Passi di danza su una lama di rasoio
Autres titres: Chassés-croisés sur une lame de rasoir / Devil blade / Death walks with a cane / Pasos de danza sobre el filo de una navaja / Die nacht der rollenden köpfe
Real: Maurizio Pradeaux
Année: 1973
Origine: Italie / Espagne
Genre: Giallo
Durée: 86mn
Acteurs: Susan Scott, Robert Hoffman, George Martin, Anuska Borova, Simon Andreu, Rosita Torosh, Nerina Montagnani, Sal Borgese, Luciano Rossi, Carlo Carli, Anna Liberati, Cristina Tamborra, Gualtiero Rispoli, Serafino Profumo, Rodolfo Lolli, Orlando Baralla...
Résumé: Une jeune femme, Kitty, observe le paysage à l'aide d'une longue vue touristique assiste bien involontairement à l’assassinat d’une jeune femme par un assassin tout de noir vêtu. Kitty et Alberto, son fiancé, se rendent alors au commissariat. La police ne tarde pas à découvrir l’identité de la victime, une jeune danseuse nommée Martinez. L'inspecteur chargé de l'enquête a pour seul indice la claudication du meurtrier qui marcherait avec une canne. Les meurtres tous perpétrés à l'aide d'un rasoir continuent de plus belle, toujours aussi sadiques. Après la mort d’une prostituée qui tentait de révéler l'identité du tueur, Alberto découvre le lien entre tous les assassinats: une certaine académie de danse...
Réalisateur-scénariste, Maurizo Pradeaux n'aura mis en scène que bien peu de films durant sa carrière, sept en tout et pour tout, dont Passi di danza su una lama di rasoio qui à ce jour reste son plus connu. Comme beaucoup de ses confrères, Pradeaux se laissa aller à la mode du giallo alors que le genre est à son apogée. Si le film jouit aujourd'hui d'une certaine popularité ce n'est certainement pas pour son scénario mais certainement plus pour ses meurtres souvent sadiques et particulièrement graphiques, une des rares qualités de ce giallo somme toute banal qui se contente de réunir sans originalité mais surtout sans grande logique tous les éléments inhérents à ce style de cinéma.
Le point de départ reprend plus ou moins celui de Fenêtre sur cour, une jeune femme est le témoin involontaire d'un assassinat sauvage alors qu'elle scrute le paysage à l'aide d'une lunette télescopique, mais très vite Pradeaux s'embrouille dans une histoire incohérente et peu crédible où le nombre de suspects se multiplie rapidement sans qu'on puisse réellement croire en leur culpabilité tant l'ensemble sonne faux. Tout au long du métrage Pradeaux tente de brouiller les pistes mais avec une telle maladresse qu'on en sourirait presque. Les habitués du genre auront vite fait de dénouer ce noeud d'embrouille et les effets escomptés sont cette fois ci ceux d'un pétard mouillé. En voulant trop appuyer sur bon nombre de détails, il désamorce non seulement tout surprise mais il le fait de manière si grossière qu'il en devient évident qu'il cherche à trainer à chaque fois son spectateur sur une fausse piste. Trop évident, tout s'effondre alors jusqu'au final bien peu convaincant et si peu plausible qu'il en est tout bonnement risible.
Pradeaux en outre a cru bon de saupoudrer l'ensemble d'un soupçon d'humour pas toujours très fin, assez mal venu, qui achève de miner le peu de crédibilité du scénario et d'agrémenter le film de scènes parfois stupides (l'héroïne qui est sans cesse prise d'une envie urgente d'uriner, le commissaire piégée par la fausse prostituée...) ou totalement incohérentes notamment celle où une victime, paniquée, s'enfuit en voiture et ne trouve rien de mieux que de s'arrêter au bord d'une route pour téléphoner en parlant dans... l'écouteur!!!!! A force d'accumuler ce type de séquences, Pradeaux donne une impression de remplissage, une folle envie de mettre le plus possible de codes gialliques au détriment de toute vraisemblance. Si le novice pourra accrocher, les inconditionnels quant à eux feront très certainement une douce grimace de déception.
Malgré ses défauts et son improbabilité, Chassé-croisé sur une lame de rasoir n'est cependant pas un mauvais film. Il fait partie de ces petits gialli distrayants, divertissants qui se laissent regarder et s'oublient aussi vite. Agréable, les plus magnanimes se laisseront aller sur ce chassé-croisé qui comparé à beaucoup d'autres du même genre n'a guère à rougir de ses faiblesses. Même si la mise en scène de Pradeaux est plutôt molle, on lui reconnaitra tout de même un certain talent pour filmer les meurtres et les séquences à suspens, le point fort du film. Très graphiques, les assassinats sont assez impressionnants, tous pratiqués au rasoir et joliment amenés avec pour point d'orgue la mort de la vieille dame. Toujours au crédit du film une partition musicale assez angoissante signée Roberto Pregadio et le plaisir de revoir Susan Scott, égérie des gialli de son époux Luciano Ercoli,
très souvent déshabillée de manière bien entendu gratuite afin de satisfaire l'indispensable quota de nudité. A ses cotés, c'est l'autrichien Robert Hoffmann qui endosse la peau de son fiancé et accessoirement détective improvisé, malheureusement trop inexpressif et peu convaincu. L'espagnol Simon Andreu et Sal Borgese complètent la distribution ainsi que la regrettée Rosita Torosh, l'ex-présidente de la ligue nudiste italienne, qui connaitra le même sort que dans Spasmo. Citons également la présence lumineuse de Anuska Borova, une jeune comédienne totalement inconnue qui disparut par la suite. Si ses talents d'actrice paraissent assez limités, sa longue chevelure blonde et ses yeux bleus auront sans nul doute marqué les esprits. Luciano Rossi fait quant à lui un simple caméo en interprétant l'amant de la soeur jumelle de Anuska.
Chassé-croisé sur une lame de rasoir ne convaincra surement pas les mordus de giallo mais pris comme un amusant petit thriller horrifique, il reste intéressant à découvrir tout en se noyant dans la masse d'une prolifique production à une époque où le giallo était alors à son apogée.
Maurizio Pradeaux signera un second et ultime thriller quatre ans plus tard, Passi di morte perduti nel buio alors que le genre est alors bien moribond depuis quelques années déjà.