Le calde notti di Don Giovanni

Autres titres: La vie sexuelle de Don Juan / La vie sexuelle d'un perverti / Nights and loves of Don Juan / Los amores de Don Juan
Real: Alfonso Brescia
Année: 1971
Origine: Italie / Espagne
Genre: Comédie / Décamerotique / Cape et épée
Durée: 100mn
Acteurs: Robert Hoffmann, Barbara Bouchet, Ira Von Fürstenberg, Annabella Incontrera, Lucretia Love, Edwige Fenech, Pasquale Nigro, María Montez, José Calvo, Adriano Micantoni, Franco Fantasia, Pietro Torrisi, Cris Huerta, Franco Marletta, Fortunato Arena, Osiride Pevarello...
Résumé: Invétéré séducteur, Don Juan accumule les conquêtes à la grande colère de la noblesse espagnole qui ne voit en lui qu'un être pervers et malfaisant. Après qu'il ait repoussé les avances de la belle Isabella, celle ci engage deux homme pour tuer Don Giovanni. Grièvement blessé, il se cache dans un couvent où il est soigné par Soeur Magdalena qu'il tente vite de débaucher. Dénoncé par la Mère supérieure Don Giovanni se voit retirer ses terres par le roi d'Espagne mais il doit également quitter l'Espagne. Il est envoyé au Maroc. L'émir le nomme vite ambassadeur auprès du sultan mais lorsque Don Giovanni courtise Aicha, la fille du souverain, qui en tombe amoureux, le sultan le met aux fers. Don Giovanni doit s'échapper. Aicha veut fuir avec lui et l'épouser...
Dans sa Séville natale Don Juan Tenorio, l'homme dont toutes les femmes d'Espagne rêvent, multiplie aventures et conquêtes. Une des dernières en date est la belle Esmeralda, l'épouse du noble Don Consalvo de Vargas. Ce qu'ignore Esmeralda c'est que Don Giovanni courtise également sa belle-fille, Concitta. Lorsque Don Consalvo découvre que Concitta est amoureuse du redoutable play-boy, il l'envoie au couvent pour le plus grand bonheur d'Esmeralda. Considéré par la noblesse comme pervers et hérétique Don Giovanni devient la bête noire de Séville. Lorsque la belle Isabelle Gonzales lui tend un piège pour coucher avec lui, Don Giovanni la repousse. Il séduit les femmes pour en faire ses maitresses mais une femme ne peut pas s'offrir à lui d'elle même. Humiliée, Isabella engage deux hommes
pour le faire assassiner. Par chance Paco, le fidèle serviteur de l'invétéré séducteur, lui sauve la vie. Réfugié et soigné dans un couvent où il est soigné, il tombe amoureux de soeur Magdalena qui petit à petit succombe à la tentation. La Mère supérieure soupçonne fortement leur liaison coupable et le chasse. Cette ultime hérésie vaut à Don Giovanni d'être chassé d'Espagne après que le roi lui ait retiré ses terres. Il est envoyé au Maroc. Fasciné par ses galantes aventures dignes des 1001 nuits il fait de l'émir Omar son ami qui le nomme ambassadeur plénipotentiaire auprès du sultan Selim. Don Giovanni fait la connaissance de Aicha la fille du sultan, promise à un homme dont elle serait la vingt-septième épouse. Don
Giovanni tente de la séduire en se faisant passer pour un marchand de tissu et finit par coucher avec. Aicha s'amourache du galant infidèle et le demande en mariage. Leur liaison découverte, le sultan envoie aux fers Don Giovanni qui finit par s'évader. Aicha s'enfuit avec mais ils sont rattrapés. Don Giovanni parviendra à échapper à la colère du sultan et de ses hommes en prenant le bateau sur lequel il fait de la reine de Chypre son amante. Obligé de fuir à la nage toujours accompagné de son serviteur, tous deux s'échouent sur une plage. Alors qu'ils reprennent conscience, Don Giovanni aperçoit une splendide créature lui faire de l'oeil. Même sur une île perdue l'insatiable coureur de jupons peut reprendre ses activités coupables.
Inspiré du célèbre personnage de Don Juan, Le calde notti di Don Giovanni risque de frustrer et surtout décevoir celui qui attiré par un titre français aguicheur et surtout bien mensonger pensait d'une part découvrir tous les facettes de la vie sexuelle de cet insatiable séducteur, d'autre part assister à un torride petit film érotique. En fait La vie sexuelle de Don Juan également connu sous l'appellation Vie sexuelle d'un perverti est une gentille comédie qui mélange savamment aventures galantes et film de cape et d'épée avec quelques uns des éléments avant tout narratifs qui constitueront les futures décamérotiques, l'ensemble arrosé d'un zeste d'érotisme fort sage voire même prude. Le caractère de Don Juan prend ici des
faux airs de Zorro, autre grand nom qui fit trembler l'Espagne, tant il multiplie les combats et manie avec dextérité l'épée, faisant tomber ses ennemis de la pointe de son fleuret... ou de son sabre.
Et si on sent un léger parfum de décamérotique c'est en définitif vers l'orientalérotique que s'oriente toute la seconde partie du film puisque Don Juan troque son costume de Zorro débauché pour celui de Lawrence d'Arabie, l'action étant supposée se dérouler chez les Berbères. Du Décaméron aux 1001 nuits il n'y a qu'un pas. Brescia l'a compris.
Ce bel amalgame des genres donne une comédie légère, souvent agréable, distrayante qui se contente d'enchainer les aventures rocambolesques plus ou moins piquantes de son héros au fil de ses rencontres avec reines, châtelaines et fille d'émir. Chacune d'elle sont convenues, peu surprenantes et surtout originales mais suffisamment amusantes pour attirer l'attention du spectateur. Ce qu'on pourrait reprocher en fait au film ce n'est pas son manque d'inventivité mais la lenteur d'une mise en scène un peu fade, pas toujours très dynamique. Il manque à cette petite pellicule cette énergie, ce souffle épique qui fait du film de cape et d'épée son charme, son envolée. Don Juan, matou éternel insatisfait, certes miaule auprès de ses conquêtes mais il ronronne surtout.
Fort heureusement Brescia en bon professionnel qu'il est, se rattrape d'une part sur la splendeur des décors tant intérieurs qu'extérieurs (la majeure partie du film fut tourné à Rome) et des costumes magnifiés par une très belle photographie et une partition musicale enjouée signée Carlo Savina, d'autre part sur une affiche féminine alléchante, principal point fort du film aux yeux de bon nombre de bissophiles puisqu'on y retrouve mais pas avant la cinquantième minute Edwige Fenech, période pré-giallo, sous le voile de Aicha. Ses admirateurs seront ravis de la revoir, toute jeune, osant timidement un sein mais vêtue très souvent de soie transparente. C'est à Barbara Bouchet que reviennent les scènes de nu les plus pimentées. Lascive, plus belle que jamais, elle ouvre cette Vie sexuelle de Don Juan de
manière brulante pour céder la place à la brune et ténébreuse Ira Von Furstenberg puis Annabella Incontrera dans l'amusante défroque de Soeur Magdalena et enfin la blonde Lucretia Love en reine de Chypre. De quoi faire le bonheur de plastique irréprochable qui oublieront la présence et le physique ingrat de l'espagnole Maria Montez dans la peau de Concitta.
Don Juan est incarné par l'autrichien Robert Hoffmann, le sourire carnassier, l'oeil azur, le regard de velours, la frange en bataille. Robert est divinement beau, il devrait en étourdir plus d'un et d'une mais sa beauté typiquement germanique ne correspond peut être pas forcément au personnage du Don Juan habituel qu'on imagine bien plus typé puisque l'image de cet invétéré tombeur se rapproche plus de celle du latin lover traditionnel. Rares sont en effet les espagnols blonds aux yeux bleus. Il manque peut être également à Robert une certaine fougue, son interprétation est un peu trop lisse pour vraiment convaincre. Il est assez drôle de voir Robert échoué sur une île déserte en fin de métrage puisque c'est en incarnant Robinson Crusoe pour la télévision au milieu des années 60 que le comédien connut le succès. Clin d'oeil volontaire de la part de Brescia?
Parmi les centaines de films qui ont mis en scène Don Juan, celui d'Alfonso Brescia n'est certainement pas le plus inoubliable. Malgré sa lenteur, son rythme un peu trop plan plan, La vie sexuelle de Don Juan est néanmoins une agréable comédie en costumes qui se laisse voir sans déplaisir, un joli divertissement truffé de scènes de combats alertes orchestrées par le maitre d'armes Franco Fantasia. Jamais vraiment ennuyeux cette "Don juade" qui a visiblement bénéficié de moyens conséquents mérite l'attention de l'amateur ne serait ce que pour son éclatante distribution.
Signalons que pour sa sortie en salles en France en 1972 afin de justifier son titre salace La vie sexuelle de Don Juan fut agrémenté d'inserts pornographiques hideux qui lui valut une interdiction aux moins de 18 ans.