Barbara Bouchet: De la misère à la gloire
Comme son nom ne l'indique pas, la belle Barbara, née le 15 aout 1943, nous vient des contrées slaves, plus exactement d'un petit village situé prés de Prague, Reichenberg. De ses origines slaves, Barbara en a gardé la blondeur et le visage si charmant qui illuminèrent toute une période du cinéma italien.
De son enfance , Barbara n'a guère de souvenirs. L'invasion russe l'obligea, elle et ses parents, a souvent déménagé et elle ne garde en mémoire que la peur qui marquait le visage de son père.
De son vrai nom Barbara Gutscher, Bouchet est en fait le nom de sa mère Ingrid, d'origine allemande, la future star et sa famille se réfugièrent au fin fond de la Bavière où vivait le frère germain de sa tante. Ils s'installèrent et travaillèrent dans l'usine familiale. C'est ici que naquirent les frères et soeurs de Barbara avant que toute sa famille ne déménagent à nouveau pour cette fois Monaco où son père devint photographe. La jeune fille n'avait alors que dix ans. Sa mère avait quant à elle souvent de petits rôle dans des productions allemandes.
C'est alors que Barbara va découvrir un film qui va la bouleverser. Il dépeignait la vie d'une jeune ballerine. Ceci va déterminer la jeune fille à apprendre la danse classique et rentrer au Münich opera ballet. C'est durant cette période que ses parents décident d'immigrer aux Etats-Unis. Le voyage sera long et difficile, la vie américaine à laquelle les Gutscher ne sont pas habitués leur réserve bien des désagréments. Barbara et sa mère vont travailler dans les plantations de coton tandis que son père conduit les tracteurs. La vie est difficile et ne leur permet guère de mettre de l'argent de coté. En tant qu'exilés, rien ne leur est épargné et l'Amérique ne leur facilite pas les choses. Barbara en souffre et sa belle Bavière lui manque.
Un concours de circonstances va alors tout changer. Un des petits camarades de Barbara avait envoyé à son insu une photo d'elle à un jeu télévisé. Barbara va se voir remporter le premier prix: un séjour à Hollywood et une rencontre avec l'animateur James Darren. Si la rencontre ne se fera pas, le séjour lui aura bel et bien lieu. Les événements vont alors s'enchaîner pour l'adolescente. Elle gagne un concours de beauté et apparait dans un spot publicitaire qui vante les mérites d'une perruque. C'est à cette époque que Barbara décide de devenir actrice. A quinze ans, elle se sent en effet assez mature et sûre d'elle pour y parvenir. Elle s'installe chez une amie de son père et s'inscrit au Hollywood Professional School où elle y côtoie des noms aussi prestigieux que Ryan O'Neal et Ali Mc Graw.
Repérée par le mari de Doris Day, elle se voit offrir un petit rôle dans Bad Time Story aux cotés de Marlon Brando et David Niven. Barbara va dés lors apparaitre furtivement aux cotés de nombreuses stars telles que Jack Lemmon pour The Best Man, Robert Mitchum pour What a way to go, Tony Curtis dans Sex and the single girl, James Gardner pour Move over darling et Kirk Douglas et John Wayne dans In harms way de Otto Preminger, une rencontre prédominante dans la vie de Barbara.
Impressionné par la belle adolescente, Otto Preminger lui signe alors un contrat de sept ans, contrat qu'elle cassera au bout de deux années. Barbara se souvient: Otto était un homme étrange et atrocement tyrannique. Je n'avais jamais le droit de ne rien faire. Il régissait tout de ma vie, ma carrière, à sa façon. Je gagnais certes beaucoup d'argent mais en deux ans je n'ai tourné qu'un film. Il me payait pour rester à la maison.
En tant que femme active, cette vie ne pouvait pas convenir à Barbara. Otto Preminger ne voulut pas la laisser s'en aller et elle eut bien du mal casser son contrat. C'est grâce à Charles Feldman qu'elle y parvient et put quitter l'odieux réalisateur. Sa carrière pu donc enfin reprendre. Elle tourne Sweet charity de Bob Fosse et surtout Casino Royal avec Jean-Paul Belmondo et David Niven en 1967. Le film la rendit célèbre à travers le monde.
Après sa période américaine, l'actrice de plus en plus demandée, décide de s'installer en Europe en 1970 quand Roberto Loyola l'ait choisit pour Colpo Rovente de Pietro Zuffi. A la suite de ce film, Barbara se fiance à l'acteur Omar Shariff. Barbara est alors au sommet de sa gloire, les producteurs se l'arrachent. Elle va afficher sa magnifique silhouette dans une pléthore de films italiens. Elle passe aisément du polar au giallo avec entre autres Milano
calibro 9 de Ferdinando Di Leo qui reste un de ses films préférés, le machiavélique L'homme aux yeux de glace de Alberto de Martino. Elle est la protagoniste également d'autres grands classiques du giallo tels que La tarentule au ventre noire de Paolo Cavara et La dame rouge tua sept fois de Emilio Miraglia, l'excellent Alla ricerca del piacere de Silvio Amadio dans lequel elle a une des plus belles mais surtout torride scène d'amour saphique avec Rosalba Neri ou encore le fameux La longue nuit de l'exorcisme de Lucio Fulci où la Belle, égarée dans une histoire de meurtres pédophiles, cherche à séduire un adolescent en proie aux premiers émois sexuels. De ce film, elle ne garde guère de souvenirs hormis les histoires et petites romances qui naquirent sur le plateau comme celle de Marc Porel et Irene Pappas. Elle est une prostituée alcoolique dans l'implacable Quelli che contano de Andrea Bianchi dans lequel elle subira une des mises à mort les plus barbares du cinéma d'exploitation, brutalement violée puis défigurée à la boucle de ceinturon.
Elle apparait aussi dans bon nombre de comédies érotiques appartenant à la catégorie des décamérotiques née du succès du Décaméron de Pasolini comme notamment Le calde notti di Don Giovanni de Alfonso Brescia, Finalmente le mille e una notti / Les 1001 nuits érotiques de Antonio Margheriti, Una cavalla tutta nuda de Franco Rossetti ou encore La calandria de Pasquale Festa Campanile. Elle est également à l'affiche de quelques sexy comédies telles que Non commettere atti impuri de Giulio Petroni dans le rôle d'une belle-mère peu farouche. Elle est aux cotés de Corrado Pani la principale protagoniste d'une comédie aigre-douce signée Giuliano Biagetti Ancora una volta prima di lasciarsi.
Surprenante, méconnaissable, elle décroche en 1972 un de ses meilleurs rôles dans Valeria dentro e fuori de Brunello Rondi qui lui valut les félicitations méritées de la critique d'alors. Hagarde, enlaidie pour l'occasion mais plus expressive que jamais, elle y incarne une jeune femme internée dans un hôpital psychiatrique qui progressivement va sombrer dans une irréversible folie. Barbara prouvera à d'autres reprises ses talents d'actrice dramatique notamment dans Per le antiche scale / Vertiges de Mauro Bolognini et le nunsploitation méconnu de Armando Crispino adapté du roman de Stendhal, La badessa di Castro.
A cette époque les rumeurs courent alors bon train quant à sa rivalité avec les deux autres grandes stars sexy d'alors: Edwige Fenech et Rosalba Neri. On les dit ennemies alors qu'en fait ce sont les meilleures amies du monde, aujourd'hui encore. La plantureuse Rosalba était également sa voisine. Elle vivait dans un château et ensemble elles menaient des vies de princesse. Le seul véritable problème qui existait était surtout chez les réalisateurs qui se demandaient s'ils devaient choisir une brune ou une blonde pour leur film! Barbara est restée très proche de ses collègues de l'époque, Edwige bien sûr mais aussi Gloria Guida, Corinne Cléry, Serena Grandi ou Dalila Di Lazzaro.
En 1976, elle tourne pour Antonio Margheriti Con la rabbia agli occhi / L'ombre du tueur avec Yul Brinner dont elle garde l'affreux souvenir d'un homme machiste, mal élevé et imbu de lui même. Barbara a toujours un faible pour les comédies, un genre où elle se sentait particulièrement à l'aise. C'est donc vers elles que l'actrice va essentiellement se consacrer dans la dernière partie de sa prodigieuse carrière après avoir retrouvé une dernière fois en 1977 Fernando Di Leo pour ce qu'on peut considérer comme un remake de Milan calibre 9, Diamants de sang. Elle est ainsi au générique de Quaranta gradi all'ombra del lenzuolo / Le sexycon, Spogliamoci cosi senza pudor de Sergio Martino en 1976, L'apputamento de Giuliano Biagetti en 1977 et Come perdere una moglie e trovare un amante de Pasquale Fiesta Campanile en 1978. Elle ouvre les années 80 avec l'ennuyeux Crema cioccolata e paprika de Tarantini.
Mais ce genre de cinéma a son revers et Barbara va s'en rendre compte. C'est un cinéma où l'on est vite à l'étroit dans le choix de ses rôles, où l'on tombe très vite dans les stéréotypes. La femme n'y est seulement qu'un corps dénué de toute personnalité qui ne fait simplement qu'être belle et se déshabiller. Lorsqu'elles vieillissent, les metteurs en scène font de moins en moins appel à elles car seules dit-on les femmes jeunes ont le droit de tourner en Italie à cette époque. Arrivé à un certain âge, les actrices aussi belles soient elles se retrouvent donc vite sans travail comme ce fut le cas entre autre de la plantureuse Sylva Koscina. C'est la raison pour laquelle Barbara mettra un terme à sa carrière au grand écran en 1982 après Diamond Connection, un petit polar de Sergio Bergonzelli.
Elle fit une dernière apparition dans un téléfilm de guerre de Jerry London en 1983, Scarlet and the black, aux cotés de Gregory Peck et Christopher Plummer et le rideau se baissa définitivement.
Barbara s'est alors tournée vers une autre passion: la gymnastique. Elle a ouvert un salle de sport et devint parallèlement présentatrice d'une émission télévisée consacrée à la gym. Une vidéo cassette de ses exercices toniques est également sortie en Italie afin de faire profiter son public de ses bons conseils et populariser le sport chez les femmes. Elle devint alors l'égale d'une Jane Fonda.
Barbara atteint avec ses nouvelles activités une énorme popularité. Elle en profita pour mettre sur le marché sa propre ligne de lunettes de soleil, toujours dans le but de mettre la beauté de la femme en valeur. Toutes ses activités contribuèrent à lui assurer une incroyable cote de popularité.
Toujours aussi belle et radieuse, Barbara qui n'a jamais perdu son petit accent teuton, vit aujourd'hui retirée du monde de l'industrie cinématographique avec son mari. Leur maison de production a fermé ses portes tout comme sa salle de sport. Si Barbara ne dit pas non à un éventuel come-back sur le grand écran, mais ce sera pour un beau rôle, un rôle d'une femme de son âge, un rôle choisi avec soin et amour. Pour rien au monde elle ne ferait ce que certaines actrices comme notamment Silva Koscina ont fait pour continuer à travailler après quarante ans: se déshabiller. Car il faut se rendre à l'évidence, aujourd'hui en Italie, seules la nudité et la jeunesse font vivre les actrices. Son voeu d'être de nouveau devant l'objectif d'une caméra fut exaucé en 2002 puisqu'elle fait une petite apparition dans Gangs of New York de Martin Scorcese. Barbara a également toujours nourri l'espoir de monter un jour sur scène et de refaire de la télévision, un espoir là encore qui prit vie puisque dés 2004 elle est apparue au générique des séries Diritto di difesa et Un Posto al sole avant de décrocher un rôle dans le téléfilm Capri. Depuis, Barbara dont la beauté semble défier le temps n'a plus cessé d'apparaitre dans toute une pléiade de séries à la télévision italienne qu'elle continue d'éblouir par sa seule présence.