Midnight blue
Autres titres: Mezzanotte triste / Sexy blue / La domenica del diavolo / Trauma
Réal: Raimondo Del Balzo
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Rape and revenge
Durée: 83mn
Acteurs: Giancarlo Prete, Antonio Cantafora, Christiana Borghi, Dirce Funari, Vincenzo Crocitti, Monica Como, Elisabetta Valgiusti, Vittorio Sgorlon...
Résumé: Trois jeunes et belles athlètes décident de passer leur week-end dans une somptueuse villa non loin de la mer. Trois criminels échappés de prison qu'elles rencontrent sur la plage privée s'invitent chez elles mais une des filles va découvrir leur vraie identité. Désormais prisonnières, viols et humiliations peuvent commencer avant que les courageuses sportives ne tentent de s'enfuir et se venger...
Réalisé sur le tard, Midnight blue est un des derniers rape and revenge italiens mis en chantier et certainement un des plus méconnus, une curiosité qui relève de l'euro-trash pur et simple et prêche plus par sa complaisance et sa gratuité que par sa réelle violence.
La trame n'est cette fois guère originale. Elle ne fait simplement que reprendre celle de la plupart des oeuvres du genre. Trois jeunes athlètes féminines décident de passer le week-end dans une magnifique villa au bord de la mer. Trois criminels récemment échappés de prison s'invitent chez elles mais une des sportives va malencontreusement découvrir leur
véritable identité. Les trois hommes les retiennent alors prisonnières. Ils les humilient et tentent de les violer mais les courageuses jeunes femmes parviennent à s'enfuir. Elles vont alors se venger et tuer un à un leurs bourreaux mais leur cauchemar n'est cependant pas terminé.
La première réflexion qui viendra à l'esprit du spectateur à la vision de Midnight blue est le rapprochement qu'il fera avec trois autres films sortis peu avant. Tout d'abord les savoureux La settima donna et Terreur express pour le joli décor maritime, la luxueuse villa, la complaisance des scènes érotiques et la violence tout aussi gratuite. Le connaisseur
émérite pensera aussi au rarissime Hard sensations de Joe D'Amato pour le groupe de jeunes sportives recluses au bord de la mer pris en otages par un groupe d'individus douteux.
Pour le reste Raimondo Del Balzo plus connu pour ses quelques lacrima-movies se contente d'appliquer à la lettre la traditionnelle recette à la différence près que l'amateur de viols en tout genre et autres brutalités sexuelles risque d'être fort déçu cette fois. Hormis un couteau qui après avoir déchiré le T.shirt d'une des filles et arraché sa petite culotte caresse de sa pointe le sexe de la victime les malfrats se contentent cette fois de violenter ou malmener les malheureuses
jeunes femmes. Di Balzo tente même un essai artistique lorsqu'il tente de filmer un double viol qui se voulait au départ particulièrement brutal en le transformant très vite en une frénétique et chaotique bataille d'oreillers au milieu d'un nuage de plumes! Voilà une bien surprenante alternative qui aurait pu s'avérer intéressante et surtout originale mais elle donne surtout au spectateur le tournis qui soudain a l'impression de naviguer sur une mer déchainée! Une tentative de sortir des sentiers battus qui mérite certes d'être saluée mais joliment ratée.
Tous les moyens semblent être bons pour Del Balzo afin de mettre ou du moins tenter de mettre mal à l'aise le spectateur. Outre les zooms intempestifs, lentilles déformantes et
autres grand angles qui sont légion, il s'attarde bêtement sur des bouches huileuses qui dévorent à pleines dents la nourriture, des moustaches couvertes de graisse, multiplie les regards vicieux et arrose le tout d'un flot d'insultes. Voyeur, il se plait à montrer ses repris de justice observer avec excitation leurs proies sous la douche, les fait se déshabiller sans véritable raison sous l'oeil d'une caméra obscène qui lèche chaque centimètre de leur corps tout en s'attardant bien entendu sur leur entre jambe afin de dévoiler au mieux leur intimité.
La partie revenge assez restreinte est quant à elle un peu trop répétitive. En effet en bonnes athlètes qu'elles sont, après une course effrénée à travers la forêt qui longe la plage, elles
transperceront simplement chacune leur tour leurs agresseurs d'un javelot avant de les enterrer dans le sable. Plus étonnant par contre est le retournement de situation final. Si on croyait que nos athlètes étaient désormais sorties de ce cauchemar, le destin va s'abattre sur elles de façon assez cruel voire ironique. Di Balzo met en place une sorte de vengeance posthume qu'on jugera plus ou moins absurde selon l'humeur du jour. De façon assez étrange il enchaine les uns aux autres les moments les plus intenses du film comme si les protagonistes revivaient leur
cauchemar, une paresseuse manière également de prolonger un film de bien courte durée, tandis qu'un étau virtuel se resserre inexorablement sur elles,
symbolisant l'horreur du piège inextricable dans lequel elles viennent de tomber. Une fois le traquenard refermé c'est dans une jolie flaque de sang en surimpression que le mot fin apparaît, ce petit mot de trois lettres prenant ici un sens bien précis tout spécialement atroce. Original c'est le moins qu'on puisse dire même si cette inattendue surimpression n'est curieusement pas présente sur l'édition DVD.
Si De Balzo cache sa maladresse, son manque évident d'inspiration et la faiblesse d'un scénario téléphoné vu et revu derrière un voyeurisme de bon aloi, le film souffre avant tout de ses dialogues ridicules souvent risibles,
de son manque de crédibilité et des nombreuses incohérences et autres invraisemblances qu'il accumule 80 minutes durant. Ainsi nos gangsters en cavale se baladent au grand jour, au vu de tous, comme de simples vacanciers qui vont faire leurs emplettes en ville. Quant à nos belles athlètes Del Balzo n'utilise jamais le potentiel que ce genre de personnages pouvait apporter à l'intrigue. Elles auraient pu en effet injecter à l'ensemble cette force qui fait trop défaut au film et surtout donner plus d'ampleur, d'énergie, à l'affrontement final. Nos malheureuses héroïnes ne sont que de simples caricatures sans aucune profondeur guère plus sportives qu'un cul de jatte, la blonde prude, la brune explosive et la jeune fille timide
qui n'ont par contre aucun mal à s'ébattre entre elles lors de longues scènes de saphisme. Quant aux voyous, outre leur insouciance ahurissante, ils sont tout aussi stéréotypés. Le chef de bande est un homme brutal, méprisable. Les deux autres criminels sont beaucoup plus gentleman mais bien peu crédibles encore moins convaincants et suivent aveuglément leur chef.
La distribution est quant à elle surprenante. Qu'est donc venu faire dans un tel film le dodu et jovial Vincenzo Crocitti, un habitué des sexy comédies aux faux airs d'Alvaro Vitali? Totalement hors sujet, il rend le scénario encore plus improbable tant sa présence est
absurde. A ses cotés, on reconnaitra avec surprise le toujours musclé Giancarlo Prete, lui aussi bien peu à sa place, qui passe sans raison valable une bonne partie du film habillé d'un simple slip que Del Balzo semble aimer filmer (mais ce n'est pas pour nous déplaire d'autant plus que Giancarlo semble généreusement doté par Mère Nature). Quant à l'ex-gloire des années 70, le séduisant Antonio Cantafora qui dévoile sans complexe sa totale nudité lors de deux scènes d'amour particulièrement torrides, il est le seul à véritablement tirer son épingle du jeu, plutôt persuasif dans son rôle de leader intransigeant.
La partie féminine est représentée par la timide Christiana Borghi, très à l'aise semble
t-il dans son rôle, l'éphémère Elisabetta Valgiusti et une nouvelle venue, une parfaite inconnue dont ce fut l'unique apparition à l'écran, la blonde Monica Como qui nous offre une belle séquence saphique avec Elisabetta. Les admirateurs de Dirce Funari auront le plaisir de la retrouver trop brièvement dans le rôle de Silvia, la coach, mais ils seront certainement déçus car Dirce à aucun moment ne se déshabille hormis un rapide gros plan sur ses seins.
Rythmé par une agréable partition musicale ensoleillée de Stelvio Cipriani Midnight blue intrigue car assez peu identifiable quant à sa nationalité tant Del Balzo
semble américaniser son film, une impression renforcée par le doublage anglais très
pointu, tout en gardant cependant une touche italienne
reconnaissable.
Malgré cette tentative d'américanisation, cet anodin et tardif rape and revenge n'apporte rien de nouveau au genre, il ne vient que gentiment compléter une liste déjà bien longue. Pur produit de sexploitation Midnight blue, tourné dans les décors maritimes de Taranto et de Lido azzurro, vaut essentiellement pour la gratuité et la complaisance dont il fait preuve. De quoi ravir l'amateur. Cette incursion manquée dans la rape and revenge d'un cinéaste plus spécialisé dans les bandes larmoyantes dégoulinantes d'amour et de bons sentiments que dans l'euro-trash pur et dur demeure une simple curiosité pour collectionneurs assidus qui auront auparavant savouré et su apprécier Terreur express et La settima donna. Les autres risquent fort de le trouver ennuyeux et bien stupide.