Canterbury proibito
Autres titres: Le Canterbury interdit
Real: Italo Alfaro
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 96mn
Acteurs: Femi Benussi, Magda Konopka, Patrizia Viotti, Enza Sbordone, Rosemarie Lindt, Paola Corazzi, Imelde Marani, Angela Bo, Rosita Torosh, Adler Gray, Franco Garofalo, Galliano Sbarra, Mauro Vestri, Alfredo Piano, Peter Landers, Francesco D'Adda, Giovanni Filidoro, Marco Bonetti, Emilio Bonucci, Carla Mancini, Pier Luigi Giorgio, Guerrino Crivello, Franco Alpestre, Edda Soligo, Gino Pagnani, Remo Capitani, Luigi Montini, Mario Carrara, Gina Mascetti, Franco Angrisano, Marco Mariani, Luigi Sportelli, Ben Corrà, Fausto Tommei, Anna Bacchi, Franco Mazzieri, Roy Bosier, Lidia Biondi, Memè Perlini, Nerina Montagnani, Franco Agostini, Luigi D'Acri...
Résumé: Un groupe de pèlerins part pour Canterbury. Pour se passer le temps et rendre le voyage bien plus agréable chacun décide de raconter une histoire égrillarde...
Suite au succès du Décaméron et des Contes de Canterbury de Pier Paolo Pasolini, les deux premiers volets de sa trilogie de la vie, le cinéma érotique italien s'est emparé du phénomène et créa un sous branche du genre: la décamérotique. Cette nouvelle sous catégorie du cinéma d'exploitation se déclinait elle même en deux branches, celle qui suivait donc les traces du Décaméron et celle qui s'inspirait des Contes de Canterbury affreusement nommée la canterbérotique. C'est de cette dernière dont s'inspira le toscan Italo Alfaro avec ce Canterbury interdit qui se compose de sept petites histoires souvent
très courtes reliées entre elles par un fil conducteur: un groupe de pèlerins décide de se rendre à Canterbury. La route est longue. Pour éviter l'ennui chacun raconte une histoire salace .
Le premier segment Una storia d'amore raconte comment une jeune femme évince à son insu deux de ses prétendant pour un troisième avec qui elle se retrouve au lit. Mais avant elle doit attendre que sa mère s'endorme.
Le second Santa del Grande narre les aventures d'une jeune fille quelque peu simplette partie vendre deux agneaux au marché. En cours de route afin de profiter d'elle deux larrons
la font boire et lui font croire qu'elle est morte.
Le troisième sketch, Viola, met en scène la séduisante et jeune napolitaine Viola qui profite de l'absence de son vieux mari pour coucher avec trois amants dont un moine. Au bout du compte seul le moine finira dans son lit.
Le quatrième épisode Le due sorelle, a pour principales protagonistes les deux jeunes nonnes du titre qui tentent de coucher avec deux moines au nez et à la barbe de la Mère supérieure et de l'Evêque qui pourtant veillent. Surpris par l'Evêque un des moines reçoit la fessée et doit dénoncer l'autre frère.
Dans le cinquième volet Nelle brache di San Grifone une sensuelle épouse napolitaine oublie ses sous vêtements sur le lit d'un de ses amants, un prêcheur. Avec l'aide d'un complice afin d'éviter tout scandale il va faire croire que cette culotte est sacrée puisque c'est celle de Saint Grifone et l'exposera même lors d'une procession.
La sixième histoire Gallo Cantachiaro est un conte surréaliste dans lequel un coq humain philosophe ne cesse de courir après ses poules. Un renard malicieux tente de l'attraper mais le coq finira par le prendre à son propre piège.
La dernière saynète Antonia e Giustina met en scène les deux splendides et insatiables
jeunes fille du titre, Antonia et sa belle soeur Giustina, qui en l'absence du mari de Giustina vont tour à tour puis ensemble profiter de la puissante virilité de l'amant d'Antonia jusqu'à l'épuisement total du pauvre homme.
Tourné durant l'été 1972 de suite après Il décamerone 3 déjà signé Alfaro Le Canterbury interdit reprend certains des pèlerins vus dans Le Canterbury 2 de John Shadow, les deux films ayant très probablement été réalisés à la suite. Hormis cet emprunt les deux films n'ont guère d'autres points communs d'autant plus que cette seconde décamérotique de Allfaro ne s'inspire que très peu des écrits de Chaucer. En fait une seule histoire est tirée des fameux Contes de Canterbury, le très curieux et
surréaliste Gallo Cantachiaro, une histoire chantée dans lequel des hommes-bêtes et des animaux humains se renvoient la balle dans un poulailler menacé par un renard-homme. L'histoire est stupide, plutôt irritante et l'ensemble donne l'impression d'une horripilante représentation théâtrale pour enfants donnée à l'occasion d'une fête de fin d'année scolaire. Dissimulés sous des costumes de coq et de poule géants les acteurs dont le mime Roy Bosier entonnent des chants hystériques dans un poulailler géant pendant quelques cinq minutes juste avant d'échapper à un comédien déguisé en renard qui comptait bien avaler ce coq aussi coureur que philosophe. Pour le reste les différentes saynètes s'inspirent surtout
des récits de Pietro l'Aretino et de Masuccio Salernitano. Le dernier récit est quant à lui le copier-coller de celui qui ouvrait Sollazzevoli storie di mogli gaudenzi e mariti penitenti de Joe D'Amato, seul le nom des héroïnes change.
Qu'y a t-il donc d'interdit dans ce Canterbury hormis son interdiction aux moins de 18 ans à sa sortie italienne? Absolument rien. A vrai dire il s'agit là d'une des décamérotiques les plus sages et surtout les plus ennuyeuses qui furent tournées. Réalisés sans entrain, sans réelle énergie les sept contes se suivent dans la plus totale indifférence ne parvenant à aucun moment ni à faire rire ni même à faire sourire. Aucune histoire n'est vraiment drôle ou
comique. Aucune n'est originale bien au contraire. elles souffrent toutes d'un cruel manque d'imagination. Et ce n'est pas l'érotisme qui cette fois réussira à relever le niveau et apporter à l'ensemble un regain d'intérêt puisqu'il est pratiquement absent du métrage. Point de nu si ce n'est quelques furtifs plans de poitrines gentiment dénudées et quelques étreintes d'une sagesse si frustrante.
Surnagent dans ces contes qui n'ont d'interdit que le nom deux sketches, celui où Femi Benussi est l'héroïne, Viola, un épisode enfin vivant, pétillant dans lequel rayonne Femi, et le dernier, Antonia e Giustina, là encore dynamique, truculent, mené de main de maitre par
Rosemarie Lindt et Magda Konopka. Voilà qui est trop peu sur les 90 minutes que dure le métrage.
Autour de Femi, Magda et Rosemarie s'agitent entre autres starlettes Patrizia Viotti, Angela Bo, Enza Sbordone, une toute jeune Paola Corazzi et Rosita Torosh.
Récité en divers dialectes italiens, rythmé par une chanson aux accents rock "Come to Canterbury" signée Cugini di campagna, un groupe de rock progressif italien de ce début d'années 70, Le Canterbury interdit fait malheureusement partie des décamérotiques les plus dispensables, les plus anodines et surtout ennuyeuses que seules la présence de quelques actrices parvient à sauver. De Alfaro on lui préférera et de loin son Décameron 3.
Signalons qu'il ne faut confondre ce Canterbry interdit avec Le mille e una notte all'italiana de Carlo Infascelli bizarrement retitré en France Canterbury interdit.