu'on lui a dérobé. Parallèlement, deux soeurs, les très sexy Urania et Glaucia, doivent trouver un moyen d'empêcher le sacrifice de jeunes vierges. Leur route croiseront celle d'Hercule en quête des voleurs d'éclairs qui s'avéreront être également à l'origine du massacre des pucelles ou comment faire d'une pierre deux coups et ramener la sérénité dans l'univers. Voilà un scénario-éclair qui n'est en rien un éclair de génie bien au contraire même si Cozzi s'est toujours pris pour ce qu'il n'a jamais été, un surdoué de la pellicule. Toujours aussi influencé
par Star wars, ce deuxième Hercule s'ouvre sur un générique fortement influencé une fois de plus par le film de Lucas durant lequel il nous résume pendant près de vingt minutes les performances de son héros dans le premier opus, histoire de gagner du temps et tenter d'atteindre les 90 minutes réglementaires. Il introduit maladroitement l'histoire des éclairs divins et du sacrifice des vierges puisqu'il faut bien une trame narrative à ce nouvel épisode. Mais l'absence de Ferrigno se fait ressentir, il doit combler comme il peut en multipliant notamment les mêmes plans de l'acteur plusieurs fois de suite, profitant de ses rares jours de présence sur le plateau. Si on s'ennuie ferme et c'est malheureusement le cas, on pourra
toujours compter le nombre de fois où Cozzi les réutilise dans un laps de temps relativement très court. C'est peut être mieux que de compter des moutons. Le temps passe et il ne se passe rien. Comme Cozzi ne peut pas toujours reprendre des plans de son culturiste d'acteur il multiplie donc les scènes de dialogues. Les Dieux bavardent entre eux, les deux soeurs discutent entre elles, tout le monde papote et même le spectateur qui, las, commence à raconter sa journée à son voisin. Les scènes d'action n'ont le plus souvent aucun lien entre elles, elles ne servent qu'à allonger le métrage. Lorsque enfin Hercule apparait surgi du néant, c'est pour jouer du biceps, le corps oint d'huile, lors de combats
miteux contre des monstres hilarants dont ces hommes chiffon voltigeurs, ces hommes lumière, ces mangeurs d'âme, le pauvre Minos lanceur d'éclairs ou ces hommes boue sauteurs si grossièrement maquillés qu'on les croirait issus du Muppet show. On oubliera la pauvre Méduse, une maquette ratée animée en stop motion ratée, calquée entièrement sur l'inoubliable séquence du Choc des titans, une des nombreuses références cinématographiques utilisées par Cozzi, grand pilleur pelliculaire devant Zeus. Quant au final il vaut à lui seul le détour. Voilà un grand moment de cinéma et de surtout de système D puisque définitivement privé de son principal protagoniste, il le remplace par un personnage
de dessin animé d'une laideur sidérante, une sorte de version lumineuse de la célèbre Linea durant laquelle notre Hercule et ses différents assaillants vont se transformer en tout et n'importe quoi en l'espace de dix minutes, le temps que dure cette farce grotesque qui après quelques derniers bavardages entre des Dieux heureux prendra finalement fin.
Les aventures d'hercule est une des plus belles arnaque que le cinéma italien nous ait offert, une sorte d'immense poubelle d'où on a ressorti ce qu'on pouvait pour créer un film à partir de détritus et de quelques pièces neuves. On aurait pu en rire, on aurait pu se divertir avec ce bric et ce broc, on aurait même pu trouver ça génial mais le film est d'un tel ennui, si
pathétique, tellement vite assommant qu'il faut un courage herculéen pour tenir jusqu'à l'ultime minute sans avoir eu recours à la touche Avance rapide. Nullissime, ennuyeux, ridicule, Les aventures d'hercule n'offre en fait que trois intérêts. Le premier est de nous offrir un festival de sexy starlettes qui étrangement ont aujourd'hui toute oublié le film, à savoir Sonia Viviani en fin de carrière, Margit Evelyn Newton juste avant qu'elle n'entre dans l'écurie Schacchi pour y tourner des polissonneries de plus en plus osées, Milly Carlucci quelques années avant de devenir une star télévisée, l'éphémère Cindy Leabetter très vite tuée, Serena Grandi, Pamela Prati et même l'hermaphrodite Eva Robin's entourés des vétérans
William Berger, Venantino Venantini et Raf Baldassarre toujours autant en villégiature. Le deuxième c'est cette débauche de couleurs chatoyantes, cette flamboyance multicolore qui visuellement parlant est très belle associée à de très jolis costumes, certes de carnaval, mais fort beaux tout de même, comme si tout le budget avait servi à leur confection. Quant au troisième intérêt du film, LE véritable intérêt, c'est tout simplement que cette séquelle est un des plus bel exemple de ce que le cinéma de genre, le cinéma Bis transalpin pouvait alors faire pour sortir un film et engranger de l'argent, tout ce cynisme et cette hypocrisie qu'on adore d'un cinéma dont l'Italie s'était faite la spécialiste. Une telle confection reste aujourd'hui fascinante et voilà peut être pourquoi Les aventures d'hercule mérite sa place dans toute bonne vidéothèque pour petit bissophile averti.