La mondana nuda
Autres titres: Voulez vous mon corps
Real: Sergio Bergonzelli
Année: 1979
Origine: Italie / Turquie
Genre: Polar / Erotique
Durée: 85mn
Acteurs: Richard Harrison, Malisa Longo, Karin Well, Mary Ar, Black Hard, Peter Woods...
Résumé: Une starlette du X également modèle de charme tombe dans un piège. Un voyou la séduit pour pouvoir lui dérober son argent. Tandis qu'il lui fait l'amour un complice se charge de la dévaliser mais les choses tournent mal. La jeune fille meurt d'une balle de révolver. Les deux voyous s'échappent mais sont arrêtés puis condamnés. La soeur de l'un deux va tout mettre en oeuvre pour le faire innocenter. Mais le patron de la jeune modèle est bien décidé à récupérer l'argent de sa pouline. Il va retrouver les autres membres du petit gang dont faisait partie les deux voyous tandis que la soeur est kidnappée ainsi qu'un témoin du meurtre...
La mondana nuda annoncé comme "Il sequestro" a derrière lui toute une histoire. Sorti dans les salles italiennes en 1979, le tournage du film débuta en fait en 1977 en Turquie, un pays qui servit à cette époque de terre d'accueil à bon nombre de productions coquines coproduites avec l'Italie. Cette "putain mondaine" est en fait l'assemblage de deux films,
celui du réalisateur turc Vurel Pakel, Sahit, un petit polar érotique, sur lequel vinrent se greffer des scènes que Sergio Bergonzelli réalisa en Turquie avec trois acteurs italiens, Karin Well, l'actrice fétiche du cinéaste, Malisa Longo et l'ineffable Richard Harrison alors très actif au pays de Dante. Des inserts pornographiques furent ensuite ajoutés et le film fut ainsi distribué en Italie. La mondana nuda est en fait la toute première incursion de Bergonzelli dans l'univers de la pornographie, un film pour lequel le réalisateur avait beaucoup de considération car selon lui ce fut le film le plus difficile à faire de toute sa carrière puisque tourné sans aucun moyen. Il l'appelait même "le film de toutes les chances". Au vu du résultat, on reste perplexe.
Que le budget du film ait avoisiné le zéro absolu n'est pas un mystère, on le devine dés les
premières minutes. La mondana nuda qui fut certainement sponsorisé par les whisky JB vu le nombre de gros plans sur les bouteilles toujours en évidence respire en effet la pauvreté, la misère tant technique que visuelle. Mais le plus ennuyant ici est en fait ce scénario dont on compte les trous comme sur une belle tranche de gruyère, la vague histoire d'amour entre une starlette du X et son agent qui possède un studio illégal dans lequel sont pris les clichés de charme et tournés les films pornos. La starlette est riche, détient un coffre-fort et bien entendu cela attire un petit brigand et un complice qui la courtise pour mieux la dévaliser. Malheureusement, lors du cambriolage elle est tuée d'une balle de révolver. Jusqu'ici tout est
limpide, les choses se compliquent à partir de cet instant puisqu'il fallait greffer sur ce récit les scènes déjà mises en boite par Vurel Parker. Voilà donc que les deux gangsters qui s'accusent mutuellement du meurtre sont arrêtés et condamnés. la soeur de l'un deux va tout mettre en oeuvre pour faire innocenter son frère. Elle est enlevée par une bande rivale ainsi qu'un témoin de l'assassinat, un garde-chasse. On se retrouve en plein guerre de gangs soit dit en passant, deux hommes contre deux hommes, tous voulant l'agent dérobé à la défunte et naïve modèle, l'affrontement est aussi réduit que le budget, On assaisonne de quelques rebondissements farfelus et incohérents mais il faut bien atteindre les fameuses 90 minutes
réglementaires. On relève le tout de longs passages pornographiques, de quelques séances photo et on multiplie à l'infini les flashes-back du meurtre de la starlette jusqu'au final vengeur. Cela ne suffit pas, les calculs sont erronés puisque nous en sommes qu'à 80 minutes. La solution est simple, on colle bout à bout toutes les scènes pornos du film, une sorte de résumé humide de tout ce que La mondana nuda nous a réservé, c'est à dire bien peu.
Autant dire qu'on s'ennuie ferme tout au long du métrage d'autant plus que rien ne retient véritablement notre attention. La photographie et les décors sont d'une laideur repoussante,
la musique de Nello Ciangherotti franchement mauvaise, la mise en scène aléatoire et l'interprétation inexistante. Le récit, brouillon, devient vite risible. On tente en vain de trouver une certaine logique, de comprendre les tenants et les aboutissants mais face à un tel chaos narratif, on abandonne rapidement. La mondana nuda est un pot-pourri tellement mal assemblé qu'il fuit de toutes parts et se transforme en l'espace de quelques minutes seulement en une série Z hilarante, une constatation que renforce la présence de Richard Harrison au générique. Réputé pour être un des acteurs les plus statique et monolithique de l'histoire du cinéma Bis italien, on doit à Richard les quelques scènes d'action idiotes du film
soit une poignée de combats dont un sous une cascade très mal chorégraphiés durant lesquels on se projette soi même au sol et feint les coups avec le talent d'une troupe d'enfants comédiens pour un spectacle scolaire de fin d'année. La mâchoire crispée, la moustache alerte, impassible même face à Malisa Longo corporellement déchainée, il s'impose à ses ennemis avec la raideur d'un sexe en érection!
Et les érections, Richard en a quelques unes durant ces 85 minutes du moins sa doublure puisqu'en aucun cas, il ne s'est fourvoyé dans des scènes à caractères pornographiques. Cela aurait pu être amusant! Si ce n'était pas la première fois qu'il se laissait aller dans
quelques scènes salaces voire particulièrement pimentées (notamment dans la version intégrale de Acquasanta joe) Richard eut toujours recours à une doublure tel l'américain Lincoln Tate pour le film précédemment cité. Quoiqu'il en soit, le voir courtiser et tomber dans les bras d'une star du du X à qui il apporte le petit-déjeuner au lit avant de se faire lui même croquer la biscotte est un moment tout à fait jouissif pour tout amateur de . L'atout charme de La mondana nuda revient bien entendu à la blonde Karin Well toujours aussi désinhibée qui plus les années passaient plus se dévergondait, sa prestation flirtant très souvent avec les limites du hard même si pour les plans X elle fut toujours contre-figurée. Malheureusement
pour ses admirateurs Karin qui avait déjà tourné en Turquie le rarissime Polizia selvaggia disparait assez vite et n'apparaitra plus qu'en flash-back. Quant à Malisa Longo, elle ne fait que quelques apparitions dans la peau d'une modèle et apporte sa touche d'érotisme très osé. L'actrice, furieuse de ne pas avoir été prévenue que des inserts pornos seraient ajoutés à ses scènes, sortit de ses gonds et se fâcha avec Bergonzelli qui tenta de calmer sa fureur en lui jurant qu'il n'y était pour rien. Les fameuses scènes pornographiques très mal insérées sont d'une absolue laideur, répétitives et bien mal choisies. Si les professionnels ne ressemblent pas aux acteurs qu'ils sont censés doublés, elles semblent surtout tomber comme une fiente de pigeon sur la tête d'un badaud.
Les films de Sergio Bergonzelli sont de manière générale pour l'amoureux de Bis de véritables gemmes de l'euro-sleaze, des trèfles à quatre feuilles qu'on passe sa vie à chercher afin d'en profiter tant la plupart sont aujourd'hui difficiles à trouver. Tous auréolés d'une infaillible réputation, aussi mauvais soient ils, les visionner, les posséder, devient un plaisir jouissif. Leur rareté et le mystère qui entoure souvent leur fabrication en font tout le piquant, leur apporte cette importance qui aujourd'hui encore fait leur succès. La mondana nuda ne fait pas exception. Aussi médiocre soit il, Voulez vous mon corps?, titre de sa sortie en salles en France, a sa juste place dans toute bonne collection de polissonneries très recherchées. Et si c'est Karin elle même qui formule une telle demande, il n'y a plus à hésiter.
Bergonzelli restera en Turquie quelques temps et tournera la même année Daniela mini-slip / Eros hotel avec quelques porno stars de la première heure: Guia Lauri Filzi, Herbert Hofer et Alfonso Gaita en tête.