Rivelazioni di un maniaco sessuale al capo della squadra mobile
Autres titres: La peur au ventre / Sex maniac / Pénétrations (version hardcore) So sweet so dead
Real: Roberto Bianchi Montero
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Sexy giallo
Durée: 96mn
Acteurs: Farley Granger, Sylva Koscina, Silvano Tranquilli, Annabella Incontrera, Chris Avram, Femi Benussi, Krista Nell, Angela Covello, Fabrizio Moresco, Andrea Scotti, Irene Pollmer, Luciano Rossi, Ivano Staccioli, Nino Foti, Jessica Dublin, Paul Oxon, Philippe Hersent, Nieves Navarro, Sandro Pizzorro, Bruno Boschetti, Benito Stefanelli, Luigi Ciavarro...
Résumé: Le corps mutilé d'une jeune femme est retrouvé dans sa chambre. Le meurtrier l'a recouvert de photos prouvant son adultère. L'inspecteur Capuana est chargé de l'enquête. D'autres morts vont suivre. L'assassin choisit toujours des femmes infidèles de la haute société qu'il massacre et recouvre de clichés pris lors du délit d'adultère en prenant soin d'effacer le visage des amants. La police redoute alors un scandale qui pourrait toucher les notables de la petite ville. Après avoir soupçonné un inquiétant employé à la morgue aux tendances nécrophiles, Capuana est approché par un homme qui prétend être l'assassin...
Rivelazioni di un maniaco sessuale al capo della squadra mobile! Voilà bien un titre alléchant qui laisse entrevoir un film particulièrement savoureux, une impression renforcée par les différents titres alternatifs dont il est affublé dont Sex maniac ou La peur au ventre. Malheureusement la seule chose qui prendra réellement le spectateur aux tripes n'est pas la peur mais plutôt l'ennui.
Seul giallo réalisé par le vétéran Roberto Bianchi Montero, plus connu pour ses sexy comédies le plus souvent d'une effarante lourdeur, si La peur au ventre s'inspire directement des gialli de Mario Bava et de Dario Argento il s'ancre cependant dans la longue série des sexy gialli dont le ridicule Nue pour l'assassin de Andrea Bianchi pourrait en être l'exemple type. L'histoire est des plus classique. Montero nous projette une fois de plus dans les milieux de la haute bourgeoisie qui pour tromper son ennui se livre sans vergogne à l'adultère. C'est sans compter un assassin prude et moralisateur qui a décidé de châtier les femmes infidèles en les tuant sauvagement à l'arme blanche avant de recouvrir leur corps des photos de leur coupable délit. Un inspecteur nonchalant mène l'enquête sans imaginer que sa propre épouse le trompe également.
L'ouverture du film plutôt efficace donne d'emblée le ton, un long travelling sur le corps nu et ensanglanté d'une femme fraichement tuée que photographie sous tous les angles une meute de policiers. On est plus ici dans le voyeurisme et le sensationnel que dans le subtil et le suggéré, une constatation qui se confirmera par la suite puisque Montero semble être beaucoup plus intéressé par la pastique de ses actrices et leurs torrides ébats que par la mise en scène elle même. Il faut bien avouer que c'est peut être bien là le seul véritable atout ce sexy giallo monotone qui se contente de reprendre tous les éléments du genre sans aucune originalité. On y retrouve donc l'indispensable assassin ganté et chapeauté tout de noir vêtu droit sorti de 6 femmes pour l'assassin, l'arme blanche avec lequel il tue sesvictimes, ici un couteau, le lot de femmes impures toutes victimes potentielles, un inspecteur décontenancé par l'affaire, les traditionnelles fausses pistes dont un présumé coupable que tout accuse, ici un pauvre employé de morgue au physique ingrat et obsédé sexuel qui prend du plaisir à caresser les cadavres de femmes dont il s'occupe. Le problème majeur du film est son manque de finesse. Montero avance au coeur de son intrigue comme un éléphant dans un magasin de porcelaine tant et si bien que tout habitué du genre ne sera jamais dupe. Tout est ici trop évident, trop énorme pour qu'on puisse réellement y croire et se laisser piéger d'autant plus que le scénario ne tient guère la route. Montero accumule les non sens et les scènes ridicules avec une légèreté déconcertante au détriment de toute véritable logique, bien plus intéressé par l'aspect érotique et sanglant du film.
Montero alterne donc avec la régularité d'une horloge suisse les scènes de sexe et les meurtres tous plus violents les uns que les autres pour le plus grand bonheur des amoureux de ce savoureux cocktail qui mélange avec une certaine effervescence sexe et violence. Les assassinats sont particulièrement sauvages et sanguinolents, parfois interminablement longs, plutôt bien filmés ce qu'on ne pourra peut être pas dire de l'érotisme. Souvent proches du hardcore du moins dans sa version intégrale, les séquences érotiques sont le plus souvent assez vulgaires, tournées sans originalité et jamais excitantes malgré la présence d'une armada de sexy starlettes impudiques qui étalent généreusement leur nudité tant frontale que dorsale. La frontière entre le sexy giallo et la sexploitation est parfois bien mince, La peur au ventre en est un bel exemple tant Montero se focalise avec insistance sur l'aspect sexuel de l'histoire en faisant preuve d'un voyeurisme assez spectaculaire. Voilà qui n'est guère dérangeant en soi et même plutôt délicieux puisque le procédé vient flatter les bas instincts du spectateur et titiller son coté gentiment pervers, on aurait simplement aimé un peu plus de soin et d'esthétisme, moins de lourdeur afin de pouvoir ressentir également une certaine excitation. Montero prouve simplement une fois encore qu'il n'a jamais été un esthète en matière d'érotisme, le coté sexuel de La peur au ventre est aussi pachydermique que ses gaudrioles polissonnes.
C'est pourtant avec les effets sanglants le seul atout de ce giallo à demi réussi ou à demi raté, l'unique raison qui donne envie d'en poursuivre la vision sans trop grimacer jusqu'au final sans surprise qui nous fera découvrir l'identité du tueur que beaucoup auront deviné bien avant le mot Fin. On savourera pourtant le retournement de situation lors des toutes ultimes images, aussi cynique que noir, une des rares bonnes idées du scénario. Afin de punir sa femme pour son adultère, l'inspecteur la tuera et fera accuser en toute impunité l'assassin du meurtre. Voilà de quoi faire se trémousser de plaisir tous les adeptes d'amoralité.
Un des autres points forts du film est la généreuse brochette d'actrices récurrentes au genre qui sont au générique. On y retrouve en effet dans des rôles plus ou moins longs selon l'envie de Montero de les garder en vie ou non Femi Benussi et Nieves Navarro qui auront tout de même le temps de se déshabiller et s'ébattre royalement en compagnie de leur amant respectif, Annabella Incontrera, la regrettée Krista Nell, Silva Koscina et une
toute jeune Angela Covello qui incarne la pureté et l'innocence, seule actrice à ne pas se dévêtir. A leurs cotés, on reconnaitra un Farley Granger nonchalant et totalement absent dirait on dans le rôle d'un l'inspecteur bien peu énergique, Silvano Tranquili, Chris Avram et surtout l'inquiétant Luciano Rossi, l'éternel maltraité du cinéma de genre, qui endosse ici la peau d'un employé de morgue nécrophile. Luciano est bel et bien le seul à donner à son personnage une certaine épaisseur même si son utilisation est beaucoup trop évidente pour qu'on croit une seule seconde à sa culpabilité.
On appréciera également le look de l'assassin rarement aussi bien mis en valeur dans un giallo, cette effrayante silhouette noire qui se découpe de façon effroyable sous un ciel crépusculaire ou sous un clair de lune ainsi qu'une intéressante partition musicale signée Giorgio Gaslini. Il est intéressant de signaler que Montero fut un des tout premiers réalisateurs à demander au célèbre compositeur un thème à la Morricone.
On retiendra également de La peur au ventre le meurtre spectaculaire et la longue agonie de Femi Benussi particulièrement réussi, aux limites de l'onirisme. Poursuivie le long d'une plage par l'assassin, elle s'effondre, à bout de souffle tandis que l'ombre du tueur se dessine, monstrueuse, dans un ciel lunaire, brandissant lentement son couteau au dessus du corps haletant avant de le planter à plusieurs reprises dans les chairs de sa victime. Tournée au ralenti, cette séquence est tout bonnement magnifique ou quand la cruauté deviendrait presque un poème. On ne retrouvera malheureusement plus une telle puissance visuelle tout au long du métrage qui se contentera pat la suite d'un simple acharnement graphique.
La peur au ventre dont on préférera et de loin la version originale à la version française d'une profonde débilité est loin d'être un giallo parfait encore moins réussi. Plus drôle qu'effrayant en voulant s'ériger en défenseur de la moralité et de la vertu mais tout de même supérieur à Nue pour l'assassin dont il pourrait être le petit frère, le film de Montero n'est pas forcément
destiné aux amateurs de thrillers. Il doit surtout être vu comme un simple plaisir coupable spécialement conçu pour se rincer l'oeil, une pure oeuvre de sexploitation qui fera le bonheur d'un public pervers et voyeur dont nous faisons tous partie ici. A ce niveau La peur au ventre est une réussite.
Il existe une version hardcore du film truffée d'inserts porno tournée pour les besoins du marché européen. Disponible sous le titre Pénétrations cette version autrefois montrée du doigt par les acteurs eux mêmes qui menacèrent d'intenter un procès à Montero appuie encore plus le coté exploitatif du film qui s'il n'apporte rien à l'histoire doublera par contre le plaisir de ce même public avide de voyeurisme.