Il s'en est allé rejoindre sa mère: disparition de Carlo De Mejo
C'est avec surprise mais également une grande tristesse que nous apprenons la disparition de Carlo de Mejo, décédé ce 18 décembre à Rome à l'âge de 70 ans.
Emblématique figure du cinéma de genre transalpin, Carlo de Mejo, né en 1945 de l'union d'une des plus grandes stars du cinéma italien d'après guerre, Alida Valli, et du peintre surréaliste Oscar De Mejo, Carlo fait ses débuts de comédien un peu malgré lui en hantant dés 1960 les scènes de théâtre tout en prenant des cours de récitation à l'actor's studio de New York. C'est en 1967 qu'il apparait pour la première fois à l'écran le temps d'un court rôle dans L'oro di Londra de Giuglielmo Morandi. Si c'est à Pasolini qu'il doit sa véritable entrée dans le monde du 7ème lorsque ce dernier lui offre d'interpréter un des personnages de Théorème la carrière de Carlo ne décollera jamais réellement. Il va dés lors enchainer les rôles dans d'obscures productions dont Microscopic liquid subway to oblivion de Roberto Loyota, le mari de Ewa Aulin, et dans un drame de guerre de Sergio Garrone La colomba non deve volare. On le voit ensuite dans le giallo de Armando Crispino L'etrusco uccide ancora / Overtime puis la décamérotique de Aldo Grimaldi Quando le donne si chiamavano Madonne.
Carlo va alors tourner en France, une chance pour lui de sortir d'un cinéma de genre dans lequel il s'enferme doucement. Jacques Deray fait appel à lui pour être un des partenaires de Jean-Louis Trintignant dans son policier Un homme est mort en 1972, Jean-Louis qu'il retrouve l'année suivante pour Défense de savoir, réalisé cette fois par Nadine Trintignant. Malheureusement, cette tentative de sortir du carcan d'un cinéma de genre italien spécialisé se solde plus ou moins par un échec. Carlo va poursuivre sa carrière en Italie et ne sortira plus des rails du cinéma Bis. Il entame une longue série de films érotiques plus ou moins audacieux où il aura le plus souvent un des premiers rôles.
Il est à l'affiche de la sexy comédie La sposina / Une petite femme très brûlante de Sergio Bergonzelli où il joue un romancier impuissant dont l'épouse va tout faire pour qu'il recouvre ses facultés sexuelles. Il est le partenaire de Ajita Wilson dans Eros perversion de Ron Wertheim, apparait dans le torride Amanti miei / Nuits galantes d'une infidèle aux cotés de Cindy Leadbetter avec qui il partage des scènes érotiques très chaudes mais il est surtout en 1980 le protagoniste du scabreux La locanda della maladolescenza, un porno miséreux de Bruno Gaburro avec Marcella Petrelli et une Paola Montenero alors en pleine déchéance. Il poursuit avec Terreur express de Ferdinando Baldi, un euro-sleaze violent et malsain agrémenté de scènes érotiques particulièrement brulantes avant d'être à l'affiche de Porco mondo de Sergio Bergonzelli, une sorte de politico-fiction trash mêlée d'érotisme malsain où il offre une assez impressionnante performance dans la peau d'un fils raté et soumis à un père bourgeois et débauché.
A l'aube des années 80, Carlo abandonne le créneau érotique et se spécialise dans l'horreur à l'italienne tout en jouant parallèlement de nombreuses pièces au théâtre. Il apparait dans trois films de Lucio Fulci, Frayeurs , La maison prés du cimetière et Manhattan baby. Luigi Cozzi lui offre ensuite un rôle dans Contamination puis il est au générique de Pénitencier de femmes et Révolte au pénitencier des filles tournés simultanément en 1982.
Carlo qui n'a jamais caché qu'il était devenu acteur par la force des choses et n'avait jamais réellement trouvé de plaisir à jouer d'où parfois ses états d'âmes sur les tournages et ses fréquentes disparitions. Carlo va alors doucement disparaitre des écrans et mettre un terme à sa carrière d'acteur à la fin des années 80 pour se consacrer uniquement au théâtre. En 2007 tout en travaillant de temps à autre pour la télévision il rejoint la compagnie Alida Valli fondée en l'honneur de sa mère. Il écrira également un très beau livre souvenir sur Alida.
C'est son fils Pierpaolo qui a annoncé officiellement la mort de son père adoré ce vendredi 18 décembre. Carlo s'est éteint tranquillement chez lui après s'être battu un temps contre la maladie qui a finalement eu raison de lui.
RIP Carlo.
La biographie de Carlo est disponible ICI