La tarantola dal ventre nero
Autres titres: La tarentule au ventre noire / The black belly of the tarantula / De zwarte tarantula
Real: Paolo Cavara
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 98mn
Acteurs: Giancarlo Giannini, Claudine Auger, Barbara Bouchet, Rossella Falk, Silvano Tranquilli, Barbara Bach, Stephania Sandrelli, Giancarlo Prete, Fulvio Mingozzi, Daniele Dublino, Anna Saia...
Résumé: Des femmes sont férocement assassinées après qu'elles aient été paralysées suite à une injection de venin de tarentule dans la nuque. Elles sont ensuite éventrées. L'inspecteur Tellini est chargé de l'enquête mais il a de plus en plus de mal à faire face à la violence de son métier. L'enquête le ramène à un luxueux institut de soins dont la clientèle semble appartenir à la haute société. Toutes les victimes, bourgeoises ayant toute été l'objet d'un chantage sexuel, appartiennent en effet à cet institut. Petit à petit Tellini se retrouve plongé au coeur d'un monde où mort et immoralité semblent faire bon ménage...
La tarantola dal ventro nero / La tarentule au ventre noire de Paolo Cavara, ex-assistant réalisateur de Gualtiero Jacopetti à qui on doit quelques classiques du mondo movie, s'est au fil du temps forgé une solide réputation jusqu'à devenir un classique du giallo. Si son titre s'inspire du triptyque animalier de Dario Argento, La tarentule au ventre noire est pourtant loin d'en avoir la maestria. Certes Cavara reprend les bases du giallo selon Argento autrement dit les techniques d'assassinat d'un tueur cruel vêtu de noir portant gants et chapeau, la présence d'un aveugle, des silhouettes angoissantes qui glissent dans l'obscurité et bien entendu l'indispensable enquête d'un commissaire ici en proie à ses
doutes mais l'histoire bien peu originale s'enlise assez rapidement. D'une part Cavara tente vainement de brouiller les pistes en alourdissant son scénario de façon plutôt vaine puisque le spectateur un brin futé aura très vite deviné qui est l'assassin. D'autre part il se perd dans des méandres psychanalytiques plutôt pompeux afin de donner au scénario un semblant de crédibilité tout en lui apportant un coté scientifique bien factice. Une fois le vernis gratté ne subsiste que peu de choses malheureusement si ce n'est un giallo d'un classicisme quelque peu décevant et souvent improbable notamment dans sa conclusion.
S'il fallait trouver des qualités à La tarentule au ventre noir c'est ailleurs qu'il faut les chercher notamment au niveau de sa réalisation, efficace, alerte, menée tambour battant par un Cavara qui démontre une fois de plus son professionnalisme. Mais le point fort du film c'est avant tout ses effets horrifiques, ses meurtres particulièrement violents et sanglants qui d'une part ont donné au film sa solide réputation et qui d'autre part devraient ravir les amateurs d'horreur sanguinolente. On retiendra notamment la mort de Barbara Bouchet, brutalement éventrée lors de la séquence d'ouverture qui avec le final reste sans nul doute le meilleur moment du film.
Plutôt singulier est le moyen qu'utilise le tueur pour éliminer ses victimes puisqu'il injecte le terrible venin paralysant d'une tarentule, animal de cauchemar par excellence dont Cavara se plait à nous offrir quelques plans qui devraient en faire frissonner plus d'un. Si les motivations de l'assassin sont loin d'être nouvelles, cet être malade et impuissant voue une haine féroce aux femmes depuis que son épouse l'a quitté pour un autre homme, sa cruauté et sa détermination à s'acharner sur ses victimes, droguée, nymphomane, lesbienne, sont par contre assez étonnantes. On remarquera qu'une fois de plus comme il était alors récurrent dans le cinéma transalpin la bourgeoisie est la cible du tueur, porteuse de tous les maux et de tous les vices.
Hormis sa violence, l'autre point fort du film est son érotisme puisque Cavara n'hésite jamais à déshabiller ses actrices toutes plus belles les unes que les autres puisque la distribution féminine outre Barbara Bouchet compte quelques unes des stars et starlettes d'alors dont Annabella Incontrera, Barbara Bach à ses tout débuts, l'ex-James Bond girl Claudine Auger et la déjà fort désinhibée Stefania Sandrelli.
Si Cavara confère à ses personnages tout stéréotypés soient-ils une certaine dimension psychologique, il faut reconnaitre que celui du commissaire est particulièrement fouillé et constitue certainement l'atout majeur du film. Giancarlo Gianini qu'on avait découvert dans Libido nous offre là une de ses plus belles compositions dans la peau de cet homme trop humain rongé par ses doutes et ses angoisses qui lentement vont finir par le détruire et l'emporter au fil d'une enquête où chacune de ses facettes seront mises en avant.
Cavara se permet également quelques petites références notamment à Six femmes pour l'assassin de Bava lors du meurtre parmi les mannequins et Nude si muore de Margheriti lorsque le maniaque coupe au couteau les tendons de sa victime.
Bénéficiant d'une belle photographie et d'une agréable mais un peu trop répétitive partition musicale signée Ennio Morricone, La tarentule au ventre noire s'il n'est pas une réelle réussite surtout venant de la part de Cavara, le film se laisse cependant voir sans déplaisir. Voilà un honnête giallo horrifique qu'on aurait simplement aimé un peu (beaucoup?) plus élaboré et moins conventionnel. Cavara signera l'année suivante un second thriller bien plus original, plus complexe et surtout singulier intitulé E tanta paura.