Violenza in un carcere femminile
Autres titres: Pénitencier de femmes / Violence in women's prison / Emanuelle reports from women's prison
Real: Bruno Mattei
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: WIP
Durée: 99mn
Acteurs: Laura Gemser, Gabriele Tinti, Lorraine De Selle, Franca Stoppi, Ursula Flores, Jacques Stany, Raul Cabrera, Françoise Perrot, Franco Caracciolo, Leila Durante, Maria Romano, Antonella Giacomini...
Résumé: Afin de mettre à jour les tortures et violences sexuelles subies par les prisonnières d'une prison pour femmes, Emanuelle, notre journaliste-reporter, s'infiltre dans le pénitencier en se faisant passer pour une détenue. Elle trouve comme allié le docteur de la prison. Malheureusement sa véritable identité est découverte. Emanuelle va à son tour subir la cruauté de la directrice et de sa gardienne chef qui vont lentement l'empoisonner afin que sa mort paraisse naturelle...
Alors que la longue saga des Emanuelle s'était terminée depuis quelques années déjà Bruno Mattei la ressuscite en 1982 avec deux nouveaux épisodes tournés simultanément, Violenza in un carcere femminile / Pénitencier de femmes et Blade Violent / Révolte au pénitencier des filles. Laura Gemser reprend donc du service sous les traits de notre reporter journaliste favorite et part cette fois enquêter dans le milieu carcéral d'une prison de femmes en se faisant passer pour une détenue afin de mettre à jour les exactions d'une directrice sans scrupule faisant régner la violence et les actes de tortures physiques.
Premier essai du réalisateur dans ce genre bien spécifique du cinéma d'exploitation qu'est le WIP, Pénitencier de femmes s'avère très vite être un très bon cru. On y retrouve non seulement tous les ingrédients nécessaires au genre mais également tous les éléments propre au cinéma de Mattei. Il est parvenu à faire de cette prison un lieu étouffant, sans issue, théâtre des violences, tortures sexuelles et autres actes de cruauté de gardiennes sadiques et libidineuses qui donnent libre cours à leurs perversions. Sont donc présents tous les archétypes du genre puisque sont au rendez-vous la directrice corrompue, lascive et cruelle, la gardienne chef véritable Némesis dominatrice et particulièrement sadique, source de toutes les perversions et violences, la détenue traitresse, la doyenne des prisonnières, emblème de sagesse qui donnera sa vie pour sauver Emanuelle, le bon docteur qui se range du coté des victimes...
Mattei parvient avec une certaine adresse à créer un véritable climax par le biais des scènes de sexe et de violence qu'il sait équilibrer sans jamais donner dans la gratuité. Certaines séquences du film sont tout simplement magnifiques notamment celle où la gardienne chef espionne deux détenues faire l'amour tout en masturbant avec sensualité sa matraque avant de les interrompre dans une explosion de violence étonnante, s'acharnant sur elles comme une harpie. On retiendra aussi la très belle scène où la directrice fait l'amour à son amant dans ses appartements personnels.
Mattei apporte un soin tout particulier à la photographie, tout dans les tons bleutés, donnant par instant un coté presque irréel à ce lieu de brutalité, une beauté qui contraste avec les horreurs qui y sont commises. La jolie partition musicale, synthétique et lancinante, participe à créer cette atmosphère si particulière.
Comme d'accoutumée, Mattei se laisse aller à quelques effets grand-guignolesques, ici des rats dévorant la pauvre Emanuelle dans son cachot humide, et quelques écarts scatologiques, la lutte de deux détenues sur un sol jonché d'excréments à laquelle la gardienne chef déchainée mettra rapidement fin. On n'oubliera pas de mentionner la désormais fameuse scène de la torture sous cloche particulièrement originale et ridicule.
Pénitencier de femmes comme bon nombre de WIP est un spectacle misogyne et voyeur, une des base du cinéma d'exploitation italien, n'en soyons donc pas étonné qui dénonce sans détour un système carcéral plus intéressé par la corruption, le pouvoir et l'argent que par la réinsertion des détenues. Il n'y a ici aucun manichéisme de la part de Mattei contrairement à beaucoup d'autres de ses confrères. Il ne fait aucune distinction entre le Bien et le Mal, entre les détenues, les victimes et les bons d'une part et d'autre part les gardiennes, le personnel et les méchants. Ici, les femmes s'entretuent et les hommes sont de véritables bêtes comme le montre le lynchage de l'homosexuel.
On regrettera malheureusement une interprétation parfois trop quelconque et une certaine caricature souvent ridicule notamment le personnage de l'homosexuel représenté comme trop souvent par une "folle" hystérique" que le doublage français n'épargne guère.
On retrouvera au générique outre Laura Gemser toujours aussi divine et l'indispensable Gabriele Tinti, Lorraine De Selle, plus magnifique que jamais dans la peau de la cruelle directrice un peu trop statique mais tellement troublante et l'incroyable Franca Stoppi, plus inquiétante et sadique que jamais en gardienne chef perverse. A leur coté, quelques figures récurrentes du cinéma de genre dont Jacques Stany et Ursula Flores.
Pénitencier de femmes mérite toute l'attention de l'amateur de ce type de films et même s'il n'a pas le charme si particulier et ludique des autres films de la série notamment ceux de D'Amato, il n'en demeure pas moins une agréable surprise. On n'en dira malheureusement pas autant de Révolte au pénitencier des filles.