Il giudice e la minorenne
Autres titres:
Real: Franco Nucci
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Drame érotique / Polar
Durée: 80mn
Acteurs: Chris Avram, Nieves Navarro, Piero Mazzarella, Antiniska Nemour, Giuliana Rivera, Romy Schell, Flora Saggese, Ketty Barbero, Teo Teocoli, Silvio Gallo, Daniel Besquet, Annibale Papetti, Giantullio Martin, Sandro Rossi...
Résumé: Le juge Serra est confronté à une affaire de viol sur une mineure de 17 ans. La jeune fille accuse un plombier d'avoir abusé d'elle. Celui ci nie en affirmant que l'adolescente s'est volontairement donnée à lui après l'avoir aguiché. La situation se complique lorsque l'amie de sa propre fille, elle aussi mineure, tente de le séduire. Il découvre également que son épouse le trompe avec un homme plus jeune et que sa fille, Mirella, fait partie d'un dangereux groupe subversif qui sévit à Milan. Totalement décontenancé, perdu, cela conduira le malheureux juge vers la folie...
A une époque où l'Italie connaissait toute une vague de film érotico-morbides qui mettaient en scène les amours scandaleuses d'adolescentes, le film de Franco Nucci s'intègre parfaitement au filon et reste aujourd'hui un classique du genre.Contrairement à ses confrères Nucci tente avec Il giudice e la minorenne un mélange des genres aussi étonnant qu'intéressant même si le mariage n'est pas forcément des plus réussis.
Il giudice e la minorenne est à la base un polar qui dérive vers le film de terrorisme, le drame familiale, le film érotique et la comédie piquante avec toujours en fond la perversion de mineures débauchées. Loin d'être parfait, ce mélange constitue cependant une curiosité par instant malsaine non pas de par ses images puisque Nucci demeure fort décent mais les thèmes abordés.
Nucci tente ici une critique sociale assez ferme en dénonçant la corruption de la justice et le dysfonctionnement du système judiciaire. Le film débute comme un polar avec l'arrestation mouvementée d'un groupe de terroristes en cavale, un départ sur les chapeaux de roue de toute une série d'évènements qui vont détruire un pauvre juge milanais. Non seulement il découvrira que sa propre fille fait partie d'une bande de jeunes subversifs mais sa vie personnelle va exploser suite à une affaire de viol sur mineures. Si le coupable, un plombier, affirme que l'adolescente de 17 ans l'a séduit et s'est donnée à lui de façon consentante, la jeune victime confirme le viol tout en essayant de séduire le juge afin qu'il tombe sous son charme. Si dans un premier temps il refuse de croire le plombier sa vision des choses et de notre société va changer quand à son tour la meilleure amie de sa fille, tout aussi mineure, tente de coucher avec lui avant qu'il ne découvre que son épouse le trompe avec un bellâtre plus jeune qu'elle.
La multitude des thèmes est ici un défaut puisqu'il est impossible à Nucci de tous les traiter correctement. Il en résulte un film bancal, un peu maladroit où certains sujets sont juste effleurés notamment le terrorisme au profit de l'érotisme et de points plus graveleux qui constituent en majorité la deuxième partie du film, de loin la plus construite et la plus piquante même si Nucci reste dans les limites du soft là où beaucoup de ses confrères auraient jouer la carte de l'audace et de la salacité. Certes Nucci déshabille ses jeunes victimes consentantes, nous offre quelques jolies plans de nu et de séduction de ces adolescentes qu'on appelle des papi-girls. La morale est qu'il n'y a plus de morale semble vouloir dire Nucci: les femmes même les plus jeunes sont toutes aujourd'hui des êtres de mauvaise vie, prêtes à tout pour avoir des relations sexuelles y compris payer. Quant à l'adultère de son épouse avec un homme de bien des années son cadet ce sera pour lui une sorte de point de non retour qui le mènera à la folie. Le final particulièrement fort est peut être un brin excessif mais il est cependant un des meilleurs moments du film.
Jadis tombé sous le joug de la censure ébranlée par le sujet (les rares copies du film qui circulent semblent être fortement amputées), Il giudice e la minorenne est un film approximatif, un peu lent dans sa première partie mais qui demeure un bel exemple de ce cinéma transalpin subversif qui déboula sur les écrans dans les années 70.
On notera la superbe partition musicale signée et l'excellente interprétation de Chris Avram, tout en nuances, et fort investi dans son rôle. A ses cotés, Nieves Navarro en épouse bourgeoise volage est beaucoup plus fade mais nous gratifie de quelques plans en tenue légère qui devraient satisfaire ses admirateurs tandis que la pasolinienne Antinisca Nemour, un an avant Salo, ballade sa mine boudeuse tout en se déshabillant allégrement. L'épouse de Nucci, Romy Schell, fait une apparition au début du film, elle est la jeune femme dans le cimetière.