La dama rossa uccide sette volte
Autres titres: La dame rouge tua sept fois / La dame rouge tua 7 fois / The red queen kills 7 times / The lady in red kills seven times / The cry of a prostitute: love kills
Real: Emilio Miraglia
Année: 1972
Origine: Italie / Allemagne
Genre: Giallo
Durée: 93mn
Acteurs: Barbara Bouchet, Ugo Pagliai, Marina Malfatti, Marino Masè, Pia Giancaro, Sybil Danning, Nino Korda, Fabrizio Moresco, Rudolf Schündler, Maria Antonietta Guido, Bruno Bertocci, Sisto Brunetti, Carla Mancini...
Résumé: Lorsqu’elles étaient enfants, le grand-père d’Evelyn et de Kathy Wildenbrück leur raconta qu’une légende voulait que tous les cent ans, un membre de la famille soit possédé par l’esprit de la Dame rouge et soit contrainte d’assassiner sept personnes afin que perdure la terrible malédiction. Aujourd'hui ce serait au tour d’Evelyn d’être possédée. Quelques années plus tard, Kathy tue involontairement sa sœur. Avec l'aide de Francisca, elle cache le corps dans la crypte du château afin qu'il ne jamais découvert. Aux yeux de tous, Evelyn est partie pour les Amériques. C'est alors que le grand-père est assassiné. C’est ensuite les proches de Kathy qui sont victimes d’une mystérieuse silhouette masquée vêtue d’une cape rouge. Petit à petit Kathy sombre dans la folie, persuadée que sa soeur est revenue d'outre tombe afin de perpétuer la malédiction...
Ex-assistant réalisateur Emilio Miraglia fit un bref passage derrière la caméra le temps de signer notamment deux gialli sur lesquels il fonda sa réputation, deux thrillers devenus au fil du temps des classiques du genre: La notte che Evelyn usci dalla tomba / L'appel de la chair / La crypte du fou et La dama rossa uccide sette volte. Sortis alors que le giallo est à l'apogée de son succès en Italie, les deux films de Miraglia s'ils doivent beaucoup à la trilogie animalière de Dario Argento s'ancrent cependant beaucoup plus dans l'univers du film d'épouvante gothique auxquels ils empruntent la plupart de leurs éléments narratifs.
Coproduction allemande, La dame rouge tua 7 fois s'inspire d'une légende ou plus exactement d'une malédiction, celle qui touche les Wildenbrück. Cette dernière voudrait que la revancharde Dame rouge revienne tous les cent ans posséder un membre de la famille qui ainsi assassinerait six personnes avant d'occire la Dame noire, la propre soeur de la possédée. Cette légende serait née d'un tableau qui orne un des murs du salon du château qui lorsqu'elles étaient enfant terrifiaient Kathy et sa soeur, Evelyn. Leur grand-père aurait été tué une nuit par la Dame rouge. C'est un peu plus tard que Kathy aurait malencontreusement enlevé la vie à sa soeur. Avec l'aide de Francisca, elle a caché le corps dans les combles du château afin que le crime ne soit jamais découvert. Devenue photographe de mode, Kathy voit sa vie bouleversée lorsqu'une série de meurtres touche son entourage proche. Tous auraient été tué par l'ombre spectrale de la Dame rouge. Lentement la jeune femme, à la tête d'un bel héritage suite au décès du grand-père, sombre dans la folie pensant que Evelyn est revenue d'entre les morts assouvir sa vengeance.
De Argento, ce second giallo de Miraglia dont l'action se situe en Bavière pille le fameux trauma infantile d'une jeune femme fragile sur lequel repose en majeure partie l'intrigue, l'univers bourgeois décadent dont les principaux protagonistes sont issus, les meurtres sadiques (gorge empalée sur une grille, main perforée, tête fracassée, victime tirée par une voiture, corps massacré...) la plupart perpétrés à l'arme blanche, un poignard, par une énigmatique silhouette non pas drapée de noir ici mais de rouge, les multiples coupables potentiels et la comptine musicale qui sert de leitmotiv au film. Pour continuer dans les références, le monde du mannequinat et des photos de mode feront quant à eux inévitablement penser à Mario Bava et ses désormais 6 femmes pour l'assassin.
Pour le reste, Miraglia apporte à l'ensemble sa touche personnelle puisqu'il insuffle au récit une profonde aura gothique en y ajoutant justement grand nombre d'éléments du cinéma d'épouvante gothique. Des petites filles lors de la magnifique séquence d'ouverture qui sont comme hypnotisées face à la peinture qui illustre la malédiction de la Dame rouge et de la Dame noire à l'angoissant final dans la crypte du château en passant par les apparitions spectrales de la fameuse Dame rouge, la présence des rats, les diverses touches fantastiques et cet incessant chassé-croisé entre la réalité et le surnaturel, le film de Miraglia se veut original et parfois même onirique tout en se réclamant de la grande tradition du cinéma d'épouvante à l'ancienne. Le mélange des deux genres est subtil, très agréable d'autant plus que Miraglia parvient à créer une atmosphère étrange, à la fois mélancolique et angoissante, où le passé ne cesse d'interférer avec le présent dans un va-et-vient continuel.
Cette note fantastique qui annonce à sa manière le futur Profondo rosso de Argento donne au film son principal attrait puisqu'il faut reconnaitre que La dame rouge tua 7 fois n'est pas aussi fin dans son scénario somme toute assez classique et non exempt de défauts.
Si on pourra passer sur certaines improbabilités et autres incohérences scénaristiques, on retrouve assez rapidement tous les ingrédients propres au giallo traditionnel soit un sombre héritage familial et un soupçon de jalousie qui se trouvent être la source de cette machiavélique machination autour de laquelle gravitent tout un tas de coupables potentiels décimés un à un par l'inévitable assassin masqué dont il ne reste plus qu'à deviner l'identité.
Voilà peut être le gros défaut du film de Miraglia, un défaut qu'on retrouvait déjà dans La notte che Evelyn usci dalla tomba. Si Miraglia brouille les pistes comme il peut, l'élément surnaturel n'est pas assez crédible pour faire naitre dans l'esprit du spectateur un quelconque doute. Les apparitions de la Dame rouge, aussi fantomatiques et fascinantes soient elles parfois, ne font guère illusion. On voit très vite qu'il s'agit d'une supercherie, un mystérieux meurtrier tout simplement déguisé en femme, dont le mobile est l'argent. L'irrationnel étant ainsi détruit il ne nous reste plus qu'à mener notre enquête et tenter de découvrir qui en veut tellement à la pauvre Kathy. L'amateur n'aura guère de mal à se faire une idée et le final un brin tiré par les cheveux ne l'étonnera donc pas réellement si ce n'est par sa facilité et son invraisemblance.
Malgré cela, La Dame rouge tua 7 fois est un agréable divertissement, un thriller efficace qu'on aurait aimé un peu plus inquiétant à l'image même de l'horrible tableau sur lequel repose cette malédiction ancestrale. On se laissera aller face aux très beaux décors du château, à cette superbe séquence d'ouverture qui se range sans peine auprès des meilleurs moments de films mettant en scène des enfants maléfiques. On appréciera certaines des apparitions de la Dame rouge par instant surréalistes (lorsqu'elle court vers la caméra, brandissant son poignard, toute cape au vent dans le long couloir désert), la magnifique partition musicale signée Bruno Nicolai qui mélange air de comptine, clavecin,
orgue et rock psychédélique avec art et subtilité et la présence au générique de Barbara Bouchet, toujours aussi belle, parfaite dans le rôle de Kathy, même si ses admirateurs regretteront que Miraglia ne la dévêtisse pas plus. Il faut signaler que cette fois l'érotisme n'est pas réellement au rendez-vous et se fait plus que discret. A ses cotés, on retrouvera le visage anguleux de Marina Malfatti déjà vue entre autres dans Le tueur à l'orchidée, Toutes les couleurs du vice, Testa in giu gambe in aria et le diabolique Un fiocco nero per Deborah, la déjà très pulmonée mais encore inconnue Sybil Danning et Pia Giancaro, une habituée de la décamérotique. Ugo Pagliai, alors charmeur de ses dames et sex symbol des programmes télévisés en Italie, est ici l'atout masculin du film même si beaucoup lui préféreront Fabrizio Moresco, le jeune junkie qui fait chanter Kathy et dont la mort restera un des grands moments du film.