La vera storia della monaca di Monza

Autres titres: Novices libertines / Voeux sanglants / The true story of the nun of Monza / A monja de Monza / Das Süße Leben der Nonne von Monza
Real: Bruno Mattei
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Nunsploitation / Sexploitation
Durée: 90mn
Acteurs: Zora Kerova, Franca Stoppi, Franco Garofalo, Paola Montenero, Leda Simonetti, Paola Corrazzi, Mario Cutini, Tom Felleghy, Annie Carol Edel, Mario Novelli, Ornella Picozzi, Giovanni Ottanasio, Andrea Aureli, Alba Maiolini...
Résumé: Virginia, fille du châtelain de Monza, décide de prendre le voile. Le jour de la cérémonie, son regard croise celui d'Ozio, regard que la jeune novice n'arrivera plus oublier. Prenant rapidement la place de la Mère Supérieure, gravement malade, Virginia se laisse aller à ses habitudes libertines et parvient même à revoir de temps à autre Ozio. Ce dernier la violera un jour au parloir. Par amour aveugle pour le jeune homme, elle gardera son terrible secret mais va malheureusement se retrouver enceinte. Mise au courant de la situation par quelques vieilles nonnes, la justice ecclésiastique menée par le Grand Inquisiteur, condamnera Virginia à être emmurée vivante dans une cellule...
Il va sans dire que La vera storia della monaca di Monza, bêtement rebaptisé pour son exploitation en salles Novices libertines, s'inspire de l'histoire de la nonne de Monza dont il existait déjà quelques versions. Parmi les plus connues celle de 1962 signée Carmine Gallone, La monaca di Monza, avec Giovanna Ralli et celle de Eriprando Visconti en 1969 La monaca di Monza / La religieuse de Monza. Si le titre italien est bien entendu mensonger puisque cette nouvelle mouture ne retrace pas à proprement parlé la véritable histoire de la fameuse nonne elle fait cependant partie non seulement des meilleurs films qu'ait tourné Bruno Mattei, un de ses films les plus accomplis de sa déjà longue carrière mais c'est également un des meilleurs nunsploitation italiens de l'époque. Il permit en outre au réalisateur de faire la connaissance de celui qui sera désormais son indéfectible partenaire durant presque dix ans, Claudio Fragasso.
Oeuvre consacrée totalement à l'enfermement de Soeur Virginia, la jeune et malheureuse héroïne, du jour où son père l'a contrainte à rentrer au couvent et prendre le voile à sa terrible condamnation à être emmurée vivante, Novices libertines, discrètement sorti en 1980 en salles, n'est que le triste constat de la vie de cette brebis égarée qui ne connaitra de l'existence que mensonges, tromperies et chantages. Son viol sera le point de départ de sa lente descente aux enfers. Prise dans un tourbillon auquel elle ne pourra plus s'échapper, Virginia, dans son innocence désarmante, croira pourtant avoir connu l'amour avant de désenchanter et lentement se perdre dans l'ivresse de la passion, de la jalousie, du pouvoir en prenant la place de la défunte Mère Supérieure et se noyer dans un univers de mysticisme et de cauchemar.
Bénéficiant d'une mise en scène correcte, Novices libertines, mélange profane entre La bête et Intérieur d'un couvent de Walerian Borowczyk, est un film sur la perversion de l'innocence, une oeuvre érotico-religieuse froide, empreinte d'une tristesse désespérée qui trouvera son summum dans le regard vide de Virginia se faisant emmurée vivante lors du glacial plan final. Bruno Mattei a su mêler avec bonheur érotisme osé, passion coupable et violences inquisitoires. Sont ainsi au programme les inévitables séquences
d'accouplements d'étalons en rut, totalement gratuites, inspirées justement de La bête (il est amusant d'ailleurs de noter que Mattei s'est ici dissimulé sous un pseudonyme aux consonances polonaises, Stefan Oblowski, qui rappelle malicieusement le célèbre réalisateur), quelques séances de flagellations et de mortifications (le corset de pointes enserrant la poitrine de Virginia) sans oublier les indispensables et nombreuses scènes saphiques passionnées entre nonnes. Le viol collectif de la pauvre Virginia dans la nef de
l'église sous le regard excité des soeurs prises d'une sorte de folie lubrique reste un des moments forts d'un film qui ose également de superbes séquences aussi oniriques que hérétiques. Celle, très réussie, où Virginia lors d'un rêve coupable voit le Christ descendre de la croix et venir à elle pour lui faire l'amour est particulièrement fascinante. Elle fut jadis censurée de la version circulant en salles tout comme celle de l'orgie à laquelle se livrent quelques nonnes tandis qu'une d'entre elles, l'inquiétante Paola Montenero, le regard
halluciné, lit frénétiquement un passage de la Bible, cette même Paola qui se masturbe tout aussi frénétiquement en assistant au viol de Virginia. Une petite pointe de sadisme bienvenue et toujours aussi délectable arrose joliment l'ensemble. On appréciera ainsi la scène très efficace judicieusement filmée en ombres chinoises où le bébé de Virginia, fruit du péché, est jeté vivant dans un puits et celle du cadavre de la Mère supérieure dévoré par les rats gisant sur son lit de mort.
Le choix de la blonde Zora Kerova, la belle héroïne de Cannibal ferox et Anthropophagous, dans le rôle tragique de Virginia est tout à fait pertinent. Zora, toujours aussi talentueuse et peu avare de ses charmes, est parfaite dans le rôle de cette jeune fille qui aura connu tous les maux de l'existence dans le tourbillon de sa trop courte vie. Il est intéressant de savoir qu'à l'origine c'est Eleonora Fani qui aurait du jouer Virginia mais son agent refusa. A ses cotés on retrouvera avec plaisir tout un panel de sexy starlettes habituées aux productions
érotiques d'alors, la plupart d'entre elles dans des rôles secondaires mais tous joliment interprétés. Outre Paola Montenero sont ainsi à l'affiche Annie Carol Edel, Leda Simonetti et Paola Corazzi sans oublier la toujours aussi sévère Franca Stoppi dans le rôle malheureusement trop bref de la Mère Supérieure. Ses quelques apparitions parviennent à renforcer un peu plus le ton froid de ce nunsploitation particulièrement sympathique. On reconnaitra également la blonde Ornella Picozzi plus connue sous son pseudonyme Sandy Samuel, une des pionnières du hardcore italien dont la présence peut faire penser qu'une
version X aurait pu circuler pour sa distribution à l'étranger d'autant plus que certaines scènes sont à la limite du hardcore.
A leurs cotés tourbillonnent entre autres Franco Garofalo malheureusement pas très crédible dans la défroque d'un prêtre bien peu orthodoxe qui en outre se livre à des orgies vêtu d'un ridicule costume de diable et l'éternel bad boy du cinéma d'exploitation italien Mario Cutini (une connaissance de Claudio Fragasso choisie à la toute dernière minute et dont Mattei a gardé un mauvais souvenir à en croire ses interviews) à qui revient une fois de plus les scènes les plus érotiques du film. Outre sa personnification du Christ lors du cauchemar de Virginia il nous offre de jolies scènes de sexe avec Zora et un tableau de statues vivantes plutôt réussi, une belle séquence onirique aussi curieuse qu'envoutante durant laquelle la beauté lumineuse de Zora se marie parfaitement à celle du ténébreux Mario.
Tourné dans un véritable couvent abandonné aux abords de Rome mais aussi dans les écuries de la villa Mussolini et certaines des salles du palais de Valerio Junio Borghese Novices libertines est un nunsploitation morbide, blasphématoire, cruel qui mélange habilement érotisme malsain, scènes trash, déviances... dans un contexte aux réminiscences gothiques (qui rappellent parfois Joe D'Amato) aussi froid que désespéré mais qui laisse cependant place à l'onirisme. Mattei livre ici un film envoutant, profondément érotique, certes un peu facile dans l'exploitation de son sujet de base, mais quoiqu'il en soit intense sans pourtant jamais tomber dans l'excès et joliment accompagné d'une belle
partition musicale signée Gianni Marchetti. Gageons qu'il laissera au spectateur un léger goût amer au fond de la gorge après le générique final malgré les polissonneries de ces nonnes en chaleur! Une vraie réussite dans le monde du nunsploitation transalpin, du nunsploitation
de manière plus générale, souvent délirant et justement excessif.
Pratique courante alors, le film fut tourné simultanément avec L'altro inferno / L'autre enfer avec la même équipe et une distribution quasi identique (Zora Kerova en moins malheureusement) mais dirigé cette fois par Claudio Fragasso qui sur Novices libertines fut simplement responsable du scénario et assistant réalisateur.