Un'ombra nell'ombra
Autres titres: Les vierges damnées / Ring of darkness / Satan's wife
Real: Pier Carpi
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 106mn
Acteurs: Marisa Mell, Lara Wendel, Anne Heywood, John Philip Law, Ian Bannen, Irene Papas, Valentina Cortese, Ezio Miani, Sonia Viviani, Marina Daunia, Dirce Funari, Patrizia Webley, West Buchanan, Carmen Russo, Sofia Dioniso...
Résumé: La jeune Daria a 13 ans. Révoltée, méchante, rebelle, elle va découvrir qu'elle est le fruit de l'union de sa mère Carlotta et de Lucifer. Carlotta veut désormais retirer sa fille des griffes de Satan. Elle va se dresser contre lui entourée de ses amies qui elles aussi faisaient partie de cette secte diabolique. Ainsi défié, Lucifer va se venger à travers les enfants de chacune d'elle...
Un'ombra nell'ombra, tiré du roman éponyme du réalisateur Pier Carpi, fait partie de ces petits films traitant de satanisme qui sortirent à la fin des années 70 et se fondirent assez rapidement dans l'anonymat. Celui ci n'échappe pas vraiment à la règle d'autant plus que sa rareté et les mystères qui entourent sa réalisation en ont fait au fil du temps une pièce recherchée des collectionneurs. En effet bien difficile est de savoir aujourd'hui quelle est la durée exacte du film mais également quel fut son montage initial puisque indubitablement la copie en circulation est une version amplement mutilée de quasi 20 minutes (les quelques 106mn originales sont ramenées à 85) au montage maladroit quelque peu fouillis. Faire la critique d'un film dont bon nombre de passages semblent avoir disparu n'est par conséquent pas très objectif. Cela peut donc expliquer le coté brouillon et par moment obscur de l'ensemble, une raison d'être indulgent avec ce petit film sataniste.
Quoiqu'il en soit on est ici face à une confrérie de sorcières qui tentent de se révolter contre Lucifer, leur Maitre, lorsqu'elles réalisent que leurs enfants sont à sa merci tandis que l'un d'entre eux, la jeune Daria, une adolescente d'une quinzaine d'années, a été choisie par le Diable pour être son héritière.
Si Un'ombra nell'ombra reprend sans guère d'originalité le thème classique de l'enfant du Diable et de l'Antéchrist, cette étrange petite série plutôt lente et monotone possède pourtant un certain charme. Le film de Carpi s'il se veut une sorte de condensé de L'exorciste et de The Omen fait par bien des aspects également penser à To the devil a daughter de Dennis Wheatley ne serait ce que par sa jeune héroïne, Nastassia Kinski étant ici remplacée par la joufflue Lara wendel. Force est de reconnaitre que le principal intérêt du film provient de sa présence. Profitant du scandale encore tout chaud de La maladolescenza sorti l'année précédente et du statut de nouvelle nude teen star de Lara, Carpi se plait à déshabiller totalement la jeune lolita, peu avare de ses charmes, qui affiche ses formes nubiles lors d'insolents plans de nudité intégrale. Vu sous cet angle, Un'ombra nell'ombra peut facilement se rattacher au courant de l'euro-sleaze transalpin d'alors. Le jeu de comédienne plutôt limité de la jeune adolescente est loin d'égaler celui de Linda Blair. Lara se contente de froncer les sourcils et de faire la moue en hurlant des insultes à sa mère dépassée par les pouvoirs magiques de sa fille. Si elle ne parvient jamais à être réellement effrayante à l'instar du jeune comédien qui interprétait Damien Thorn enfant, Harvey Stephens, son personnage n'en est pas moins inquiétant.
Finalement, pour Carpi, la prise de conscience de Daria quant à ses origines et ses pouvoirs est montrée ni plus ni moins comme une simple crise d'adolescence. L'adolescente passe ainsi son temps à défier sa mère, lui répondre, l'insulter et être une odieuse peste pour son entourage scolaire. Inoffensif certes même si certaines séquences ont par instant quelque chose de dérangeant.
Malheureusement pour Carpi, on a bien du mal à croire à cette histoire d'Antéchrist souvent stupide, de mères-sorcières rebelles qui s'inquiètent soudain pour leurs enfants et déblatèrent des dialogues oscillant souvent entre le ridicule et le mélodramatique. Avec en poche un budget de misère, Carpi utilise toutes les ficelles du genre (bougies, pentacles, rites sataniques, discours ésotériques bas de gamme sans oublier l'exorcisme final bien peu convaincant cette fois...) pour tenter d'instaurer une certaine atmosphère à son film mais seule la musique de Stelvio Cipriani apporte un semblant de terreur à l'ensemble. Au final Carpi ne parvient guère à élever son film au delà du simple niveau d'un banal film d'exploitation.
Les acteurs semblent tous autant qu'ils sont quelque peu perdus, bien peu convaincus par leur personnage, Ian Bannen en tête en joueur d'échecs alcoolique et proxénète, le pauvre John Philip Law en prêtre exorciseur dépassé par les évènements. Ils sont entourés de biens décoratives plantes, un bel éventail de victimes qui passent leur temps à rouler des yeux de merlans frits pour simuler l'ébahissement, parmi elles Irene Papas, Valentina Cortese et Anne Heywood que Carpi déshabille rapidement lors du maléfique combat entre elle et sa fille sans oublier la pauvre Marisa Mell qui sortait d'un autre diablerie L'osceno desiderio ainsi qu'une pléiade de sexy starlettes qui parfois sont à la limite du cameo, Sonia Viviani, Dirce Funari, Patrizia Webley, Carmen Russo, Sofia Dioniso et Marina Daunia.
Carpi, grand spécialiste d'ésotérisme et d'occultisme, biographe, auteur de bandes dessinées et écrivain, apporte volontairement ou non une note très kitsch à son film. On sourira devant ces danses rituelles et la présence d'un Lucifer en col roulé bien peu crédible joué par Ezio Miani, un des cruels officiers SS de Le lunghe notti della gestapo.
On retiendra par contre les ultimes images plutôt téméraires puisque Un'ombra nell'ombra ne cède cette fois à aucun happy end. Daria, plus forte que jamais, se fait déposer en taxi devant le Vatican, prête à s'attaquer au pape.
Malgré son coté bâclé et maladroit, Un'ombra nell'ombra demeure cependant une petite série étrange qui mêle le kitsch à une atmosphère par moment sombre en flirtant régulièrement avec l'exploitation et le trash de bon aloi. Voilà qui est suffisant pour que l'amateur trouve un certain plaisir à visionner cette diablerie à l'italienne.