Une autrichienne à Rome: Annie Carol Edel
Elle fait partie de ces actrices dont on connait le nom tant on l'a vu maintes et maintes fois s'inscrire au générique de nombreux films mais sur lequel il est souvent un brin difficile de mettre un visage. Opulente, charnelle, une longue chevelure de jais, cette jeune comédienne trop tôt disparue a du tout au long de sa carrière qui s'étala sur plus de quinze années se contenter de jouer les seconds rôles, le plus souvent celui d'épouse ou de maitresse. Sa facilité à se déshabiller et jouer nue a fait d'elle une incontournable figure de l'érotisme transalpin qui n'a pourtant jamais réussi à se hisser au niveau de certaines de ses consoeurs. Bien peu de choses ont été dites ou écrites sur elle tant et si bien qu'aujourd'hui encore elle demeure pour beaucoup une énigme pleine de charme. Voilà pourquoi le Maniaco va aujourd'hui s'intéresser à cette sensuelle comédienne autrefois promue Miss univers, la plantureuse Annie Carol Edel.
Autrichienne installée à Rome, Annie Carol Edel, parfois créditée Annie Karol Edel ou Annie Carole Edel, débuta sa carrière d'actrice en 1970 par un tout petit rôle non crédité dans Quando le donne avevano la code de Pasquale Festa-Campanile dans lequel elle interprète une des femmes préhistoriques de la tribu. Compagne du séduisant acteur mannequin, star du roman-photo, Paolo Rosani avec qui elle aura une fille prénommée Sarah, Annie est promue en ce début de décennie Miss Univers. Cela ne l'empêche cependant pas de continuer sa carrière de comédienne. En 1971 elle apparait brièvement aux cotés de Françoise Prévost et Carlo Giuffré dans la comédie de Giovanni Grimaldi Le inibizioni del dottor Gaudenzi, vedovo col complesso della buonanima / Obsessions sexuelles d'un veuf.
Dés l'année suivante l'opulente jeune actrice va se spécialiser dans un genre alors très à la mode, la décamérotique. entre 1972 et 1973 elle n'en tournera pas moins de cinq. Elle est à l'affiche du Décaméron 3 / Novelle galeotte d'amore, la première des deux décamérotiques que tourna Antonio Margheriti dans laquelle elle interprète la baronne Elisa contrainte de porter une ceinture de chasteté très spéciale lors des absences de son mari. Margheriti fera de nouveau appel à ses talents pour Les mille et une nuits érotiques dans lequel elle n'a cette fois qu'un petit rôle. Annie Carol apparait ensuite dans le fameux Quel gran pezzo della Ubalda tutta nuda e tutta calda de Mariano Laurenti dans le rôle de la plantureuse Filippa puis dans Continuavano a mettere lo diavolo ne lo inferno de Bitto Albertini.
L'ultime film de ce type qu'elle tournera sera Fra' Tazio de Velletri dont la réalisation fut attribuée à Joe D'Amato avant que celui ci ne quitte le tournage qui fut terminé par Romano Scandariato.
Condamnée à jouer les seconds rôles voire des personnages de troisième et quatrième plan, Annie Carol va dés 1973 multiplier les apparitions dans bon nombre de films d'exploitation dans lesquels elle expose fièrement ses formes opulentes. Elle est une des prisonnières de Diario segreto da un carcere femminile / La vie sexuelle dans une prison de femmes, l'excellent WIP de Rino Di Silvestro avant d'interpréter l'amie de Rosita Torosch qui sera torturée et attachée nue au lustre dans La rançon de la peur de Umberto Lenzi, une
scène devenue aujourd'hui culte. Annie Carol s'essaie ensuite à la sexy comédie le temps de trois films tous réalisés en 1975. Elle est la mère de Franco Franchi dans Paolo il freddo de Ciccio Ingrassia puis l'épouse rigide de Daniele Vargas dans La nipote de Nello Rossati et enfin, les cheveux de plus en plus courts, l'épouse de Paolo Carlini dans l'excellent Blue jeans / Couples impudiques avec la toujours aussi lumineuse et candide Gloria Guida qui va user de tous ses charmes adolescents pour lui voler son mari. Annie Carol intègre la distribution de Emmanuelle et Françoise de Joe D'Amato. Elle y joue Mira, la maitresse de
George Eastman. Abonnée aux rôles d'épouse, elle est cette fois la femme de Venantino Venantini dans l'ennuyeux Calore in provincia, une comédie mafieuse signée Roberto Montero Bianchi avec notamment Patrizia Gori en vedette. C'est également l'époque où elle se sépare de Paolo Rosani qui de son coté s'exile au Brésil.
Dés lors, Annie Carol va se faire plus discrète sur les écrans. Elle ne réapparaitra qu'en 1977, quelque peu forcie, dans le giallo érotico-morbide de Filippo Walter Ratti I vizi morbosi di una governante. Elle y interprète Berta, l'austère gouvernante du titre coupable de bien des vices mais également de meurtre. Après trois ans de silence elle est en 1980 à l'affiche du
nunsploitation de Bruno Mattei Novices libertines avant d'être la mère de Julia Perrin, la jeune héroïne du très osé Secrets d'adolescentes, un des premiers films pornographiques mais classieux de Brigitte Lahaie. Annie Carol n'y fait qu'une brève apparition en début de film, le temps d'un déjeuner en famille. Toujours aussi rapide est sa participation au polar de Alfonso Brescia Napoli Palermo New York: il triangolo della Camorra. La belle autrichienne à la chevelure corbeau va alors disparaitre des écrans pour ne revenir que six ans plus tard le temps d'un court rôle dans la version de Salome de Claude d'Anna, celui de la Déesse mère.
Annie Carol qui parlait couramment français, elle fut interprète au journal d'information télévisé International news à la fin des années 70, mettra alors un terme définitif à sa carrière et se retirera des feux de la rampe. Elle commencera une nouvelle vie avant de s'éteindre au milieu des années 90 chez elle, à Rome, dans la plus grande discrétion, emportée à la quarantaine par une tumeur.
Ce qu'on sait moins sur celle qui fut une amie et voisine de Gabriella Giorgelli, elles habitaient non loin l'une de l'autre, c'est que hormis sa filmographie officielle, Annie Carol a également figuré non créditée au générique de quelques films dans lesquels elle y joue des scènes érotiques particulièrement audacieuses souvent absentes des versions en circulation. Lorsqu'on sait que la charnelle comédienne aux seins lourds n'a jamais rechigné à se montrer nue face aux caméras cela n'étonnera donc personne que des réalisateurs aient eu recours à ses services pour des séquences audacieuses que ses consoeurs refusaient de tourner. Elle fut ainsi récemment identifiée dans la version intégrale de Acquasanto Joe, le western de Mario Gariazzo dans lequel elle a une scène d'amour particulièrement brulante avec Richard Harrison doublé pour l'occasion. Annie Carol est également une des deux prostituées qui apparaissent dans le film semi-porno que visionnent Frank Wolff et Erica Remberg dans l'excentrique et fascinant The lickerish quartet / Esotika, erotika, psicotika de Radley Metzger durant lequel elle simule une fellation à son jeune partenaire avant de le fouetter. Ces deux films semblent être une des toutes premières apparitions de Annie Carol à l'écran bien avant ses débuts officiels même si l'actrice a du emporter avec elle bien des secrets, ces mystères qui font tout le charme et l'attrait du cinéma de genre italien.