Brigitte Petronio: La candeur à l'état brut
Il existe des divas, des stars autour desquelles gravitent bon nombre de starlettes mais également des étoiles filantes, des météorites qui le temps de quelques films ont illuminé le ciel du cinéma de genre italien. C'est à cette dernière catégorie qu'appartient la blonde et lumineuse Brigitte Petronio dont le visage candide a irradié l'espace de quelques minuscules années les écrans blancs des salles obscures.
De son véritable nom Brigida Marianna Petronio, Brigitte Petronio est née à Milan en 1958. Etudiante en langues à Rome elle suit parallèlement des cours de danse classique tout en étant modèle pour des publicités, une activité qu'elle continuera par la suite. C'est en 1976 à l'âge de seize ans seulement qu'elle fait des débuts prometteurs au cinéma dans le film Ragazzo di Borgata de Giulio Paradisi, un petit film qui malgré une critique plutôt acerbe trouva son public en Italie et fit ainsi découvrir la toute jeune Brigitte. Sa carrière est ainsi lancée.
En 1977, elle apparait dans le premier sketch du film de Gianni Narzisi, Maschio latino cercasi où elle interprète le rôle d'une jeune vierge fourbe jetée dans les bras d'un touriste allemand en quête de sexe. Elle retrouvera un rôle similaire lorsque Joe D'Amato la choisit pour être l'une des protagonistes de Emanuelle: perché violenza alle donne/ Black Emanuelle autour du monde. Enième mouture des aventures de notre chère Black Emanuelle et non des moindres puisqu'il s'agit ici d'une des meilleures. Brigitte y interprète une jeune fille traumatisée par un viol collectif qui finalement se donnera à Laura Gemser pour quelques charmants ébats saphiques.
Brigitte apparait ensuite au petit écran dans une émission dédiée à Casanova. Suivra le film érotique à scandale de Luigi Russo, La Bella e la Bestia. Composé de quatre segments, la belle tient un des rôles principaux dans celui intitulé La fustigazione. Elle y satisfait les plaisirs sadomasochistes maladifs de son jeune cousin, un adolescent voyeur, en le fouettant attaché à son lit tout en se masturbant.
Elle apparait ensuite furtivement dans la peau d'une prostituée dans Le cynique, l'infâme et le violent de Umberto Lenzi.
Son physique d'éternelle adolescente va jouer en sa faveur pour la suite de sa carrière. En 1978, on la voit ainsi trop rapidement dans trois sexy comédies de Mariano Laurenti au titre évocateur Les lycéennes redoublent / La liceale nella classe dei ripetenti aux cotés de Gloria Guida puis dans Ma copine de la fac aux cotés cette fois de Lilli Carati et enfin dans La settimana al mare aux cotés de Anna Maria Rizzoli.
Se déshabiller et jouer nue n'a jamais été un problème pour la jeune fille. La suite de sa courte carrière va tout naturellement profiter de son coté désinhibé. En 1979, Joe D'Amato la rappelle à lui pour un des principaux rôles féminins de Il pornoshop della settima strada. Malgré son titre racoleur, Il pornoshop della settima strada n'est pas du tout ce qu'on pourrait croire. Le film met en scène deux malfrats qui après un cambriolage se retrouvent dans un sex-shop dont ils prennent la ravissante vendeuse en otage. Avant de s'enfuir avec elle pour le Canada, ils s'arrêtent dans une grande villa où vit un groupe d'étudiants qui subiront les assauts sexuels des deux hommes. Brigitte y tient le rôle d'une des jeunes filles, humiliée sur une table de billard mais elle prendra tout de même du plaisir en espionnant deux de ses colocataires entrain de faire l'amour.
L'aventure aurait pu être agréable pour Brigitte si la production du film n'avait décidé d'y ajouter à son insu des inserts X dans les scènes où elle apparait. Fortement choquée par de telles pratiques, la jeune actrice en appelle à la justice et intente un procès au producteur qui jura ne pas être au courant de l'affaire.
En 1979, on la retrouve dans le très bon La maison au fond du parc de Ruggero Deodato où elle se fait violer et torturer au rasoir par un David Hess déchainé. N'arrivant malheureusement que dans la seconde partie du film, Brigitte donne de nouveau la réplique au jeune Christian Borromeo qui fut son partenaire dans Il pornoshop della settima strada. Christian soutint d'ailleurs Brigitte dans le procès qu'elle fit au producteur du film puis par solidarité Christian refusa par la suite tout film réalisé par D'Amato.
En 1980 Federico Fellini lui offre un petit rôle de motarde dans La cité des femmes aux cotés de sa soeur Tatiana mais la scène est coupée au montage. L'heure du déclin a malheureusement sonné pour Brigitte. La belle enfant va faire la une de la revue Play boy en posant nue aux cotés de sa soeur Tatiana puis elle se tourne un temps vers la télévision. Elle y tourne une mini série historique composée de trois épisodes Le rose di Danzica / Les roses de Danzig dont il existe une version cinéma puis apparait au générique d'une énigmatique mini série de science-fiction intitulée Ora zero e dintorni avec Richard Harrison. Aux cotés notamment de Lorraine De Selle elle fait une courte apparition dans le moyen métrage de Biagio Proietti Storia senza parole tourné pour la RAI avant de disparaitre des feux de la rampe. Après quasiment six années de silence elle réapparait en 1987 le temps d'une simple figuration dans la dernière saison de la série Aeroporto internazionale.
Après cette ultime expérience, délaissée par le monde du septième art, Brigitte mit un terme définitif à sa carrière et préféra retourner à l'anonymat pour commencer une toute nouvelle vie, effaçant ainsi son passé de comédienne. Il y a encore quelques années retrouver trace de Brigitte était assez simple. Elle s'était reconvertie cuisinière et préparait tous les repas qu'on peut voir lors des scènes de diner dans les films. Une façon comme une autre de tourner la page en gardant un pied dans le milieu.