Quel gran pezzo della Ubalda tutta nuda tutta calda
Autres titres: Quel gran pezzo dell'Ubalda tutta nuda tutta calda / Ubalda all naked and warm
Real: Mariano Laurenti
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 87mn
Acteurs: Edwige Fenech, Pippo Franco, Karin Schubert, Umberto D'Orsi, Gabriella Giorgelli, Pino Ferrara, Alberto Sorrentino, Gino Pagnani, Renato Malavasi, Dante Cleri, Giuseppe Colombo, Annie Carol Edel, Fausto di Bella, Ermelinfa De Felice, Ettore Arena...
Résumé: Olimpio, un brave petit soldat, revient de la guerre, heureux de retrouver son épouse Fiamma, à qui il avait pris soin de faire porter une ceinture de chasteté avant son départ. Cela n'a pas empêché la jeune femme de multiplier les amants. Olimpio est également amoureux de la charnelle Ubalda, femme du meunier Oderisi avec qui il est en guerre. Ubalda porte elle aussi une ceinture, trop convoitée par les hommes. Olimpio va tout mettre en oeuvre pour pouvoir coucher avec Ubalda qui collectionne également les amants. Ce qu'il ignore c'est que le meunier est de son coté fort épris de Fiamma...
Dans la longue série des décamérotiques, genre né du succès du Décameron de Pasolini, Quel gran pezzo della Ubalda tutta nuda tutta calda a du moins en Italie acquis au fil du temps une singulière et étonnante notoriété non seulement à cause de son superbe titre qu'on pourrait traduire familièrement par Ce sacré morceau d'Ubalda chaude et totalement nue mais également parce qu'il fait un peu figure d'exception parmi toutes les
décamérotiques qui furent tournées. Le film de Mariano Laurenti est en effet une oeuvre beaucoup plus moderne qu'elle peut paraitre puisqu'elle peut être considérée comme une sorte satire de la société des années 70 transposée dans l'univers du douzième siècle. En témoignent outre les nombreux clins d'oeil à notre réalité d'aujourd'hui et le comportement très actuel des différents protagonistes la scène du pique-nique dans la vallée de Treja près des fameuses cascades de Monte Gelato, un endroit où les romains d'aujourd'hui adorent venir manger et faire de jolies promenades. Voilà très surement quelque chose qui pourra
nous échapper à nous spectateurs français qui ne verrons qu'une décamérotique de plus et rien d'autre. Voilà peut être une des raisons pour laquelle le film est resté inédit sous nos cieux. Il faut également ajouter que le succès du film provient aussi de la présence de Edwige Fenech dans le rôle de la plantureuse Ubalda, un personnage qui lui apporta alors la renommée que l'on sait. C'est en effet grâce à ce film que l'actrice doit en grande partie sa carrière dans l'érotisme coquin et la sexy comédie dont elle sera une des diva.
Quel gran pezzo della Ubalda tutta nuda tutta calda n'est pourtant pas un des meilleurs
films du genre même s'il reste d'un niveau fort correct et surtout un agréable divertissement frais et enjôlé. Il diffère aussi des traditionnelles décamérotiques de par sa structure puisque la plupart d'entre elles sont composées de différents segments, différentes petites histoires salaces reliées par un fil conducteur dont l'adultère, la cocufication en sont le moteur. Quel gran pezzo della Ubalda... est un film à part entière, une seule et même histoire, celle de deux familles romaines qui sont en guerre, faute à des épouses légères et insatiables, la charnelle et brune Ubalda, femme du meunier Oderisi d'une part, et la blonde et solaire
Fiamma d'autre part, épouse du malingre Olimpio de retour de la guerre. Afin d'éviter à quiconque de pouvoir coucher avec elles en leur absence chacun d'eux a pris ses protections. Les deux femmes portent en effet une ceinture d chasteté dont seuls les maris possèdent la clé. Malignes, elles ont plus d'un tour dans leur sac et multiplie en secret les amants. Le véritable problème est que le meunier est amoureux de Fiamma et Olimpio est épris de Ubalda. La guerre qu'ils se livrent pour une histoire de rivière qui traverse leur propriété respective n'est pas faite pour faciliter les choses. Suite à un profond quiproquo les
deux hommes vont se réconcilier et chacun accepte de prêter son épouse à l'autre. Reste le problème des clés qui ouvrent les ceintures. Celles ci semblent en effet avoir été échangées, un deuxième malentendu qui ré-ouvre les hostilités. Définitivement fâchés, les deux hommes vont tour à tour voir le forgeron, Maitre Deodato, qui leur offre une nouvelle ceinture, cette fois redoutable. Elle castre en effet l'amant trop aventureux. Pris à leur propre piège, ils en feront la triste expérience lors d'un final follement drôle mais cynique, propre à toute bonne décamérotique digne de ce nom.
Ecrit par Tito Carpi, Quel grand pezzo della Ubalda... doit plutôt être vu comme une sorte de sexy comédie en costumes qui doit énormément à leurs deux interprètes principaux, l'imposant Umberto D'Orsi et le chétif Pippo Franco qui durant tout le film s'en donnent à coeur joie, multipliant gags et plaisanteries sans jamais sombrer dans la vulgarité et la lourdeur. L'humour fonctionne d'autant mieux que Pippo Franco, grand acteur comique italien habitué aux comédies populaires, a le physique de l'emploi. Il forme avec Umberto D'Orsi un parfait duo, sorte de Laurel et Hardy moyenâgeux et polissons, véritable atout de cette
décamérotique fraiche et drôle qui mélange avec bonheur les éléments du genre à ceux de la sexy comédie traditionnelle. Le deuxième atout et non des moindres est bien entendu la présence côte à côte de la brune Edwige Fenech et la lumineuse Karin Schubert alors au summum de sa teutonne beauté. Les plus belles scènes de nu, même si elles restent très sages, reviennent cependant à Edwige dont on retiendra la scène de rêve où, filmée tout en ralenti, elle se voit courir nue à travers champs suivie de son Olimpio avant qu'ils ne se laissent aller à quelques pudiques ébats floraux., une scène aujourd'hui culte qui n'a pas fini
de faire frémir de bonheur les inconditionnels d'Edwige.
Quel gran pezzo della Ubalda tutta nuda tutta calda joliment rythmé par une partition musicale de Bruno Nicolai s'il ne brille guère par sa trame simpliste et somme toute assez faible n'en demeure pas moins une bonne décamérotique qui s'élève sans mal au dessus de bien d'autres films du genre tournés à cette époque. Mis en scène avec professionnalisme, on reconnait la patte de Mariano Laurenti alors compagnon de Edwige, le film repose essentiellement sur la prestation de son principal duo d'acteur et la beauté de ses deux actrices. Si cela ne suffit pas à en faire un parfait exemple de ce sous genre du cinéma érotique italien, cette incursion de Laurenti dans ce prolifique mais éphémère filon est un très honnête film qui devrait satisfaire l'amateur.