Paolo Rosani: le mystère d'une mort inexpliquée
1m80 d'élégance, de sensualité, une chevelure blonde, des yeux bleu azur qui contrastaient avec l'or de sa peau, il fut durant plus de dix ans l'idole de toute une génération, un des princes du roman-photo, un rêve inaccessible pour tant de lecteurs et de lectrices. Comédien, acteur, modèle, mannequin, star de la pub, son passage au grand écran fut malheureusement aussi bref que sa vie fut courte même si aujourd'hui encore personne n'a oublié cette icône papier glacé qui n'a pas eu la vie qu'il méritait. Revenons aujourd'hui sur le parcours fulgurant du jeune et séduisant Paolo Rosani jusqu'au jour tragique de sa disparition restée une véritable énigme.
Né le 26 décembre 1949 à Trieste, Paolo Rosani débute sa carrière d'artiste au théâtre à la fin des années 60. Des planches au grand écran il n'y a souvent qu'un pas que le jeune Paolo franchit en 1970 en décrochant sous le pseudonyme Bud Randall un des principaux rôles de Arrivano Django e Sartana.. è la fine / Sartana si ton bras gauche te gêne coupe le de Demofilo Fidani qu'il retrouvera en 1973 pour Amico mio, frega tu che frego io. Dans le premier Paolo interprète le séduisant frère de Gordon Mitchell, dans le second il est un cow-boy à qui on a volé son or. Si son regard électrique hypnotise, si sa présence à l'écran
est quasi magnétique, Paolo ne tournera cependant que six films en l'espace de quatre petites années. Il fait une brève apparition dans le giallo Le mie mani sul tuo corpo de Brunello Rondi et Le décaméron interdit de Carlo Infascelli. Son travail le plus important hormis les deux westerns de Fidani reste Anche se volessi lavorare che faccio? de Flavio Mogherini dans lequel il interprète Asvero, un des trois amis de Ninetto Davoli, une bande de copains désillusionnés qui pour se faire un peu d'argent et vivre leurs rêves pillent les tombes. Il est un des principaux protagonistes d'un péplum tardif Il ritorno del gladiatore il piu forte del mondo signé Bitto Albertini où on pourra l'admirer en jupette romaine. Si Amico mio, frega tu che frega io sera son ultime apparition au cinéma, c'est sous les projecteurs des studios
de mode et à travers les pages de romans-photos d'amour que Paolo va continuer à briller.
Son charme, sa beauté, sa sensualité à fleur de peau, son regard hypnotique, vont très vite faire de lui un des princes de ce type de média. Paolo fit ses premiers pas dans le roman-photo dés la fin des années 60. Dés la décennie suivante, on le voit dans tous les kiosques. Ses love stories font rêver. Le jeune artiste est devenu un incontournable du genre. Il ne cesse de poser, de tourner, d'être mitraillé. Invité à toutes les festivités, il est en l'espace de quelques mois l'artiste que la jet-set s'arrache. Paolo vite à cent à l'heure mais trouve le
temps de s'unir à l'actrice d'origine autrichienne Annie Carol Edel. De leur union naitra une fille, Sarah. Leur amour sera aussi à l'origine d'un drame, une tragédie qui marquera Paolo à vie. Jalouse, une des ex-compagne du jeune homme envoya à Annie Carol alors promue Miss Univers une lettre piégée. Lorsque Paolo l'ouvrit, celle ci explosa, le blessant grièvement à l'oeil gauche. Il en gardera des séquelles. Débuta alors pour lui un long calvaire, une longue souffrance qu'il dut cacher du mieux qu'il pouvait pour que sa cécité ne nuise pas à sa carrière. Sa liaison avec Annie Carol ne résistera pas au temps. Epuisé, las de ce rythme de vie effréné, Paolo décide en 1974 de quitter l'Italie pour le Brésil. Il s'installe à
Rio de Janeiro. Si au départ ce qui ne devait être que de longues vacances va se transformer en quelque chose de plus puissant. Paolo tombe amoureux de ce pays fantastique, de ses plages, de sa chaleur. Il passe son temps à courir sur les plages interminables. Toujours aussi noctambule, il multiplie les parties. Rapidement il se fait bon nombre de relations. Paolo en très peu de temps devient une des idoles des brésiliennes que son accent italien rend folles. La vie trépidante reprend de plus belle. S'il tournera un nombre impressionnant de romans-photos jusqu'à l'aube des années 80, Paolo devient aussi une icône de la mode.
Il pose pour de grandes marques comme modèle et ajoute également à son actif une multitude de spots publicitaires. En 1978 il fait la connaissance de la journaliste Marcia Mendes dont il s'éprend. Fou amoureux ils se marient. Ceux qui ont connu Paolo affirment qu'elle fut son plus grand amour, une véritable passion, brulante, dévorante. Malheureusement la vie n'épargna ne les épargnera. Atteinte d'un cancer, Marcia meurt en 1980. Paolo ne s'en remettra jamais.
La gloire, la célébrité, le prestige, rien ne remplace la perte de l'être aimé encore moins dans une relation aussi fusionnelle que celle qui existait entre eux. Paolo continuera à poser,
masquant les larmes de sa douleur dans le crépitements des objectifs. Ce sont des centaines de romans-photos qu'il tournera tant au Brésil qu'en Italie où il retourne de temps à autre. Invétéré noceur, il est de toutes les fêtes et manifestations. Est ce là un moyen de noyer son chagrin, d'oublier ses souffrances et surtout ses angoisses? Ceux qui ont bien connu Paolo, notamment sa fille, avoue qu'il a toujours été mal dans sa peau. C'était un éternel anxieux qui vivait mal sa célébrité. Déchiré entre son statut de play-boy, un rythme de vie mené tambour battant et l'incertitude de l'avenir dans un métier où tout peut s'arrêter du
jour au lendemain, Paolo semblait vouloir oublier cette vie contraignante dans le vertige des nuits brésiliennes jusqu'à ce jour tragique du 24 juillet 1982. Après avoir fait la fête toute la nuit dans son appartement de Rio au grand dam des voisins qui portèrent plainte, la femme de ménage trouva au petit matin assis sur le rebord de la fenêtre du salon. Il lui dit simplement qu'il allait sauter. Elle crut à une de ses nombreuses plaisanteries et continua à vaquer à ses occupations. Quelques secondes plus tard, le corps de Paolo s'écrasa sur le trottoir sept étages plus bas. Il n'avait que 32 ans. Le mystère de sa mort ne fut jamais élucidé. Simple accident ou suicide, la question subsiste toujours aujourd'hui.