Ancora una volta prima di lasciarsi
Autres titres:
Real: Giuliano Biagetti
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Comédie dramatique
Durée: 95mn
Acteurs: Corrado Pani, Barbara Bouchet, Olga Bisera, Donato Castellaneta, Franco Fabrizi, Adolfo Fenoglio, Barbara Pilavin, Eugene Walter, Pier Maria Rossi, Antonia Santilli, Stella Carnacina, Barbara Marzano, Quinto Gambi, Nancy Lecchini, Ada Pometti, Stefano Valle, Alba Maiolini...
Résumé: Luisa et Giorgio sont un couple en pleine crise conjugale. Loin est le temps où ils étaient heureux ensemble. Le doute, les incertitudes, l'incommunicabilité ont eu progressivement raison de leur amour. Après quelques tentatives ils essaient une dernière fois de se rapprocher pour sauver leur mariage. Ils se retrouvent et chacun se raconte les aventures qui ont marqué leur vie respective...
Essentiellement connu pour Les allumeuses / Interrabang, un intrigant petit sexy giallo maritime, une décamérotique guillerette mais très classique, Decameroticus / Les nouveaux contes immoraux, juste avant une plongée dans la comédie adolescente aigre-douce, La svergognata et la sexy comédie, La novice se dévoile avec Gloria Guida, Giuliano Biagetti n'est jamais vraiment parvenu à se faire une place au soleil dans l'univers du cinéma de genre italien. Ce n'est pas que son oeuvre soit inintéressante mais elle manque surtout et avant de profondeur, d'ambition, et ne s'envole que rarement si on excepte le très
bon Interrabang. Ancora une volta prima di lasciarci, littéralement Une fois encore avant de nous quitter, ne fait pas exception à la règle.
Ancora una volta prima di lasciarsi est l'histoire d'un couple, Luisa et Giorgio, autrefois heureux, qui pour la énième fois se retrouve pour tenter de sauver leur union qui lentement se dissout rongée par les doutes, les incertitudes et l'incompréhension. Revient alors la nostalgie du passé et chacun se raconte les aventures qui ont parsemé leur vie respective, tant les rencontres que les séparations, les réussites que les échecs, les bonheurs vécus comme les malheurs qui petit à petit ont eu raison de leur amour. Luisa a toujours été
convaincue que Giorgio la trompait, une vérité qu'il ne peut nier puisqu'il a multiplié les aventures. Luisa tombe alors enceinte de Giorgio, une chance pour le couple de se rapprocher, mais une chute lui fait perdre l'enfant. Elle avorte et débute une aventure avec l'homme qui l'a opéré. Giorgio à force d'enchainer les conquête devient stérile. De plus en plus déçue par son époux, Luisa prend pour amant un jeune hippie américain rencontré lors d'une soirée. Il finira par la laisser tomber. Giorgio tentera une dernière fois de sauver leur mariage mais Luisa refuse. Elle est enceinte d'un autre homme. Le couple finira t-il par se rapprocher et retrouver définitivement? Cette ultime essai portera t-il ses fruits?
Le nerf de cette comédie douce amère portée par l'incompréhension et le manque de communication est l'espoir, celui qu'entretient une dernière fois ce couple en pleine crise qui espère pouvoir se rapprocher, oublier ses échecs, et repartir à zéro malgré ses nombreux essais passés et le déclin inexorable de leur relation. L'amour, la tendresse, la sensibilité, le pardon, l'amertume, sont autant de sentiments qui devraient composer cette émouvante histoire, celle d'une vie, racontée sur le ton de la comédie. Les ingrédients sont bel et bien là mais ils n'arrivent quasiment jamais à réellement toucher la corde sensible du spectateur faute à une mise en scène trop monotone, sans véritable force. L'indifférence se substitue
assez rapidement à l'émotion et c'est détaché qu'on suit les divers épisodes de la vie de Luisa et Giorgio, un couple auquel on a du mal à s'attacher, à aimer, comme on a du mal à compatir à leurs problèmes. Tout le drame de leur vie s'effondre donc par l'incapacité de Biagetti à faire naitre une simple émotion. Les scènes dramatiques sont tout aussi superficielles et perdent également une bonne part de leur intensité. Il en va ainsi de la séquence où Luisa transformée par amour en hippie se laisse violenter par son jeune amant et ses deux amis qui l'abandonneront ensuite, seule, au bord d'une route. Ancora una volta prima di lasciarsi est finalement à l'image des autres comédies de son auteur. On
rencontrait en effet le même problème avec La svergognata, on le retrouvera plus tard avec L'appuntamento. Surnagent ça et là quelques jolies scènes qui font effet et parviennent à faire poindre un zeste de tendresse mais ce n'est malheureusement pas suffisant pour donner au film ce coté poignant, touchant, qui aurait du en être l'essence. Quant au discours philosophique que tente Biagetti sur le temps qui passe et les effets qu'il peut avoir sur la longévité d'un couple ravagé par la routine, les non-dits et l'incommunicabilité, il tombe lui aussi à l'eau. Ne subsistent que quelques bribes de réflexion trop peu développées pour être efficace.
Reste au crédit du film hormis ses fabuleux décors fortement estampillés années 70 son
interprétation qui le sauve de l'ennui. Barbara Bouchet, déjà à l'affiche de La svergognata, est une Luisa désenchantée, fataliste, parfaitement à l'aise dans la peau de cette femme élégante, lasse, qui baisse les bras devant les épreuves de la vie. Convaincante, Ancora una volta prima di lasciarsi doit beaucoup à sa prestation. Corrado Pani, un peu moins inspiré semble t-il, est un peu plus fade mais suffisamment bon acteur pour donner à son personnage un peu de consistance sans néanmoins égaler la performance de Barbara. Il est cependant dommage que dans la version italienne Corrado soit doublé par Ferruccio Amendola dont la voix colle assez mal à l'acteur. A leurs cotés on retrouvera avec plaisir
quelques jolis noms parmi lesquels Antonia Santilli, Olga Bisera, Stella Carnacina et Ada Pometti qui apportent une note irrésistible de charme à l'ensemble. Quant à l'amant joueur de flûte de Barbara, on reconnaitra le christique Pier Maria Rossi dans son éternel rôle de hippie, toujours aussi fascinant. Quinto Gambi, la doublure officielle de Tomas Milian, est un de ses copains.
Plutôt discret sur l'érotisme malgré quelques belles scènes de nudité, toujours pudiques, et quelques ébats Ancora una volta prima di lasciarsi, bercé par une agréable et romantique partition musicale signée Berto Pisano qui rappellera celle de Metti una sera, a cena de Patroni Griffi reste une petite comédie dramatique douce amère assaisonnée d'une dose
d'humour qui sans être ratée n'en est pas pour autant réussie. Trop superficielle, sans réelle saveur, elle ne fait guère mouche mais se laisse cependant regarder sans trop de déplaisir ne serait ce que pour Barbara Bouchet et quelques moments somme toute assez sympathiques. Voilà une comédie bien oubliée aujourd'hui à réserver en priorité aux collectionneurs d'autant plus que le film est aujourd'hui assez difficilement visionnable. Il fait en effet partie de ces oeuvres disparues qui de temps à autre refont surface pour le plaisir de l'amateur de raretés qui guettera ses quelques passages télévisés sur les chaines italiennes.