Rosita Torosh: une flamboyante naturiste
Impossible de n'avoir pas avoir vu ne serait ce qu'une seule fois son nom au détour d'un quelconque générique puisque cette jeune actrice à la flamboyante chevelure brune et aux yeux bleus tourna plus d'une soixantaine de films durant les quelques dix années que dura sa carrière. Il est pourtant difficile parfois de mettre un visage sur son nom tant elle semble ne pas en avoir pour la bonne raison qu'elle n'eut que très rarement des rôles conséquents au grand écran, devant le plus souvent se contenter de courtes participations ou simple figuration. Plus qu'une actrice aux charmes incontestables, elle fut également une prestigieuse comédienne de théâtre et de télévision avant que le destin ne la rappelle vers lui. Revenons aujourd'hui sur le parcours de celle qui nous quitta trop tôt, l'incandescente et si voluptueuse Rosita Torosh.
Née le 10 novembre 1945 à Udine dans le Frioule, Rosita Torosh de son véritable nom Rosita Toros a depuis son enfance toujours été attirée par le monde du spectacle. Ce n'est donc pas une surprise si la jeune fille suit des cours d'arts dramatiques et réussit à intégrer le prestigieux Centre Expérimental du Cinéma, le C.S.C, à Rome dont elle sort diplômée en 1969. C'est sur les planches de sa ville natale que Rosita fera ses premières armes en interprétant de nombreuses pièces de théâtre amateur. Elle se fait également remarquée à la radio où elle est animatrice ainsi que dans l'univers du roman-photo dés 1968. C'est en 1969, l'année même de son diplôme, à tout juste 24 ans, qu'elle entame sa carrière cinématographique.
Comme la plupart de ses confrères et consoeurs issus de la C.S.C dont Carla Mancini est peut être le nom le plus évocateur chez l'amateur, si Rosita va apparaitre au générique d'une pléthore de films ce sera la plupart du temps le temps de rôles plus ou moins courts lorsqu'il ne s'agit pas purement et simplement de figuration. Il n'est donc pas toujours
évident de repérer la jolie actrice à la flamboyante chevelure même si Rosita a toujours su donner à ses personnages aussi furtifs soient ils une certaine dimension et surtout jouer de sa beauté que beaucoup qualifiaient d'agressive.
C'est dans la comédie à l'italienne que Rosita fera ses premières armes avec Franco, Ciccio e il pirata Barbanera avec pour partenaires les inénarrables Franco Franchi et Ciccio Ingrassia et Oh dolci baci e languide carezze de Mino Guerrini. Dés lors, Rosita Torosh va enchainer les apparitions et toucher à tous les genres sans exception. Dés 1970 elle tourne son premier giallo sous la direction de Dario Argento, L'oiseau au plumage de cristal, une victime du tueur. On la retrouvera dans L'oeil du labyrinthe dans lequel elle est la secrétaire de Horst Frank, Chassé-croisé sur une lame ce rasoir, la jeune femme poursuivie en voiture par le tueur, Spasmo, la prostituée qui fait monter à son bord Robert Hoffmann et L'etrusco uccide ancora / Overtime de Armando Crispino. Du giallo elle passe aisément
au polar avec La rançon de la peur, une des victimes de Tomas Milian qui finit pendue au lustre avec la regrettée Annie Carol Edel, La mort en sursis tous deux signés Umberto Lenzi, Fatevi vivi: la polizia interverra de Giovanni Fago et Le nouveau boss de la mafia de Alberto De Martino. Rosita est également à l'affiche de bon nombre de westerns dont Acquasanta Joe, Kid il monello del west ainsi que Il était une fois la révolution.
Il aurait été plus qu'étonnant que la bella Rosita ne fasse pas profiter de ses charmes à ses nombreux admirateurs. Si elle apparait généreusement dévêtue dans le numéro de Playmen de novembre 1972, elle est surtout et avant tout au générique de nombreuses comédies légères, de films érotiques et autres décamérotiques. On peut ainsi savourer ses
courbes dans quatre d'entre eux, Canterbury proibito où elle joue une soeur, I giochi proibiti dell'Aretino Pietro, Le nouveau décaméron / Decameron 3: le piu belle donne del Boccaccio et Les nouveaux contes immoraux. Elle traverse également allégrement L'orgasme dans le placard et Peccati in famiglia avant de s'essayer à un érotisme plus pointu pour le WIP de Rino Di Silvestro, La vie sexuelle dans une prison pour femmes, perdue au milieu des prisonnières. Il faut dire que jouer nue n'aura pas été un gros problème pour l'actrice qui dans les années 70 fut la présidente de La Ligue italienne naturiste, la fameuse LIN.
Le tour des genres n'aurait pas été complet si Rosita ne s'était pas laissée tenter par le cinéma fantastique et d'horreur transalpin. On la retrouve ainsi aux crédits de l'incontournable Chair pour Frankenstein pour elle interprète le rôle de Sonia, une des prostituées du bordel où se rend Sdrjan Zelenovic qui la regarde faire l'amour à Joe Dallesandro, l'excellent thriller fantastique Le orme et le très bon La nuit des diables de Giorgio Ferroni dans lequel elle est une simple infirmière.
Rosita s'investit tout autant dans un cinéma plus sérieux puisqu'elle tourne notamment pour Aldo Lado La cosa buffa, pour Enzo Castellari Les proxénètes, pour Carlo Lizzani Les derniers jours de Mussolini ou encore Camillo Buzzani Abus de pouvoir. Elle sera même à l'affiche d'une comédie musicale, Lady Barbara de Mario Amendola. En, 1972, Luigi Comencini lui propose d'interpréter le personnage de la fée dans sa superbe version de Pinocchio mais au final c'est à Gina Lolobridgida que revint le rôle.
Durant toute sa carrière, Rosita n'aura joué que dans un seul film où elle avait un des rôles principaux. Il s'agit de I pugni di Rocco de Lorenzo Artale. C'est en 1977 que Rosita va faire sa dernière apparition au grand écran dans le nazisploitation de Fabio Agostini Les nuits rouges de la gestapo dans la peau d'une redoutable officier SS.
Cela ne signifie pas que Rosita va quitter définitivement l'univers artistique. Si elle abandonne le grand écran elle va poursuivre encore quelques temps sa carrière non seulement au théâtre mais surtout à la télévision italienne avec entre autres en 1981 la série Don Luigi Sturzo. Rosita avait déjà joué en 1974 dans une série fort connue en Italie, Il commissario Di Vincenzi, qui retraçait la vie du célèbre commissaire joué pour l'occasion par Paolo Stoppa. Son nom est également lié à des feuilletons télévisées tels que La mandragola et La fine dei Borboni. Dans les années 80, elle présenta également à la télévision des émissions gastronomiques.
Rosita va alors lentement se retirer des feux de la rampe et c'est prématurément qu'elle nous quittera à l'âge de 50 ans. Elle décède en effet le 10 décembre 1995 dans la ville qui l'a vit naitre.