L'occhio nel labirinto
Autres titres: L'oeil dans le labyrinthe / The eye in the labyrinth / El ojo nel labirinto
Real: Mario Caiano
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 91mn
Acteurs: Rosemary Dexter, Adolfo Celi, Horst Frank, Alida Valli, Sybil Danning, Franco Ressel, Michael Maien, Benjamin Lev, Gigi Rizzi, Rosita Torosh...
Résumé: Suite à un rêve où elle voyait son psychiatre et amant se faire violemment assassiné dans une étrange demeure inachevée en forme de labyrinthe, Julie part à sa recherche aprés constaté que Luca avait bel et bien disparu. Les rares indices qu'elle possède la mène à un village situé au bord de la mer et plus précisemment une luxueuse villa appartenant à une femme aigrie Gerda qui semble avoir de nombreux secrets à cacher. Elle y reçoit quelques couples oisifs et bien étranges qui nient tous avoir connu Luca. Julie va pourtant vite découvrir qu'ils l'ont tous cotoyé et avaient de bonnes raisons de le haïr. L'étau se ressert doucement autour de Julie...
"Un labyrinthe est construit pour confondre les âmes des hommes. Son architecture rigoureuse répond à cette fonction." C'est avec cette citation de l'écrivain argentin Jorge Luis Borges que s'ouvre les portes de ce labyrinthe mis en scène par Mario Caiano, artisan chevronné et touche à tout du cinéma de genre transalpin venu du péplum à qui on doit déjà quelques petites perles du polizesco telles que Napoli spara / Assaut sur la ville et Milano violenta / Terreur commando et du cinéma gothique, Les amants d'outre tombe.
Avec L'occhio nel labirinto c'est au giallo qu'il s'attaque alors que le genre était à son apogée. Cette citation donne d'emblée le ton du film. Loin des gialli sanglants à la Argento, L'occhio nel labirinto s'apparente beaucoup plus aux gialli psychologiques, les thrillers cérébraux dont Umberto Lenzi s'était fait un des spécialistes. On est ici en effet à la croisée des oeuvres du réalisateur de Orgasmo et autres Paranoïa et celles du maître Hitchcock. L'occhio nel labirinto connu chez nous sous le titre L'oeil dans le labyrinthe est construit comme une sorte de tortueuse partie d'échec où les coups portés par les différentes parties en entraînent de nouveaux tandis qu'un étrange tableau représentant un meurtre, seul élément emprunté à Argento, sert d'unique indice menant au meurtrier... si meurtrier il y a car toute l'intrigue tourne autour de ce mystère.
Le point de départ de l'histoire est le rêve qu'une jeune femme, Julie, a fait dans lequel elle voyait Luca, son amant et accessoirement psychiatre, être violemment assassiné dans une sorte de vaste demeure labyrinthique et inachevée. Elle va justement constaté que le jeune homme a disparu et part aussitôt à sa recherche. Les quelques indices qu'elle a la conduisent à un petit village au bord de la mer où après avoir échappé à une tentative d'assassinat elle fait la connaissance d'un quinquagénaire étrange. Il la mène à une luxueuse villa appartenant à une femme aigrie, Gerda, dans laquelle elle reçoit de jeunes couples oisifs. Si personne ne semble connaître le jeune homme, tous pourtant vont petit à petit prouver qu'ils mentent et qu'ils vouaient au psychiatre une haine certaine.
Reste donc à découvrir le fin mot de l'histoire afin d'élucider les raisons de la disparition de Luca et mettre en lumière le diabolique complot qui se trame autour de Julie. En ce sens, L'oeil dans le labyrinthe entretient un agréable suspens qui tiendra jusqu'aux ultimes minutes et son étonnant rebondissement même sien soi il n'a rien de très original. Si on pourra rapprocher le film de Caiano de Spasmo c'est surtout à Il coltello di ghiaccio de Lenzi qu'il s'apparente le plus puisqu'il lui est en de nombreux points similaire. Nous sommes en présence ici d'un giallo solaire, entièrement tourné sur l'île d'Elbe, au climat plus qu'étrange. Le rêve brutal de julie, la disparition de Luca, l'arrivée dans ce petit village maritime, cette luxueuse villa et ses mystérieux résidents, une poignée d'artistes extravagants, qui ont tous eu à faire avec Luca et sa sinistre propriétaire qui semble avoir bien des secrets à cacher, tous ces éléments parfaitement gérer par Caiano parviennent à créer une atmosphère insolite que renforcent ces paysages maritimes aussi magnifiques qu'ils peuvent être inquiétants. Julie, aidé par ce quinquagénaire qui semble être tombé amoureux d'elle va alors tenter de reconstruire les derniers jours de Luca un peu à la manière d'Agatha Christie.
L'enquête s'avoue complexe, on songe par instant à L'oiseau au plumage de cristal, et Caiano dans nous entraîne lentement au coeur de ce labyrinthe, cette construction bizarre au coeur de laquelle il nous plonge lors de la vertigineuse ouverture, tandis que l'oeil du titre, celui de Julie, tente de comprendre ce qui s'est réellement passé.
L'occhio nel labirinto est un giallo teinté d'un zeste de psychédélisme typique de cette époque où mode oblige on situait les lieux de l'action au bord de la mer. Fort bien réalisé, méthodique, efficace, le film utilise à très bon escient les thèmes récurrents du genre qu'étaient d'une part la folie et le subconscient et d'autre part la manipulation machiavélique d'une malheureuse proie. Il n'évite pas pourtant une certaine banalité dans le propos. L'oeil dans le labyrinthe ne surprendra malheureusement guère les amateurs. Son rythme lent risque même d'avoir raison de certains spectateurs qui somnoleront sous le soleil méditerranéen. On regrettera surtout un certain manque de conviction dans le jeu des acteurs, notamment celui de la pakistanaise Rosemary Dexter (Casanova 70, Justine de Sade, Polissonnes excitées) aussi jolie qu'elle est peu incisive pour ce rôle qui méritait plus de force.
A ses cotés, Adolfo Celi et surtout Alida Valli qui une fois de plus sait rendre particulièrement inquiétant son personnage. On reconnaît également une toute jeune Sybil Danning parmi les locataires de la villa, Rosita Torosh ainsi que l'allemand Horst Frank.
Si L'occhio nel labirinto, rythmé par une belle partition musicale free jazz signée Roberto Nicolosi qui colle parfaitement à l'atmosphère aussi insolite que solaire du film, n'est pas un chef d'oeuvre, il n'en demeure pas moins un thriller psychologique fort efficace et surtout réussi que l'amateur (re)découvrira avec le plus grand plaisir. Oublié semble t-il par les éditeurs, devenu assez difficile à visionner, espérons qu'un jour un distributeur ait la merveilleuse idée de le proposer enfin à son catalogue.