The toy box
Autres titres: The orgy box / La scatola dei giochi erotici / Sexrausch
Real: Ronald Victor Garcia
Année: 1971
Origine: USA
Genre: X / Fantastique
Durée: 89mn
Acteurs: Sean Kenney, Ann Perry, Neal Bishop, Debbie Osbourne, T.E Brown, LIsa Boorman, Kathy Hilton, Jack King, Maria Arnold, Marcha Jordan, Casey Larrain, Steve Larrain, Ralph Dale, Karen Hutt...
Résumé: Deux jeunes comédiens, Ralph et Donna, doivent se rendre au manoir du vieil oncle de Ralph afin de donner une représentation après que ce dernier les ait invité. Arrivés au château, ils font la connaissance d'autres invités tous venus pour les mêmes raisons. Surnommé l'Oncle, le vieillard n'est en fait qu'un zombi lubrique qui satisfait ses instincts voyeurs en observant les jeunes gens faire l'amour. Une fois leurs ébats terminés, ils reçoivent alors en récompense un coffre à jouet qui leur permettra d'exaucer leur voeu le plus cher. Très vite, Ralph et Donna sentent que quelque chose ne va pas. A minuit, les portes du château se ferment, empêchant ainsi les invités de fuir. Comme possédés par la volonté de l'Oncle, tous se livrent à des orgies avant de s'entretuer ou d'être assassinés. Mais tout cela est il réel ou est ce un effroyable cauchemar, un long rêve macabre au coeur duquel les différents protagonistes se retrouvent perdus...
Directeur de la photographie sur une pléiade de films, téléfilms et de séries télévisées aussi célèbres que Rick Hunter, Hawaï 5-0 et Numb3ers, Ronald Victor Garcia, également scénariste et producteur débuta sa carrière en tant que réalisateur à la fin des années 60 en mettant en scène une poignée de sexploitations et autres films pornographiques dont le plus fameux et surtout le plus étrange reste The toy box.
En ces glorieuses années où le cinéma pornographique envahissait doucement les écrans américains et plus précisément les circuits underground, on aimait beaucoup mélanger les genres et il n'était pas rare de voir la science-fiction, l'horreur ou le fantastique se marier à la pornographie pure et dure. Cela donna nombre de chefs-d'oeuvre notamment ceux de Zebedy Colt, Gerard Damiano et Alex De Renzy pour ne citer que les plus connus mais également toute une pléthore de petits films plus ou moins méconnus, tous plus curieux et fascinants les uns que les autres dont fait partie The toy box.
Le plus surprenant ici est cette atmosphère étrange dans laquelle baigne le film dés le générique d'ouverture, une série de plans sur des jouets d'enfants et des poupées aussi belles et innocentes que macabres. The toy box est une sorte de rêve humide, fantastique, merveilleux qui vire régulièrement au cauchemar, à la fois beau et effrayant. Il ne faut chercher ici aucune logique mis simplement suivre les principaux protagonistes, Ralph et Donna,deux acteurs qui, invités par l'oncle milliardaire de Ralph tout bêtement nommé l'Oncle, doivent donner une représentation dans son manoir où les attendent d'autres invités. Engoncé dans son fauteuil, l'Oncle est une sorte de morts-vivants aux yeux blancs qui semble posséder des dons surnaturels. Chaque hôte après avoir fait l'amour pour satisfaire ses désirs lubriques recevra en cadeau un coffre à jouet qui exaucera son souhait le plus cher. Mais très vite, les invités sont assassinés ou meurent dans d'étranges circonstances du moins s'ils meurent réellement tandis qu'à minuit, les portes du manoir se referment, empêchant quiconque de fuir.
Cette trame qui reprend la légende de la boite de Pandore n'est en fait qu'un subtil prétexte à laisser libre cours à l'imagination débordante de Garcia qui nous entraine dans une fantasmagorie pornographique surprenante d'où toute rationalité est absente. Dans une ambiance plutôt liberty-pop, sur fond de jerk et de rock psychédélique, Garcia enchaine les séquences bizarres au bon gré de l'Oncle, angoissant zombi, figé sur sa chaise qui se dresse au beau milieu de nulle part, une pièce noire située à l'étage de ce manoir aux réminiscences gothiques. Les têtes tranchées tombent du plafond ou apparaissent sur une table, les invités comme possédés par les pouvoirs de l'Oncle dont le regard est symbolisé par un gigantesque spot rouge, hypnotique, énorme oeil maléfique qui les observe, les envoute, se livrent à des ébats sexuels avant d'assassiner leur partenaire à l'aide d'objets qui
leur apparaissent comme par magie avant de recevoir leur récompense, la fameuse boite à jouet qui exaucera leur voeu le plus cher. Cela nous donne deux des séquences les plus marquantes du film, celle où une main sort de la boite et caresse les seins d'une hôte et surtout celle, aussi onirique que macabre, où un des invités, nu sous son tablier de boucher, découpe de la viande au hachoir devant deux filles suspendues par les bras telles des poupées désarticulées et une carcasse d'animal. Il satisfera ses instinctsnécrophiles en faisant l'amour à un cadavre en début de décomposition qui le projettera dans une autre dimension où il lui fera l'amour dans une baignoire perdue au milieu d'un massif de plantes vertes et autres fougères avant d'être massacré à coups de hachoir par un autre cadavre. Aussi incroyable que fantastique, cette séquence résume à elle seule The toy box, délire onirico-macabre intemporel irracontable qui jongle avec tous les éléments des contes fantastiques et d'épouvante dans une orgie de sexe qui soyons honnêtes ne dépasse jamais les limites du softcore.
La nudité demeure légère, les scènes de sexe sont pour la plupart simulées et Garcia évite tout plan de pénétration et de vision d'organes génitaux si ce n'est au détour de quelques furtives images. Jamais vulgaires, d'une décence exemplaire au niveau du sexe, The toy box avec son coté "sleazy-trash", relève en fait beaucoup plus de la sexploitation que de la véritable pornographie.
Le final nous fait totalement sombrer dans une autre dimension au détour de quelques explications aussi ésotériques que freudiennes. Expérimentations mentales, drogues, contrôle de l'esprit, pouvoir de suggestion et autres tours d'illusion, faiblesses humaines sont ainsi au programme alors que les apocalyptiques ultimes images nous font définitivement basculer dans la science-fiction. Nous serions en présence d'aliens dépravés et le manoir serait un gigantesque astronef dont seraient inéluctablement prisonniers tous les invités. A l'aube, alors que tout disparait, ne reste au coeur de la forêt que la boite à jouets.
Dans les rôles principaux on retrouvera une des bimbos blondes de l'érotisme américain des années 60, la plantureuse Ann Perry, et l'acteur Sean Kenney qui fit ses débuts remarqués dans la fameuse série télévisée Star Trek. A leurs cotés, on reconnaitra la rousse Debbie Osborne, une des spécialistes de la sexploitation US et toute une pléiade de comédiennes issue de l'érotisme et de la pornographie de ce début de décade.
Bénéficiant d'une très belle photographie, The toy box est un véritable OVNI (et le terme est des plus approprié ici), une bizarrerie délirante, étonnante, un de ces films érotico-hard comme on oserait plus en concevoir aujourd'hui. Il intriguera, séduira, fascinera, inquiétera et rappellera qu'en d'autres temps, il y a fort longtemps, le cinéma pornographique avait une réelle âme aussi diabolique fut elle, une âme qui le rattachait irréfutablement à un cinéma un tant soit peu plus traditionnel tout underground soit il. Voilà un petit bijou de sexploitation américain qui devrait en ravir plus d'un. A conseiller vivement.