Valeria dentro e fuori
Autres titres: Valerie inside outside
Real: Brunello Rondi
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 90mn
Acteurs: Barbara Bouchet, Pier Paolo Capponi, Gino Cassani, Paola Corazzi, Claudio Gora, Nancy Lecchini, Rosemarie Lindt, Rita Lo Verde, Maria Mizar, Liliana Pacinotti, Umberto Raho, Erna Schürer, Enzo Spitaleri, Franca Tedeschi, Barbara Betti, Ignazio Bevilacqua, Carla Brait, Sergio Parri, Patrizia Del Monte, Mario Dardanelli, Bruno Alias, Paola Parri, Gianni Brezza...
Résumé: Si Valeria a atteint le sommet de l'échelle sociale, elle est une femme et épouse frustrée et terriblement malheureuse. Elle n'est en effet pour David, son mari, un musicien, qu'un simple objet érotique dont il use et abuse à sa guise. Il refuse en plus de lui faire l'enfant dont elle rêve jusqu'à éviter toute forme de relation sexuelle. Valeria développe progressivement un raptus sexuel profond dû à sa frustration. Son mari la fait alors enfermer dans un hôpital psychiatrique. Les traitements drastiques et la présence des autres malades mentaux vont encore plus détruire la jeune femme qui sombre dans la folie. Une nuit, elle parvient à s'évader et, hagarde, se donne à deux camionneurs avant de s'enfuir...
Comme il le fera quelques temps plus tard avec Prigione di donne / Quartier disciplinaire pour femmes perverses à travers duquel il dénonçait les débordements du milieu carcéral, Brunello Rondi signe ici un film qui se veut une sorte de violent réquisitoire contre un autre système oppressif sujet à forte polémique: les hôpitaux psychiatriques.
Secondé par Aldo Semerari, consultant psychiatrique et criminologue avec qui il collaborera de nouveau pour Prigione di donne, Rondi livre ici un film particulièrement fort, un drame intense qui entraine le spectateur dans l'univers d'une jeune et jolie femme, Valeria. Malgré son statut social, Valeria est une épouse frustrée et malheureuse puisqu'elle n'est pour son mari, un musicien odieux et froid, qu'un simple objet sexuel, un faire-valoir à qui il refuse de faire un enfant. Privée de relations sexuelles, souffrant de ne pouvoir satisfaire son profond désir d'être mère, elle développe certains troubles psychiques qui affectent son comportement. Son époux la fait alors interner contre son gré afin qu'elle suive une thérapie drastique. Malheureusement, la violence des divers traitements et le fait de côtoyer des malades mentaux vont avoir raison d'elle. Elle sombre progressivement dans une folie irréversible, de plus en plus rongée par ses frustrations sexuelles.
Si dans Prigione di donne Rondi montrait toute la détresse des détenues, victimes sans avenir d'un milieu carcéral hypocrite et violent, il tente ici de montrer toute l'horreur du milieu psychiatrique où cette fois les patients sont les jouets parfois les cobayes de docteurs et autres spécialistes sans coeur. Il n'hésite pas à plonger le spectateur dans cet univers de folie, ce milieu hospitalier qu'on préfère le plus souvent taire sans refusant de voir ce qui se passe derrière ces murs bancs. Rondi est ambitieux et téméraire à l'image du film lui même malgré son discours et le fait qu'il ne dépasse jamais véritablement le stade de la simple exploitation. Peut être aurions nous voulu plus d'engagement, plus de subtilité ou de finesse dans le scénario qui au final se contente d'insister sur les profondes frustrations de Valeria, a fortiori sexuelles, et d'enchainer les images choc sur fond de hurlements incessants. Rondi met donc l'accent sur les aspects les plus morbides, violents, tape à l'oeil et voyeurs de l'histoire tout en privilégiant les plans de nudité.
Ceci mis à part, Valeria dentro e fuori est une oeuvre tragique, sombre, oppressant qui d'un bout à l'autre du métrage suinte le désespoir, celui de cette femme victime de ses désirs légitimes qui la conduiront vers la folie, un point de non retour. D'un pessimisme assez étonnant, Valeria présente également tout un éventail de personnages détestables qui renforce le coté déprimant du film: le mari égocentrique, froid et cruel qui utilise les cris de son épouse pour composer sa musique, les camionneurs insensibles, le personnel de l'hôpital sans coeur et les soeurs qui semblent se réjouir de la souffrance de leurs patients sans parler de tous les malades tous plus gravement atteints les uns que les autres hurlant à tout va. Et de ces cris, Rondi en fait une véritable symphonie infernale. Il accumule les gros plans sur le visage de Valeria, hurlante, sur son regard révulsé, sa bouche béante jusqu'à mettre les nerfs du spectateur à rude épreuve. Le final cynique et glacial finit de faire sombrer le film dans une irrémédiable noirceur.
La véritable surprise de Valeria est l'interprétation aussi magistrale qu'inattendue de Barbara Bouchet dans le rôle clé. Loin des personnages légers qu'elle interpréta dans moultes sexy comédies à cette époque, Barbara plus expressive que jamais, les nerfs à fleur de peau, enlaidie pour l'occasion, montre tout son talent d'actrice, comme elle n'en eut guère la possibilité durant sa carrière essentiellement érotique et trouve là un de ses plus beaux rôles, un de ses plus forts également ce qui lui valut alors la reconnaissance de la critique. Certains ne pourront s'empêcher de la rapprocher d'une certaine Marilyn Burns.
A ses cotés, on saluera également la prestation de Erna Schurer tout aussi étonnante et hystérique dans la peau de la compagne de Valeria. Pier Paolo Capponi campe avec cynisme un mari insensible et cruel, Claudio Gora un inquiétant malade collectionneur d'abominables poupées érotiques. On reconnaitra également quelques starlettes d'alors telles que Paola Corazzi, l'actrice de couleur et danseuse professionnelle Carla Brait pour un numéro de ballet plutôt sinistre et sa consoeur de ballerine, l'autrichienne Rosemarie Lindt, une des jeunes psychiatres qui s'occupent de Valeria.
Mutilé lors de ses quelques passages télévisés en Italie, injustement oublié des distributeurs, Valeria dentro e fuori, fracassant voyage au coeur de la souffrance et de la détresse humaine, outre la performance de Barbara Bouchet mérite d'être découvert par tous les amateurs de cinéma d'exploitation un brin intelligent. Une chose est sûre: le film de Rondi, un de ses meilleurs avec Prigione di donne, ne laissera personne indifférent.