Decameroticus
Autres titres: Les nouveaux contes immoraux
Real: Giuliano Biagetti
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 90mn
Acteurs: Aldo Bufi Landi, Pupo De Luca, Orchidea de Santis, Sandro Dori, Umberto D'Orsi, Pino Ferrara, Edda Ferronao, Marina Fiorentini, Riccardo Garrone, Gabriella Giorgelli, Camille Keaton, Margaret Rose Keil, Krista Nell, Corrado Olmi, Antonia Santilli, Rosita Torosh, Pietro Tordi, Luigi Antonio Guerra, Federico Pietrabruna...
Résumé: Cinq jolies épouses volages vont avoir recours à de coquins stratagèmes pour cocufier leur mari. La première ment à son époux pour que son amant la rejoigne toute une nuit, la seconde aura le plaisir de coucher avec deux prétendants après que le piège tendu par son homme ne se retourne contre lui, la troisième se fait passer pour malade pour qu'un charlatan s'occupe d'elle, la quatrième organise un échange de partenaire ignorant que son mari a songé au même stratagème et la dernière va coucher avec le mari de son amie...
Petit réalisateur responsable d'un excellent giallo maritime, l'intrigant Interrabang, d'une sexy comédie avec Gloria Guida, La novice se dévoile, et d'un petit drame adolescent morbide plutôt transparent, La svergognata, on doit à Giuliano Biagetti connu également sous le nom de Pier Giorgio Ferretti qui en quasiment quarante années de carrière ne tourna qu'une dizaine de films cette modeste décamérotique joliment intitulée Decameroticus.
Contrairement à la plupart des décamérotiques, il n'y a cette fois aucun fil conducteur qui relie les cinq segments entre eux. Biagetti s'est contenté de narrer le plus simplement
possible cinq histoires dont le dénominateur commun est l'adultère, cinq maris cocufiés par leurs épouses. La deuxième entorse au schéma traditionnel est qu'aucune des cinq infidèles ne sera punie ou châtiée... ou le triomphe de la tricherie! Les malheureux époux seront donc tout au long des récits joyeusement roulés dans la farine, gaiement trompés par la malice de leurs femmes.
La première histoire s'intéresse à une jeune femme qui révèle à son mari que chaque nuit un jeune et séduisant moine vient lui faire l'amour. Afin de le prendre en flagrant délit, il se poste devant chez lui à la nuit tombée. En fait, ce n'était qu'un habile stratagème pour que le
religieux puisse passer par la fenêtre et rejoindre la joyeuse coquine dans sa chambre. Ils sont ainsi tranquilles toute la nuit. A l'aube, l'amant s'enfuit après avoir pris soin de verser un seau d'urine sur le pauvre cocu.
Le second sketch met en scène un juge nommé Vulfardo qui fatigué des incessantes plaisanteries de Lambertuccio décide de se venger en envoyant un de ses amis, le fringant Leonetto, séduire son épouse Isabella. Son stratagème se retournera contre lui puisque c'est le juge qui se fera prendre à son propre piège et sera deux fois cocu pour le plus grand plaisir d'Isabella.
Le troisième récit concerne la charnelle Nardella, une jolie servante avec qui le maitre de maison rêverait de passer une nuit entière à lui faire l'amour. Pour être tranquille, il demande à Pedrone, son jeune domestique, de le remplacer discrètement au lit auprès de sa femme Domitilla pendant qu'il se chargera de donner du plaisir à Nardella. Il ignore que Domitilla a eu la même idée. Au final tout le monde fera l'amour sans le savoir avec son propre partenaire pour le plus grand plaisir de Nardella qui se retrouve ainsi au lit avec le beau Pedrone mais aussi du mari qui découvre que son épouse est la plus putain de toutes les putains. Mais alors que les deux hommes dorment, les coquines regagnent leur couche
respective. A leur réveil, quel n'est pas leur étonnement de se retrouver aux cotés de leur propre compagne!
Le quatrième segment est celui de Cicillo, un charlatan qui doit guérir Don Casimiro, l'idiot de mari d'une plantureuse jeune femme, qui souffre d'une éruption cutanée qu'aucun remède à ce jour ne vient soulager. Cicillo est supposé avoir un traitement miracle qu'il doit lui appliquer. Si Don Casimiro le paie grassement pour sa guérison sa femme va jouer les grandes malades et profiter ainsi des soins autres que cutanés de Cicillo sans que Casimiro ne s'aperçoive de rien.
L'ultime conte s'attache aux confidences de deux commerçants qui lors d'un voyage se racontent leurs tromperies mutuelles. Cela leur donne une idée. Chacun va en cachette de l'autre faire l'amour à la femme de son compagnon. Mais l'un d'entre eux découvre le pot aux roses. Furieux il provoque son ami en duel devant leurs épouses respectives.
Inspirés de différentes histoires de Boccace mais aussi de L'Aretino et de Bandello, Decameroticus fort tardivement sorti en salles en France en 1978 sous le titre Les nouveaux contes immoraux est une décamérotique de facture somme toute très classique. Hormis son titre fort drôle, le film n'a rien de particulièrement amusant. Biagetti se contente de narrer
cinq récits peu originaux, platement mis en scène. Certes le mauvais gout est au rendez-vous, quelques gags relèvent de temps à autre le niveau d'un comique un peu trop en retrait mais l'ensemble ne parvient jamais vraiment à réellement captiver.
Le véritable intérêt de Decameroticus dont on retiendra essentiellement le quatrième segment, certainement le plus idiot mais aussi le plus divertissant, est en fait sa joyeuse partition musicale signée Berto Pisano, son inoubliable chanson collégiale en tête chantée dans une taverne par une bande de joyeux manants qui servira de leitmotiv au film et surtout sa distribution féminine. Decameroticus brille de par une affiche composée de six sexy stars
habituées au genre à savoir Orchidea De Santis, Krista Nell, Margaret Rose Keil, Antonia Santilli, Rosita Torosh et Gabriella Giorgi, toutes plus en forme les unes que les autres. Si la nudité tant féminine que masculine reste assez sage de manière générale, on savourera tout de même la poitrine généreusement dénudée de Krista Nell et surtout les nus intégraux de Antonia Santilli, de loin l'actrice à qui reviennent les scènes les plus déshabillées. On savourera également les différents dialectes qui composent les dialogues du film, du napolitain au livournais en passant par le romain, et le délicieux doublage italien dont certains acteurs sont affublés notamment lors du quatrième segment.
Pour l'anecdote, une rumeur voudrait qu'à l'origine Decameroticus ait compté six sketches. Ce mystérieux épisode manquant aurait du se situer à l'ouverture du film s'enchainant directement sur la chanson thème. Le récit aurait été retiré du montage final pour d'énigmatiques raisons, peut être de censure, et ne reste de ce passage que quelques rares photos de plateau. Le réalisateur étant mort depuis de nombreuses années, le mystère ne pourra jamais être levé d'autant plus que les rares survivants qui ont participé au film n'ont aucun souvenir de ce fantomatique récit.
Sorti en juin 1972 en Italie, Decameroticus, tourné en partie au château de la Sala di Ficulle à Terni, est une petite décamérotique sans prétention, très classique dans ses récits, dont on retiendra essentiellement la distribution féminine. La bonne humeur est au rendez-vous mais gaieté ne signifie pas forcément hilarité. Le genre a connu beaucoup plus amusant, beaucoup plus salace aussi. Decameroticus se noie assez facilement dans la production d'alors. A réserver surtout aux amateurs endurcis du genre.