Una cavalla tutta nuda
Autres titres:
Real: Franco Rossetti
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 105mn
Acteurs: Don Backy, Barbara Bouchet, Vittorio Congia, Renzo Montagnani, Carla Romanelli, Piero Vida, Lorenzo Piani, Vittorio Fanfoni, Ghigo Masino, Pietro Torrisi...
Résumé: Folcacchio est de retour de la guerre. Il regagne son village et retrouve son ami Gulfaro en prise avec l'amant de sa femme qui lui est infidèle. Folcacchio règle son problème grâce à un philtre magique de sa composition. C'est alors que les deux amis sont choisis pour rendre visite à l'évêque afin qu'ils puissent s'entretenir avec lui. Au cours de leur voyage, Folcacchio fait la connaissance de Niccolo et de sa charmante épouse, Gemmata, qu'il veut à tout prix séduire. Dans ce but, iI fait croire au malheureux qu'il peut transformer son épouse en cheval grâce à des incantations magiques. Il en profite pour tenter d'abuser de la belle Gemmata. Le subterfuge découvert, les deux fourbes messagers fuient. Ils vont au devant de nombreuses péripéties avant d'arriver chez l'évêque...
Auteur d'un curieux et envoutant petit giallo psychédélico-contestataire, Delitto al circolo del tennis, et d'un étrange film érotique sadien, Emanuelle et Johanna, qui sera son chant du cygne, le peu prolifique Franco Rossetti peut se vanter d'avoir été le premier réalisateur à s'être engagé dans la voie ouverte par le Décaméron de Pasolini puisque Una cavalla tutta nuda fut la première décamérotique à sortir en salles en Italie suite au succès du film du Maitre.
Si Pasolini n'a jamais recherché la beauté des corps, pas même pour son Décaméron,
célébration de la chair, de l'attrait du corps féminin pour l'homme, les décamérotiques qui suivirent mirent en avant cette beauté, source de tous les fantasmes masculins à l'origine de biens des turpitudes. Una cavalla tutta nuda ne fait pas exception. C'est ici la belle et plantureuse Gemmatta qui est au centre du récit et par la même des fourberies de deux amis d'enfance, Folcacchio et Gulfardo. Le premier revient de la guerre et rentre au pays, le second a bien des soucis avec sa femme qui lui est infidèle et son amant, véritable rival qu'il doit éloigner. Folcacchio va remédier au problème grâce à un filtre magique de sa fabrication. C'est alors que le prêtre du village décide d'envoyer les deux amis à Volterra afin qu'ils
délivrent un message à l'évêque. Parfaits étourdis, ils oublient malheureusement en cours de route le contenu du message. Lors de leur voyage, les deux messagers de fortune font la connaissance de Niccolo et de sa splendide épouse, Gemmata. Afin de séduire la jeune femme, Folcacchio a recours à un subterfuge. Il réussit à convaincre le couple que grâce à un enchantement, il peut transformer leur jument en une splendide créature et changer son épouse en cheval. Ayant besoin d'un cheval, Niccolo accepte mais le sort ne fonctionne pas.
Inspiré d'une nouvelle tirée du Décaméron de Boccace, ce petit scénario va servir de trame narrative au film, prétexte à multiplier les mésaventures et autres déboires de nos deux
fourbes coquins et alimenter différents segments reliés entre eux par ce fil conducteur. Ainsi, Folcacchio et Gulfaro seront dépouillés de leurs vêtements, se réfugieront dans un monastère où les moines les prendront comme modèles pour un tableau. Dépouillés de leurs vêtements ils parviennent à fuir avec de nouveaux habits, des chevaux et un bon repas en route pour de nouvelles aventures durant lesquelles ils seront faits prisonniers, seront condamnés au bûcher mais sauvés in extremis par la pluie avant de rencontrer un châtelain gay qui ne parvient pas à satisfaire sa femme que charmera Folcacchio. De retour au village, les deux malandrins, accueillis comme des héros, auront amassé fortune mais ils vont tout
perdre. Ils se séparent alors. Gulfaro restera chez lui tandis que Folcacchio parviendra à leurrer Niccolo et à enfin séduire la belle Gemmata.
Ecrit par Francesco Milizia, un des plus prolifiques scénaristes de comédies à l'italienne des années 70, Una cavalla tutta nuda n'est pourtant pas la meilleure décamérotique que ce sous genre nous ait donné. Force est de constater que le film tourne à vide durant 100 minutes. Si la grande originalité du scénario était ce curieux sort qui devait transformer une femme en cheval, donnant ainsi au film son titre, elle est bien malheureusement totalement sous exploitée voire très vite oubliée au profit d'une série d'aventures peu originales cette fois
et surtout jamais vraiment drôles. Le rire et la bonne humeur paillarde ne sont pas au rendez-vous, c'est tout juste si on esquissera un léger sourire devant les déboires de nos escrocs. Rapidement leurs incessantes chamailleries et autres querelles lassent, usent, le spectateur qui de surcroit se noie sous un flot de dialogues souvent assommants. Et ce n'est pas l'érotisme particulièrement discret ici, comble pour une décamérotique, qui risque de l'égayer. Quasiment dénué de scènes coquines et de plans de nu, aussi légers soient ils, Una cavalla tutta nuda prêche par sa sobriété alors que la définition même de la décamérotique est une véritable ode à la chair, à la sexualité débridée. Encore plus décevant
est le sort réservé à Barbara Bouchet, véritable attraction féminine du film. Rossetti semble tout bonnement l'oublier. Présente pour la scène clé de l'histoire, le pseudo sort destiné à la changer en robuste jument, elle disparait par la suite pour ne revenir qu'en toute fin de métrage. Autant dire que ses admirateurs seront frustrés comme le seront leurs instincts voyeurs.
Cela ne veut pas dire que Una cavalla tutta nuda est exempt de qualités. On saluera une superbe photographie qui met en valeur les très beaux décors naturels et estivaux des campagnes de Sienne et de San Lucchese, une très agréable partition musicale en partie
due à Don Backy notamment les entrainantes chansons qui agrémentent les historiettes. Lorsqu'on connait les talents musicaux de Don, on ne risquait guère d'être déçu. Toujours au crédit du film, un rythme alerte et une interprétation enjouée du même Don Backy déchainé alors au sommet de sa beauté. Emergent ça et là quelques jeux de mots sympathiques (l'embarras de l'évêque quant au nom de Folcacchio) et scènes enthousiastes notamment celle où le félon feint de changer Gemmata en robuste jument. On se délectera de ces gros plans de Barbara entièrement nue à qui Folcacchio fait prendre diverses postures animales tout en la palpant, la tâtant et la caressant, une des rares séquences érotiques voire la seule de cette décamérotique trop prude.
Retenons aussi le fait que Rossetti ait quelque peu brisé les codes du genre en utilisant la totalité des protagonistes non pas uniquement dans les segments qui leur reviennent mais tout au long du métrage.
Aux cotés de Don Backy et Barbara Bouchet on retrouve Renzo Montagnani, égal à lui même. Il ne fait que jouer le type de personnage qui feront par la suite sa réputation, ce registre comique sur laquelle la majeure partie de sa carrière reposa. Si ses supporters apprécieront une fois de plus son jeu, d'autres pourront vite le trouver insupportable et bien mal à sa place, le tandem qu'il forme avec Backy ne jouissant pas d'une parfaite osmose.
Cette décamérotique au titre éloquent, première du nom, reste dispensable et à réserver aux invétérés du genre et autres collectionneurs ainsi qu'aux admirateurs de Montagnani et/ou Don Backy. Les autres ne retiendront que peu de choses si ce n'est la scène chevaline de Barbara Bouchet.