Maniaco Deprebis

Blue jeans sorti en salles fort tardivement en France sous le titre racoleur Couples impudiques fait partie de ces comédies aigres-douces à l'italienne qui envahirent les écrans dés la fin des années 70. Réalisé juste après La ragazzina ce fut le deuxième film que tourna Gloria Guida du haut de ses dix-sept printemps pour Mario Imperoli qui l'avait remarqué et avait lancé sa carrière l'année précédente.
Si Blue jeans, surnom donné à Daniela, jeune prostituée portant la plupart du temps un mini-short en jeans, débute comme une de ces nombreuses comédies italiennes, le film prend assez vite une tournure plus dramatique jusqu'à l'étonnant et cruel final.
Il faut reconnaitre à Imperoli cette habituelle habileté à doucement passer de la comédie au drame, de glisser d'un sujet apparemment inoffensif à des thèmes plus sérieux et graves tout en conservant une narration aussi simple que ludique en utilisant la comédie en filigrane.
Blue jeans ne fait pas exception. On suit donc avec plaisir les aventures de Daniela, jeune prostituée de 17 ans interprétée par Gloria qui après s'être faite arrêtée par la police se voit mise sous la garde de son père qu'elle n'a jamais connu, un restaurateur de châteaux, dont la paisible vie avec sa maîtresse va être bouleversée par l'arrivée de cette enfant inattendue. Le coté glauque des cités béton et de leur misère adolescente laisse place ici aux verdoyantes campagnes italiennes baignées de soleil, frissonnantes aux sons des chants traditionnels italiens. Ce décor champêtre désamorce fortement le propos du film sans pourtant en esquiver la gravité. Imperoli met en valeur la nubile Gloria, il lèche chacune de ses courbes parfaites de sa caméra, capte la beauté de son regard bleu azur et l'or de sa blonde chevelure qui étincelle sous le soleil. Divine, Gloria incarnait l'insouciance de l'adolescence, son naturel et sa spontanéité mais également son coté totalement désinhibé presque impudique apporte au film une fraicheur incontestable comme dans tout ce qu'elle tournera par la suite notamment pour le réalisateur.
Lentement Imperoli va montrer le coté sournois et pervers de Daniela qui dans un premier temps fera tout ce qu'elle peut pour que son père rompe avec sa maîtresse avant de tenter de s'emparer de sa fortune en échafaudant avec son jeune amant un plan machiavélique.
Le final étonnera peut être par sa noirceur. Prête à tout Daniela séduira son père et lui fera l'amour, fière et insolente, avant que son plan diabolique ne se retourne contre elle et son amant dans les ultimes et cruelles dernières minutes. On est ici loin de la légèreté de la première partie. Imperoli comme d'accoutumée délaisse la comédie de départ pour donner toute son ampleur au sujet, toute sa noirceur. Sous ses airs d'innocente adolescente, Daniela cache une âme perverse et calculatrice, une personnage odieux qui laissera derrière elle les cadavres de ses victimes pour mieux retourner à la prostitution alors que le générique défile, l'image figée sur son mini short en jeans.
Bercé par une magnifique partition musicale très flower power signée comme d'accoutumée Nico Fidenco, Blue jeans bénéficie d'une interprétation des plus correctes, jamais lourde ni excessive. Outre Gloria Guida dont on pourra pleinement admirer la nudité on retrouvera avec plaisir Annie Carol Edel, Paolo Carlini et le jeune Gianluigi Chirizzi qui furent déjà les partenaires de Gloria dans La ragazzina.
Blue jeans est une gentille comédie qui sous ses aspects ludiques cache de réelles préoccupations bien plus sérieuses que son titre ne le laisserait supposer même si celles ci ne sont jamais que survolées. C'est aussi l'immense bonheur de revoir la beauté insolente de Gloria alors en pleine gloire.