Diario segreto da un carcere femminile
Autres titres: Condamnées à l'enfer / La vie sexuelle dans une prison de femmes / Women in cell block 7 / Diario erotico da un carcere femminile / Sex life in a women's prison
Real: Rino Di Silvestro
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: WIP
Durée: 100mn (Uncut) / 92mn (Version cut)
Acteurs: Olga Bisera, Jenny Tamburi, Paola Senatore, Anita Strindberg, Eva Czemerys, Annie Carol Edel, Gabriella Giorgelli, Cristina Gaioni, Elisa Mainardi, Bedy Moratti, Massimo Serato, Umberto Raho, Valeria Fabrizi, Jane Avril, Margaret Rose Keil, Rosita Torosch, Roger Browne...
Résumé: Hilda s'est faite incarcérée afin de prouver l'innocence de son père. Elle espère y trouver la preuve de son innocence. Elle va vite découvrir la misère qui règne dans les prisons de femmes mais également la dépravation et les violences subies au quotidien par les prisonnières par des gardiennes sadiques. D'origine bourgeoise, Hilda va vite devenir la cible des autres détenues mais sa force de caractère l'amènera à se faire respecter tout en poursuivant son enquête...
Premier film que tourna Rino Di Silvestro, Diario segreto da un carcere femminile est un WIP classique qui repose sur l'éternelle trame de l'innocente incarcérée à tort suite à une affaire de drogue, découvrant très vite l'enfer de la vie carcérale dans les prisons pour femmes.
Avant toute chose il est intéressant de se pencher un instant sur la genèse du film. Rino Di Silvestro jusqu'alors scénariste, las d'écrire pour les autres, décida de concocter un
scénario qu'il réaliserait enfin lui même. C'est ainsi que naquit Diario segreto... qu'il proposa à un producteur régional. Ravi, il accepta qu'il soit tourné. Avec l'aide d'un ami, Di Silvestro réunit les fonds nécessaires, fonda son siège social, à savoir sa propre maison, et construisit de toutes pièces cette prison dans les studios de la Paolis. L'effet bluffa le producteur. Le film pouvait donc se faire.
S'il n'est pas un des meilleurs WIP transalpin, Diario segreto... mérite tout de même l'attention du spectateur et ce pour plusieurs raisons. La première est l'extraordinaire
diversité régionales dont bénéficie le film. Chacune des actrices personnalise en effet une région d'Italie et un trait caractère bien précis. Se retrouvent donc derrière les barreaux de cette prison une milanaise, une bolognaise, une calabraise, une napolitaine, une sicilienne, une romaine... Chacune va se heurter à la personnalité de l'autre. Sadique, maniaque plus exactement une pyromane, timide, désillusionnée, mafieuse, débauchée, lesbienne... sont donc réunies autour de la protagoniste principale qui échappe cette fois aux règles récurrentes du genre, à savoir une bourgeoise d'origine suédoise au corps parfait,
totalement neutre dans cet univers de perversions. Sa neutralité, son coté altier sont plutôt originaux car jusqu'alors inédits dans ce prolifique sous genre du cinéma d'exploitation tant italien qu'américain.
La deuxième raison est l'accumulation des séquences de sexe qui comptent parmi les plus riches et audacieuses du genre. On y retrouve tout le rituel de base bien évidemment dont la sempiternelle entrée en la matière, l'examen rectal et vaginal de la jeune héroïne, douce et innocente, par une gardienne chef sadique et lesbienne qui entretient des rapports bien
spéciaux avec sa favorite. Cette mémorable inspection anale particulièrement humiliante et surtout réaliste est une extraordinaire entrée en la matière qui soyons en sûr ravira les plus pervers d'entre vous et laisse loin, très loin derrière elle, l'introduction d'un sachet de drogue dans l'anus d'une détenue dans A 16 ans dans l'enfer d'Amsterdam.
Diario segreto... compte également une des scènes saphiques les plus torride jamais réalisées dans l'univers du WIP, celle d'Olga Bisera, déchaînée, une scène si chaude qu'elle fut totalement censurée en Italie et absente de la version française éditée en vidéo.
L'âme chagrine pourra reprocher à Di Silvestro de s'être plus intéressé à la sexualité de ses détenues qu'à l'univers carcéral lui même comme l'indique un des titres français du film, La vie sexuelle dans une prison de femmes. A cela Di Silvestro rétorque que le sexe est une chose vitale en prison. L'esprit et la chair n'y font qu'un. Il décida donc de mettre en avant l'aspect tant homosexuel qu'hétérosexuel tant et si bien que Diario segreto... fut un des films les plus mutilés de l'histoire du WIP puisque 122 mètres de pellicule furent coupées. Seule la version américaine remontée sortie jadis en vidéo serait intégrale.
Si on excepte les éléments mafieux peu crédibles et surtout trop peu développés par un cinéaste plus intéressé par l'aspect charnel, carnassier, complaisant, du film, Diario segreto... est un bien sympathique croisé entre le polar et le WIP dans lequel on retrouve tous les ingrédients inhérents au genre, les longues scènes de douche durant lesquelles Di Silvestro multiplie les gros plans totalement gratuits sur le sexe et les fesses de ses détenues comme il le fera trois ans plus tard pour son très bon nazisploitation Les déportées de la section spéciale SS, les jeux et la perversion sexuelle, les combats acharnés entre prisonnières déchainées... l'ensemble greffé sur une montée dramatique assez intéressante.
La partition musicale jouée tout à la mandoline est agrémentée d'émouvantes chansons traditionnelles italiennes. Si elles en séduiront plus d'un par leur beauté et leur mélancolie elles reflètent surtout le désespoir de ces femmes perdues.
L'ultime atout du film et non des moindres est sa fabuleuse et étonnante distribution, un véritable harem de stars et starlettes que le réalisateur regroupa derrière les barreaux de sa prison factice. Paola Senatore, Anita Strindberg qui a la prestance de son personnage, l'androgyne Eva Czemerys, Jane Avril, la douce et innocente Jenny Tamburi, les charnelles Rosita Torosh, Margaret Rose Keil, Annie Carol Edel, l'opulente Gabriella Giorgelli, l'émouvante Bedy Moratti sont ainsi réunies sous la dure férule d'une Olga Bisera, en jupe serrée et chignon sévère, véritable diablesse lesbienne, qui aujourd'hui parle avec un certain plaisir du film notamment de la transformation physique qu'elle dut subir, à mille lieues des rôles qu'elle avait jusqu'alors tenu.