Crema cioccolata e... paprika
Autres titres: Crema cioccolata e pa...prika
Réal: Michele Massimo Tarantini
Année: 1981
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 85mn
Acteurs: Barbara Bouchet, Renzo Montagnani, Silvia Dionisio, Franco Franchi, Ciccio Ingrassia, Alberto Farnese, Giorgio Bracardi, Giuseppe Greco, Helena Ronee, Sonia Otero, Maria Tedeschi, Angelo Casadei...
Résumé: Osvaldo travaille pour la clinique privée de sa femme Eleonora qui de son coté s'apprête à inaugurer l'ouverture de son usine de tomates pelées. Elle ignore que son mari se sert de ses caisses de tomates pour transférer de l'argent pour les riches clients qu'il soigne. Osvaldo est un coureur de jupons. Il a aussi une maitresse qu'il invite à la clinique en la présentant comme étant une diététicienne. Il ignore qu'elle a un amant tout comme il ignore que Eleonora a elle aussi un amant...
Précurseur de la sexy comédie à l'italienne on doit à Michele Massimo Tarantini quelques uns des volets des plus célèbres séries du genre, à savoir celles des "Flics", "Lycéennes" et autres "Toubib" qui firent les beaux jours des années 70 et devinrent au fil du temps des incontournables. Si la sexy comédie commença à s'étioler lentement dés la fin de cette décennie magique elle franchit facilement le cap des années 80 sans jamais pour autant retrouver sa verve d'hier jusqu'à devenir une vilaine caricature d'elle même, privée de toute imagination. Avec notamment Tarantini aux commandes le genre connut certes un léger regain d'intérêt mais souvent les efforts furent vains et ce n'est pas Crema cioccolata e... paprika qui changera la donne.
Cette énième comédie signée du réalisateur de A nous les lycéennes n'est pas à proprement parler une sexy comédie. Il s'agit plutôt d'un vaudeville où tout le monde trompe tout le monde sur fond de gags incessants et qui a pour base une intrigue un peu confuse. Le professeur Osvaldo Bonifazi travaille pour la clinique de son épouse Eleonora, une femme assez rigide qui mène ses affaires à la baguette. Il y accueille des hommes d'affaires mais les soins qui leur prodigue sont parfois assez spéciaux. Il utilise en effet des
caisses de tomates pelés issus de l'usine de sa femme (une usine qu'elle s'apprête à inaugurer) pour transférer des fonds à l'étranger. Il appelle cela des "transfusions". Eleonora n'est évidemment au courant de rien. Osvaldo est aussi un homme à femmes et trompe Eleonora dés qu'il le peut ignorant qu'elle a aussi un amant, un avocat qu'il "soigne". Arrive une splendide diététicienne que drague son jeune neveu Michele. Elle est en fait la maitresse d'Osvaldo qui l'a invité à la clinique. Tout ce beau monde va passer son temps à se croiser dans la clinique tandis que Osvaldo essaie de mener comme il peut sa double vie d'où d'incessants quiproquos.
Malgré cette multitude de maris et de femmes trompés il n'y a pourtant pas un brin d'érotisme dans cette Crème chocolat et paprika! Ceux qui auraient espérer un florilège de scènes coquines seront amèrement déçus puisqu'il n'y a pas l'ombre d'une poitrine dénudée, pas l'ombre d'un sein aussi petit soit-il (hormis ceux très furtifs de Helena Ronee), encore moins de gourmands postérieurs. Pas même la moindre trace d'une petite culotte. C'est ici à une complète abstinence que nous invite Tarantini qui avec ce film voulait surtout célébrer la réunion d'un des plus fameux duo de comiques de l'histoire du cinéma italien,
Franco Franchi et Ciccio Ingrassia. Après sept années de séparation le tandem se reformait donc pour l'occasion mais force est de constater que ces retrouvailles prennent vite l'eau. Certes les inconditionnels des deux acteurs seront heureux de les revoir mais loin semble être ici le temps où ils faisaient rire (du moins ceux qui ne sont pas imperméables à leur humour). Ils s'évertuent à donner à leur numéro un certain souffle (Ingrassia travesti en femme) mais leurs efforts sont vains et ce ne sont pas leurs dialogues qui rehausseront le niveau de l'ensemble tant ils sont le plus souvent ridicules. Tout repose finalement sur les gags qui s'enchainent à une vitesse supersonique mais là encore tout sent le réchauffé.
Vus, revus, archi vus et revus, usés jusqu'à la corde, souvent prévisibles et péniblement répétitifs ils ne feront rire (ou sourire) que bien peu de monde. On retiendra surtout le nombre impressionnant de chutes. La quasi totalité de la distribution passe son temps à tomber et se relever pour mieux retomber. Tarantini semble avoir été ici fasciné par les chutes de toutes sortes (à moins que le plateau ait été enduit de savon noir à l'insu des acteurs!) mais c'est surtout à la chute du film à laquelle il aurait du faire plus attention. Le final est franchement décevant mais au bout du compte il est à l'image du film! Disons le: Crema cioccolata e... paprika ennuie du début à la fin et c'est distrait qu'on visionne cette
farce qu'on peut vite qualifier de lassant.
La distribution est intéressante. Chacun fait son boulot de façon professionnelle mais ça s'arrête là. Renzo Montagnani joue pour la énième fois de sa carrière le même rôle de mari volage avec l'énergie qu'on lui connait. Montagnani est un peu le Galabru italien, un acteur de talent (et qui l'a montré à plusieurs reprises) mais qui s'est le plus souvent fourvoyé dans des rôles à répétition interchangeables. En voici un nouvel exemple. Barbara Bouchet est toujours belle malgré les années qui passent mais elle est loin ici d'avoir un des rôles principaux et reste de surcroit habillée de la tête aux pieds mais Tarantini la fait chuter elle
aussi (l'occasion d'apercevoir sa culotte). Silvia Dioniso a définitivement perdu de sa candeur et possède à son compteur un nombre assez élogieux de chutes. C'est le producteur-scénariste sicilien Giuseppe Greco (producteur/scénariste du film également) qui interprète l'irritant jeune neveu de Renzo Montagnani. La présence de Greco, le fils d'un boss mafieux connu, au crédit du film fit lors de sa sortie en Italie couler beaucoup d'encre puisque beaucoup supputèrent que le réalisateur aurait été financé par la mafia sicilienne.
Tourné en grande partie à Palerme Crema cioccolata e... paprika est un vaudeville qui tombe à plat, souvent ridicule, une pochade plus ennuyeuse que drôle, un retour raté pour Franchi et Ingrassia. Le seul véritable intérêt du film aujourd'hui est qu'étrangement il est devenu au fil du temps assez difficilement visionnable du moins dans une copie décente jusqu'à récemment. Perd on quelque chose? Nos lecteurs se feront leur propre avis. Mais un conseil: avec une bonne crème chocolat (avec ou sans paprika) le temps passera certainement plus vite!