L'etrusco uccide ancora
Autres titres: Overtime / The etruscan kills again / The dead are alive / Das geheimnis des gelben crabes
Real: Armando crispino
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 96mn
Acteurs: Alex Cord, Samantha Eggar, John Marley, Enzo tarascio, Enzo Cerusico, Carlo De Mejo, Horst Frank, Nadja Tiller, Rodolfo Bigotti, Carla Brait, Daniela Surina, Christina Von Blanc, Wendy d'Olive, Mario Maranzana, Vladan Holec, Pier Luigi D'Orazio...
Résumé: Alors qu'il effectue des fouilles sur un site étrusque, Jason Porter, professeur en archéologie alcoolique, découvre une tombe enfouie sous terre depuis plusieurs siècles. Il s'agirait de la chambre funéraire du Dieu de la mort Tuchulcha. Descendu dans la crypte un jeune couple est sauvagement assassiné par un mystérieux tueur qui dépose ensuite les corps sur une tombe suivant un rituel aztèque précis avant de laisser une paire de chaussures de femme et un magnétophone jouant l'enregistrement d'un requiem de Verdi. L'inspecteur Giuranna suspecte plusieurs personnes dont le professeur Porter. un riche chef d'orchestre paranoïaque, Nikos Samarakis, aujourd'hui marié à l'ex-fiancée de Porter, Myra, et Stephen le chorégraphe homosexuel à qui appartenait la paire de chaussures retrouvée près des corps. C'est ensuite Giselle, la petite amie d'Igor, le fils du chef d'orchestre, qui est assassinée dans les mêmes conditions. Porter fait alors la connaissance de Leni, l'ex-femme de Samarakis qu'il défigura jadis lors d'une violente dispute. C'est alors qu'un troisième meurtre survient. Une troisième paire de chaussures appartenant à Stephen est retrouvée près du cadavre. Ce dernier est de plus en suspecté...
Deux ans avant l'excellent Frissons d'horreur, Armando Crispino tentait une première incursion dans l'univers du giallo avec ce thriller au titre prometteur qui rappelle ceux de Dario Argento à l'instar même de la résolution de son intrigue.
Force est pourtant de constater que L'etrusco uccide ancora distribué en France sous le titre anglophone Overtime n'est pas réellement à la hauteur de son scénario qui mélange de façon plutôt habile le surnaturel et la parapsychologie aux bases du pur giallo. Reste donc au spectateur à découvrir si l'assassin est bel et bien réel ou s'il est la réincarnation d'une divinité étrusque. C'est bien entendu la première hypothèse qui s'avèrera la bonne puisque c'est à un nouveau cas de profond traumatisme infantile que le tueur doit sa folie meurtrière.
Malheureusement l'ensemble est trop inégal pour vraiment captiver même si les intentions de Armando Crispino sont tout à fait louables. Le film souffre en fait d'un évident manque de rythme et d'une mise en scène qui privilégie de longs passages aussi bavards qu'inutiles au détriment de l'action et du suspens. Ainsi n'a t-on que faire des relations amoureuses entre l'archéologue et son ex-fiancée Myra encore moins des scènes qui tournent autour des personnages secondaires qui donnent une regrettable sensation de
remplissage peut être destiné à dissimuler le manque de logique et de cohérence d'une intrigue certes intéressante mais qui malheureusement prend l'eau. Plus qu'à un giallo, L'etrusco uccide ancora ressemble à un mélodrame bourgeois sur fond de surnaturel et de légendes étrusques jusqu'au final explosif et inattendu et ses très belles et ultimes images tournées au ralenti durant lequel on découvrira le visage de l'assassin et ses motivations qui ne sont pas sans rappeler Ténèbres de Argento pour cette obsession de la chaussure féminine, l'origine du trauma qui l'emmena à haïr les femmes.
C'est d'autant plus regrettable que L'etrusco uccide ancora est loin d'être un mauvais film, il regorge même de qualités. La première est d'avoir su choisir comme lieu d'action un endroit plutôt insolite et jusqu'alors inédit, un site archéologique, propice à instaurer une véritable atmosphère à la fois étrange et inquiétante que Crispino maîtrise parfaitement. Cette ambiance assez particulière donne au film une grande partie de sa force, de son intérêt. Le cinéaste a réussi à marier parapsychologie et archéologie tout en sachant très bien faire ressurgir tout le coté extraordinaire de cette science des vestiges qui bien souvent enflamme l'imagination et des lieux de fouille propices aux meurtres (ou sacrifices) les plus sanglants.
Excellente est également l'idée d'avoir intégré ça et là des images effrayantes, presque subliminales, telles les apparitions régulières du visage effroyable du dieu aztèque Tuchulcha (la superbe et envoutante séquence du dessin qui s'enflamme et s'envole dans la nuit) qui viennent renforcer l'aspect surnaturel par instant macabre de l'ensemble, comme le fait d'avoir utilisé avant chaque meurtre cette fois non pas une comptine mais un Dies Irae de Verdi. On pourra cependant regretter que ceux ci soient si peu nombreux et bien peu sanglants si on excepte quelques furtifs plans sanguinolents, de quoi décevoir les amateurs d'effusions d'hémoglobine.
Les personnages sont loin d'être inintéressants notamment celui du chef d'orchestre paranoïaque et colérique, du metteur en scène gay et maniéré au caractère en acier trempé et de l'archéologue alcoolique violent souffrant d'amnésie. Si les dialogues souvent assez acerbes tentent de mettre en avant certains thèmes (l'alcoolisme, la déification des chefs d'orchestre...) sans jamais cependant oublier l'objectif central du film, les fouilles étrusques, on regrettera cependant la faiblesse de l'interprétation d'une part, d'autre part l'humour parfois involontaire de certaines scènes qui en deviennent ridicules (le chorégraphe gay qui tente de fuir en dansant). Le jeu d'acteur d'Alex Cord, le protagoniste principal, est d'une
platitude assez stupéfiante, réduisant un peu trop les efforts de Crispino. Jamais très crédible ni même poignant, son personnage, trop fade, ne convainc guère contrairement à John Marley, fabuleux dans l'excès dans le rôle du chef d'orchestre, Horst Frank, excellent en chorégraphe homosexuel, Carlo De Mejo moulé dans un jean blanc mettant particulièrement bien sa virilité en évidence est égal à lui même et Nadja Tiller, sublime en épouse déterminée et joliment défigurée malgré un temps d'écran réduit au minimum. Samantha Eggar dont beaucoup se souviendront pour ses apparitions dans quelques fleurons du film d'horreur des années 70 (Chromosome 3, Les doigts du diable, Le droit de tuer...) est
quant à elle toujours aussi belle mais ne semble pas être au top de sa forme, peut être trop effacée. Les plus avertis reconnaitront lors de trop brèves séquences Carla Brait, une des danseuses de la troupe, et Rodolfo Bigotti, futur petit ami de Gloria Guida dans une poignée de sexy comédies, trop vite trucidé sur une tombe étrusque en début de film.
Accompagné d'une très honorable partition musicale signée Riz Ortolani, L'etrusco uccide ancora, tourné en Ombrie dans la région de Perouse, s'il n'atteint pas le niveau de Frissons d'horreur n'en est pas moins un intéressant et divertissant giallo qui vaut essentiellement pour sa curieuse atmosphère, ce savant mélange de surnaturel et d'archéologie, sa superbe photographie due à Enrico Menczer, le jeu de quelques comédiens avertis ainsi que son final tout empreint de folie pure.